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Zoroastrisme et franc-maçonnerie

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Zoroastrisme et franc-maçonnerie : quelle relation ? Qu’est-ce que le zoroastrisme et en quoi aurait-il pu influencer la franc-maçonnerie ? Voici une planche au 1er degré.

Il faut que tu veuilles brûler dans ta propre flamme : comment voudrais-tu redevenir neuf si tu n’es pas d’abord devenu cendre !
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1885)

Le zoroastrisme est une religion apparue en Perse au cours du VIIe siècle avant J-C (bien que des études actualisées fassent remonter ses origines au XIe voire au XVe siècle avant notre ère), fondée sur les enseignements de Zoroastre, présentant des éléments de polythéisme, de monothéisme et de dualisme.

Le zoroastrisme appartient et se confond avec le « mazdéisme », du nom du dieu Ahura Mazdâ, central dans cette religion, en lutte incessante contre l’esprit du mal Ahriman.

Zoroastre ou Zarathoustra est un prophète mythique. Son nom serait issu du grec Ζωροάστρης (Zôroástrês), dont l’étymologie a accouché de nombreuses hypothèses, parmi celles-ci : « celui qui est proche de l’exaltation » ou encore « celui qui sacrifie aux astres ».

Le zoroastrisme véhicule un univers symbolique très riche, qui aurait inspiré certains fondamentaux des trois monothéismes, mais aussi, indirectement, de la franc-maçonnerie. A noter que le zoroastrisme a aussi donné naissance à un célèbre culte à mystères : le culte de Mithra (cliquer pour lire notre article).

Voici donc une planche sur zoroastrisme et franc-maçonnerie.

Abordons les racines de cette doctrine ancienne, religion officielle de l’empire perse à trois reprises.

Également appelée mazdéisme, du nom de sa divinité centrale Ahura Mazdâ, elle est en réalité une réforme du culte mazdéen initiée par le prêtre Zarathoustra, qui replace le Dieu de pure Lumière, éternel et incréé en tant que « seul responsable de l’ordonnancement du chaos initial », créateur du Ciel et de la Terre.

En ce sens, nous avons-là l’une des plus anciennes religions déistes, quasi-monothéiste, qui nous soient parvenue des temps anciens. A noter que le terme exact est « hénothéisme », soit la prédominance d’une divinité principale sur un panthéon de divinités secondaires.

Ses fidèles comptent à ce jour à peine 200 000 personnes dans le monde, situés en majorité en Inde et en Iran.

Le zoroastrisme introduit la notion de l’âme éternelle en chaque être humain, ainsi que le libre-arbitre, pivot de la relation entre l’homme et le divin.

Le crédo zoroastrien tient en trois principes : le fidèle se doit d’avoir de bonnes pensées, tenir de bonnes paroles et accomplir de bonnes actions.

Cette tradition place l’humanité dans un champ dualiste, une lutte permanente entre le bien et mal : le premier est incarné par le Dieu Ahura Mazdâ, infiniment sage et bienfaisant, le second par son jumeau maléfique Ahriman, maitre des ténèbres, les deux coexistant dans le cœur de chaque être vivant.

Pour les zoroastriens, ce combat céleste verra le bien triompher sur le mal à la fin des temps, à la condition que l’humanité embrasse le bien grâce à ses choix. Ce libre-arbitre se nourrit d’un sentiment de profonde confiance et d’alliance avec Ahura Mazdâ, dans un esprit ouvertement déiste.

Ainsi, c’est l’engagement personnel de chaque homme qui est au cœur même de cette doctrine. La conduite individuelle est plus sacrée que les rituels et l’action au quotidien est en résonance permanente avec le combat céleste du bien contre le mal.

Aussi, à l’instar de la philosophie des Lumières inspirée de cet héritage oriental, c’est la raison qui doit prédominer dans la vie de l’homme : l’éducation forge la raison qui est l’outil par lequel le zoroastrien peut conduire sa vie selon les principes qui soutiennent le Bien. C’est par l’application constante de la raison que le pratiquant contribue à sa mesure au combat cosmique contre Ahriman.

Avec Zoroastre, pour la première fois dans le monde, une religion place la réflexion et la responsabilité personnelle au centre de la marche de l’univers.

D’un point de vue philosophique, la responsabilité personnelle est mise au cœur de l’éternelle question : « Si Dieu est tout puissant, pourquoi le mal règne-t-il en ce monde ? ».

La tradition de Zoroastre a fait l’objet d’études philosophiques, de créations littéraires et musicales très vivaces depuis le XVIIIe siècle.

Des années avant les écrits de Nietzsche (citation en tête de cet article), il y a eu le Sarastro de la Flûte Enchantée de Mozart, opéra réputé d’inspiration maçonnique, mais également le Zoroastre dans la tragédie lyrique de Jean-Philippe Rameau.

Sur la figure prophétique de la religion mazdéenne, fraîchement popularisée en occident, les artistes des Lumières projettent leurs croyances déistes et les vertus de la raison dans le combat entre le bien et le mal. L’œuvre de Rameau, créée sous le règne de Louis XV, transpose par ailleurs les idéaux très maçonniques de la vertu, des mœurs et de la responsabilité personnelle, des thèmes familiers aux francs-maçons de l’époque.

