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Les Yoga sutras de Patanjali : texte complet

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Les Yoga sutras de Patanjali : texte complet en français. Quel est le message des Yoga sutras et pourquoi constituent-ils l’un des ouvrages phares de l’humanité ?

Les Yoga sutras sont un texte de référence du yoga, écrit entre -200 et 500 après J-C, supposément par Patanjali, nom qui pourrait correspondre à un ou plusieurs personnages érudits.

Sur le plan historique, les Yoga sutras sont nés d’une volonté de synthèse et de codification des enseignements du yoga. Texte hindou majeur, les Yoga sutras forment un traité à la fois philosophique, psychologique et éthique, qui comporte 4 parties et 195 aphorismes (ou « sutras »).

Les Yoga sutras forment un enseignement court, simple et progressif dont le but est de mener à la concentration, à la méditation et finalement à l’illumination.

Il s’agit de canaliser le flux de son mental et de rompre ses attachements en vue d’accéder à la vérité. C’est un chemin intérieur d’union et de libération.

Rappelons que le Yoga est l’une des six écoles de la philosophie indienne védique, les cinq autres étant la Mimamsa, le Nyaya, le Samkhya, le Vaisesika et le Vedanta.

Voici donc le texte complet, en français, des Yoga sutras de Patanjali.

Lire aussi notre article : Le Yoga : définition, origine, principe.

Les Yoga sutras de Patanjali : texte complet

Les Yoga sutras se subdivisent en quatre chapitres (ou « pada ») :

  1. Samadhi pada : c’est la direction, le but du yoga. L’objectif, c’est « Samadhi » : un état libre de tout conditionnement, de tout automatisme de la pensée.
  2. Sadhana pada : ce sont les moyens, la stratégie, les pratiques à mettre en oeuvre pour réussir le processus de transformation personnel.
  3. Vibhuti pada : c’est le résultat : l’état heureux obtenu grâce à un mental déconditionné.
  4. Kaivalya pada : c’est la délivrance des vicissitudes de la condition humaine : la liberté suprême, la réduction de la dualité à l’unité.

Voici le texte des Yoga sutras.

Yoga Sutras chapitre 1 : Samadhi pada

1.1. Maintenant, le Yoga va nous être enseigné, dans la continuité d’une transmission sans interruption.

1.2. Le Yoga est l’arrêt de l’activité automatique du mental.

1.3. Alors se révèle notre Centre, établi en lui-même.

1.4. Dans le cas contraire, il y a identification de notre Centre avec l’agitation du mental.

1.5. Les modifications du mental sont au nombre de cinq, douloureuses ou non.

1.6. Ce sont le raisonnement juste, la pensée erronée, l’imagination, le sommeil et la mémoire.

1.7. Les raisonnements justes ont pour base la perception claire, la déduction, la référence aux textes sacrés.

1.8. L’erreur est une connaissance fausse non établie sur le Soi (qui n’est pas en relation avec la conscience profonde).

1.9. L’imagination est vide de substance car elle s’appuie sur la connaissance verbale.

1.10. Le sommeil avec rêves est une agitation du mental fondée sur un contenu fictif.

1.11. La mémoire consiste à ne pas dépouiller l’objet dont on a fait l’expérience de ce caractère d’expérience.

1.12. L’arrêt des pensées automatiques s’obtient par une pratique intense dans un esprit de lâcher-prise.

1.13. Dans ce cas, cette pratique intense est un effort énergique pour s’établir en soi-même.

1.14. Mais elle n’est une base solide que si elle est pratiquée avec ferveur, persévérance, de façon ininterrompue et pendant longtemps.

1.15. Le non-attachement est induit par un état de conscience totale qui libère du désir face au monde qui nous entoure.

1.16. Le plus haut degré dans le lâcher-prise, c’est se détacher des Gunas* grâce à la conscience du Soi.

*gunas : qualité, propriété, attribut de la manifestation.

1.17. Le Samadhi Samprajnata, dans lequel la conscience est encore tournée vers l’extérieur, fait appel à la réflexion, au raisonnement. Il s’accompagne d’un sentiment de joie et du sentiment d’exister.

1.18. Quand cesse toute activité mentale grâce à l’expérience renouvelée de cet état, s’établit le Samadhi Asamprajnata, sans support. Cependant, demeurent les mémoires accumulées par le Karma.

1.19. De naissance, certains êtres connaissent le Samadhi. Ils sont libres des contraintes du corps physique, tout en étant incarnés.

1.20. Les autres connaissent le Samadhi grâce à la foi, l’énergie, l’étude et la connaissance intuitive.

1.21. Il est accessible à ceux qui le désirent ardemment.

1.22. Même dans ce cas, il y a une différence selon que la pratique est faible, moyenne ou intense.

1.23. Ou bien, grâce à l’abandon au Seigneur.

1.24. Ishvara est un être particulier qui n’est pas affecté par la souffrance, l’action, son résultat et les traces qu’elle peut laisser.

1.25. En lui est le germe d’une conscience sans limites.

1.26. Echappant à la limite du temps, il est le maître spirituel, même des anciens.

1.27. On le désigne par le Om.

1.28. La répétition de ce mantra permet d’entrer dans sa signification.

1.29. Grâce à cela, la conscience périphérique s’intériorise, et les obstacles disparaissent.

1.30. La maladie, l’abattement, le doute, le déséquilibre mental, la paresse, l’intempérance, l’erreur de jugement, le fait de ne pas réaliser ce qu’on a projeté, ou de changer trop souvent de projet, tels sont les obstacles qui dispersent la conscience.

1.31. La souffrance, l’anxiété, la nervosité, une respiration accélérée accompagnent cette dispertion du mental.

1.32. Pour éliminer cela, il faut centrer sa pratique sur un seul principe à la fois.

1.33. L’amitié, la compassion, la gaieté clarifient le mental ; ce comportement doit s’exercer indifféremment dans le bonheur et le malheur, vis-à-vis de ce qui nous convient, comme vis-à-vis de ce qui ne nous convient pas.

1.34. L’expir et la suspension de la respiration produisent les mêmes effets.

1.35. La stabilité du mental peut venir aussi de sa relation avec le monde sensible.

1.36. Ou bien de l’expérience d’un état lumineux et serein.

1.37. On peut également le stabiliser en le dirigeant sur un être qui connaît l’état sans désir.

1.38. Ou en restant vigilant au coeur même du sommeil et des rêves.

1.39. Ou encore, en se concentrant sur un objet qui favorise l’état de méditation.

1.40. La force de celui qui a expérimenté cela va de l’infiniment petit à l’infiniment grand.

1.41. Les fluctuations du mental étant apaisées, comme un cristal reflète le support sur lequel il est posé, le mental est en état de réceptivité parfaite, vis-à-vis du connaissant, du connu, et du moyen de connaissance. Cet état de réceptivité est samâpatti.

1.42. Samâpatti vitarka (ou réceptivité parfaite avec raisonnement) n’est pas encore dégagé des constructions mentales, liées à l’usage des mots, à leur signification et à la connaissance qui en découle.

1.43. Quand la mémoire est purifiée, comme vide de sa substance, le Samâpatti nir-vitarka, sans raisonnement, nous met en relation avec l’objet lui-même, libre des connotations mentales.

1.44. Cet état de fusion permet alors à la conscience d’appréhender la réalité subtile des choses, avec ou sans activité mentale.

1.45. En atteignant la nature subtile des choses, le Samâdhi participe de l’indifférencié.

1.46. Mais ces samâdhi eux-mêmes comportent des graines.

1.47. L’expérience du Samâdhi sans activité conduit à un état de paix et de clarté.

1.48. Là est la connaissance de la réalité.

1.49. La connaissance qui découle de l’enseignement des textes sacrés et qui participe de la déduction logique est différente de celle du Samâdhi, parce que son champ d’expérimentation est différent.

1.50. L’imprégnation qui résulte de ce Samâdhi s’oppose à la formation d’autres types d’imprégnations.

1.51. Quand toutes les mémoires énergétiques sont supprimées, on atteint le Samâdhi nirbîja (« sans graines » : l’état déconditionné, l’état de pure conscience).

Chapitre 2 des Yoga Sutras : Sadhana pada

2.1. Le kriya-Yoga (ou pratique du Yoga) se fait selon trois modalités inséparables : un effort soutenu, la conscience intérieure de soi et l’abandon à la volonté divine.