Comme l’illustre le Sarastro de La Flûte Enchantée de Mozart, l’image de Zoroastre était une référence pour les francs-maçons du XVIIIe siècle qui, à l’instar de Voltaire, y projettent une sorte de déisme éclairé.

Cet intérêt trouve son origine avec la première compilation de toutes les références grecques, latines, hébraïques et arabes concernant Zoroastre publiée en 1700 à Oxford par Thomas Hyde.

Plus tard, au milieu du XIXe siècle, c’est dans les cercles philosophiques que l’on retrouve une effervescence autour des textes sacrés zoroastriens et notamment à travers le célèbre ouvrage de l’allemand Friedrich Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra. Selon ce dernier, « le premier, Zoroastre a vu dans la lutte du bien et du mal la vraie roue motrice du cours des choses. La transposition en métaphysique de la morale conçue comme force, cause, fin en soi, telle est son œuvre ».

Dans l’ouvrage de Nietzsche, le prophète renie sa morale originelle pour annoncer que, Dieu étant mort, notre nouvelle tâche morale est de nous transcender, d’aller au-delà de notre nature humaine.

Pour comprendre le côté dualiste de cette religion, il faut répéter le triptyque zoroastrien : « pensée juste, parole juste, action juste ». Entre le corps, l’esprit et l’âme, le zoroastrien se focalise sur l’esprit, siège de la raison qui est au cœur de son choix de se ranger du côté du bien.

Ainsi, on ne plonge pas dans une métaphysique impalpable, mais on place sa vie et son action dans le réel, ancré dans la vie, l’éducation et la vie citoyenne comme éléments de lutte du bien contre le mal. Il existe par ailleurs une initiation dans la tradition zoroastrienne, considérée comme une « deuxième naissance » (ou naojote, ce qui signifie « nouvelle vie ») pour le jeune fidèle.

Dans les rites, le zoroastrisme introduit les notions de lumière et de ténèbres pour manifester la lutte cosmique, d’où la création des temples pour protéger et perpétuer le feu sacré, là où pour les anciens Indoeuropéens, ce sont les rites qui créent le temple : un rectangle tracé à même le sol, pourvu de quatre ouvertures symboliques alignées sur les points cardinaux.

Lors des cérémonies, il est également remarquable de noter la participation de nombreux officiants au culte zoroastrien, un travail collectif au service du rite, supervisé par un unique surveillant chargé de s’assurer de la conformité des rituels.

Il s’agissait d’une discipline pour préserver la pureté des symboles et les protéger de toute interaction profane, l’espace du temple projetant les fidèles dans un temps sacré, propice au maintien du lien avec le Divin. Ici, le parallèle entre zoroastrisme et franc-maçonnerie paraît évident.

C’est aux portes du désert dans l’oasis de Yazd, l’une des plus vieilles cités au monde, que se trouve l’épicentre actuel du zoroastrisme. Là, on trouve encore aujourd’hui un sanctuaire dédié à cette croyance, niché au milieu des hautes montagnes de la région.

Ce sanctuaire le plus sacré du zoroastrisme est visité chaque année par des milliers de pèlerins venus d’Iran, d’Inde et du reste du monde. Ce temple du Feu, appelé Chak Chak, évoque le bruit des gouttes d’eau miraculeuses qui ruissellent de la roche en ces lieux et qui tombent sur le sol.

Dès que l’on aperçoit le Temple, la tradition veut que les visiteurs quittent leur monture pour s’y rendre à pied en arpentant une petite route qui se conclut par un escalier. Une fois arrivés, le Soleil est au zénith.

La solennité des lieux est frappante : on pénètre dans une grotte creusée à main d’homme, protégée par deux imposantes portes en bronze, décorées de sculptures en relief de gardiens du temple.

L’enceinte du sanctuaire est recouverte de marbre et ses murs sont assombris par des feux allumés éternellement dans la grotte. Il y a au milieu un réceptacle en métal abritant les flammes, d’où se dégage une odeur d’encens. Les zoroastriens se relaient depuis plusieurs siècles pour perpétuer ce foyer, dans un geste de transmission ininterrompu pour entretenir le feu sacré représentant « la lumière de Dieu », en symbiose avec les trois autres éléments : l’eau, la roche et le vent.

Les zoroastriens aiment à rappeler aux visiteurs que le feu, au contraire des autres éléments, est le seul à dépendre des hommes pour être entretenu. Ceci leur rappelle le pacte avec Ahura Mazdâ, divinité centrale de cette religion, le feu devenant le lien entre le divin et les hommes.

Comment ne pas penser à la petite étoile, ou « étoile éternelle », placée sur le plateau du VM ?

Comment ne pas penser à ce moment de notre initiation, où une fois acceptés en loge, nous sommes décorés puis placés sur la colonne des apprentis : le VM se saisit alors de notre testament philosophique et le brûle rituellement. En livrant le témoignage du passé aux flammes purificatrices, le VM appelle le jeune initié à une « vie nouvelle », tout en l’invitant à « conserver précieusement ces cendres en souvenir de ce jour ».

Voir aussi :

Les essentiels du premier degré maçonnique couverture

Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.

Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.

Couverture les Essentiels de la Spiritualité Adrien Choeur

Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?

Ce livre numérique pdf (216 pages) aborde les notions essentielles de la spiritualité à travers 65 textes

Modif. le 6 juin 2024

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