2.2. Le kriya-Yoga est pratiqué en vue d’atténuer les causes de souffrances et de permettre le Samâdhi.

2.3. Les causes de souffrance sont l’aveuglement, le sentiment de l’ego, le désir de prendre, le refus d’accepter, l’attachement à la vie.

2.4. L’avidya (ou ignorance de la réalité) est à l’origine des autres causes de souffrance, qu’elles soient développées, ou en sommeil.

2.5. L’ignorance de la réalité, c’est prendre l’impermanent, l’impur, le malheur, ce qui n’est pas le Soi, pour le permanent, le pur, le bonheur, le Soi.

2.6. Le sentiment de l’ego vient de ce que l’on identifie le pouvoir de voir et ce qui est vu.

2.7. Le désir de prendre est lié à la mémoire du plaisir.

2.8. Le refus, à la peur de souffrir.

2.9. L’attachement à la vie est lié au sentiment que l’on a de son importance, qui est enraciné en soi, même chez l’érudit.

2.10. Quand ces causes de souffrances sont légères, on peut les éliminer en les prenant à contre-courant.

2.11. Les perturbations mentales qu’elles entraînent peuvent être éliminées par la méditation.

2.12. La loi du karma, que l’on expérimente au cours de naissances successives, trouve ses racines dans nos afflictions.

2.13. Tant que la racine est là, le développement des causes de souffrance se fait au cours de naissances, de vies et d’expériences différentes.

2.14. En raison de leur caractère juste ou non, ces expériences produisent la joie ou la peine.

2.15. Pour le sage, tout est douleur, parce que nous sommes soumis aux conflits nés de l’activité des gunas, et à la douleur inhérente au changement, à l’effort, aux forces de l’habitude.

2.16. La douleur à venir peut et doit être évitée.

2.17. L’identification entre celui qui voit et ce qui est vu est la cause de cette douleur que l’on peut éviter.

2.18. Ce qui est vu se manifeste par l’immobilité, l’activité ou la clarté. Les éléments naturels et les organes sensoriels le composent et le révèlent. La raison de cette manifestation est d’en jouir ou de s’en libérer.

2.19. L’activité des gunas se manifeste à des niveaux différents, sur des éléments grossiers ou subtils, manifestés ou non.

2.20. Le drashtar (celui qui voit) est seulement faculté de voir. Bien que pur, il est témoin de ce qu’il regarde (et donc altéré par le spectacle du monde manifesté).

2.21. La raison d’être de ce qui est vu est seulement d’être vu.

2.22. Pour l’éveillé, cela devient inutile, mais continue d’exister pour ceux qui sont dans l’ignorance.

2.23. Le samyoga (plénitude du yoga) permet de comprendre la nature propre de ces deux facultés, celle de voir et celle d’être vu.

2.24. La non-connaissance du réel est cause de cette confusion entre les deux.

2.25. Quand elle disparaît, disparaît aussi l’identification du spectateur et du spectacle. Alors le spectacle n’a plus de raison d’être ; c’est la libération du spectateur.

2.26. Le discernement, pratiqué de façon ininterrompue, est le moyen de mettre fin à la non-connaissance du réel.

2.27. La connaissance de celui qui pratique le discernement devient graduellement sans limite.

2.28. Quand les impuretés du mental sont détruites par la pratique du Yoga, la lumière de la connaissance donne à l’esprit ce discernement.

2.29. L’ashtanga Yoga, ou les huit membres du Yoga (moyens de développer la faculté de discernement) sont :

  • Yamas : les règles de vie dans la relation aux autres,
  • Niyamas : les règles de vie dans la relation avec soi-même,
  • Asana : la posture,
  • Prânâyama : la respiration,
  • Pratyâra : l’écoute sensorielle intérieure,
  • Dhâranâ : le pouvoir de concentration,
  • Dhyâna : la méditation,
  • Samâdhi : l’état d’unité.

Remarque : les trois derniers de ces huit membres du Yoga constituent Samyama, terme que nous retrouverons plus loin.

2.30. Les yamas sont la non-violence, la vérité, le désintéressement, la modération, le non-désir de possessions inutiles.

2.31. Ils constituent une règle universelle, car ils ne dépendent ni du lieu, ni de l’époque, ni des circonstances.

2.32. Etre clair dans ses pensées et ses actes, être en paix avec ce que l’on vit sans désirer plus ou autre chose, pratiquer avec ardeur, apprendre à se connaître et à agir dans le mouvement de la vie, tels sont les niyamas.

2.33. Quand les pensées perturbent ces attitudes, il faut laisser se manifester le contraire.

2.34. Ces pensées, comme la violence, qu’on la pratique, la provoque ou l’approuve, sont causées par l’impatience, la colère et l’erreur.

2.35. Si quelqu’un est installé dans la non-violence, autour de lui, l’hostilité disparaît.

2.36. Quand on est établi dans un état de vérité, l’action porte des fruits appropriés.

2.37. Lorsque le désir de prendre disparaît, les joyaux apparaissent.

2.38. Etre établi dans la modération donne une bonne énergie de vie.

2.39. Celui qui ne se préoccupe jamais de l’acquisition de biens inutiles connaît la signification de la vie.

2.40. Lorsqu’on est dans un état de pureté, on est détaché de son corps et de celui des autres.

2.41. Le fait d’être pur engendre la bonne humeur, la concentration d’esprit, la maîtrise des sens et la faculté d’être en relation avec la conscience profonde.

2.42. Se contenter de ce que l’on a constitue le plus haut degré de bonheur.

2.43. Grâce à une pratique soutenue, qui entraîne la destruction de l’impureté, on améliore considérablement le fonctionnement du corps et des sens.

2.44. L’état d’intériorisation permet l’union totale avec la divinité d’élection.

2.45. Par l’abandon à Dieu, on parvient à l’état de pure conscience.

2.46. La posture, c’est être fermement établi dans un espace heureux.

2.47. Grâce à la méditation sur l’infini et au renoncement à l’effort volontariste.

2.48. A partir de là, on n’est plus assailli par les dilemmes et les conflits.

2.49. La cessation de la perturbation de la respiration caractérise le prânâyâma, et intervient quand on a maîtrisé asana (les postures).

2.50. Les mouvements de la respiration sont l’expir, l’inspir et la suspension. En tenant compte de l’endroit où se place la respiration, de son amplitude et de son rythme, on obtient un souffle allongé et subtil.

2.51. Une quatrième modalité de la respiration dépasse le plan de conscience où l’on distingue inspir et expir.

2.52. Alors ce qui cache la lumière se dissipe.

2.53. Et l’esprit devient capable des diverses formes de concentration.

2.54. Quand le mental n’est plus identifié avec son champ d’expérience, il y a comme une réorientation des sens vers le Soi.

2.55. Alors les sens sont parfaitement maîtrisés.

Chapitre 3 des Yoga Sutras : Vibhuti pada

3.1. Dharana, la concentration, consiste à porter son attention vers un espace déterminé.

3.2. Dhyana, la méditation, est le fait de maintenir une attention exclusive sur un seul point.

3.3. Quand la conscience est en relation avec Cela même qui n’a pas de forme, c’est le Samadhi.

3.4. L’accomplissement des trois est Samyama.

3.5. La pratique du Samyama donne la lumière de la connaissance.

3.6. Son application se fait par étapes, d’un territoire conquis à un autre.

3.7. Ces trois aspects du Yoga sont plus intérieurs que les précédents.

3.8. Mais encore plus extérieurs que le Samâdhi Nirbîja (sans graines).

3.9. Nirodha Parinama, ou étape de la suspension, se produit ou non, selon qu’apparaissent ou s’apaisent les conditionnements que nous lègue notre passé.

3.10. En fonction de son imprégnation, le flot du mental s’apaise.

3.11. A ce stade de l’évolution de la conscience, ce ne sont encore que des moments d’attention exclusive.

3.12. Dans la phase d’évolution que l’on appelle Ekagrata Parinama, il y a encore alternance égale d’activité et d’apaisement de la conscience, face à l’objet d’expérience.

3.13. Cela explique les modifications intrinsèques, qu’elles soient essentielles ou périphériques, modifications qui se manifestent dans les éléments constitutifs et les organes des sens.

3.14. Toute manifestation participe de l’êtreté, que celle-ci se révèle ou non.

3.15. La diversité des lois naturelles est la cause de la diversité dans le changement.

3.16. Grâce au Samyama, on a la connaissance du passé et du futur.

3.17. Il y a confusion entre le mot, la chose et l’idée qu’on s’en fait, car on les prend l’un pour l’autre. Grâce au Samyama, on comprend le langage de tous les êtres vivants.

3.18. Par la vision claire des imprégnations latentes en nous, on a la connaissance des vies antérieures.

3.19. On connaît les pensées des autres.

3.20. Mais on ne connaît pas le Centre : l’essence de l’être ne peut être objet d’investigation.

3.21. Par le Samyama sur l’apparence formelle du corps, on le rend invisible en supprimant la faculté d’être vu, grâce à la dissociation de la lumière qu’il réfléchit et de l’œil qui le regarde.

3.22. Ce qui précède explique la suspension du son, ainsi que les autres manifestations corporelles.

3.23. Le Karma peut être proche de son terme ou non. On connaît le moment de la mort grâce au Samyama exercé sur cela, ou grâce à l’étude des signes et des présages.

3.24. Samyama sur la bienveillance développe les pouvoirs correspondants.

3.25. On acquiert aussi la force de l’éléphant.

3.26. En dirigeant le regard intérieur vers le Centre, on connaît le subtil, l’invisible, l’inaccessible.

3.27. Le Samyama sur le soleil donne la connaissance de l’univers.

3.28. Sur la lune, il permet de connaître l’ordre cosmique.

3.29. Sur l’étoile Polaire, le cours des planètes.

3.30. Sur le Chakra du nombril, la physiologie du corps.

3.31. Sur celui de la gorge, on supprime la faim et la soif.

3.32. Sur le Kurma Nadi, on obtient la stabilité.

3.33. Sur Sahasrara Chakra, la vision spirituelle des êtres réalisés.

3.34. Cette connaissance de toutes choses peut être aussi connaissance intuitive naturelle.

3.35. Par Samyama sur le coeur, on a la connaissance parfaite du mental.

3.36. Les sens, tournés vers l’extérieur, ne distinguent pas l’objet et le sujet, et on confond complètement le Purusha et le Sattva. Grâce au Samyama sur le Centre, on connaît le Purusha.

3.37. De là, naissent des facultés subtiles au niveau de l’audition, de la perception, de la vision, du goût et de la sensation.

3.38. Ces perceptions paranormales sont un obstacle sur la voie du Samadhi quand leur pouvoir s’écarte du Soi.

3.39. Quand on relâche l’attachement aux lois de causalité et qu’on a la connaissance des fonctionnements du mental, la « possession » d’autrui devient possible.

3.40. Grâce à la maîtrise de l’Udana, on peut s’élever au-dessus de l’eau, de la boue et des épines, et ne pas en être affecté.

3.41. Grâce à la maîtrise de Samana, on obtient le rayonnement du corps.

3.42. En établissant, grâce au Samyama, une relation entre le ciel et l’ouïe, celle-ci devient supranormale.

3.43. En établissant une relation entre le corps et l’espace et une osmose avec le léger, on peut se déplacer dans l’espace.

3.44. Quand on est au-delà des activités corporelles, on dissipe ce qui cache la lumière.

3.45. On obtient la maîtrise des cinq éléments en faisant Samyama sur le but, la fonction et la relation entre leur apparence grossière, leur forme et leur essence subtile.

3.46. Grâce à cela, on acquiert la manifestation de pouvoirs tels que celui de réduire le corps à la dimension d’un atome, de le rendre parfait et incorruptible.

3.47. Un homme parfait a la beauté, le charme, la vigueur et l’invulnérabilité du diamant.

3.48. Grâce au Samyama sur leur pouvoir de perception, leur substance propre, le sentiment d’exister qu’ils procurent et la relation entre ces caractéristiques et leur fonction, on obtient la maîtrise des sens.

3.49. Alors on peut se déplacer comme la pensée, sans véhicule corporel, et on connaît le sens de l’univers.

3.50. Connaître seulement la différence entre la Guna Sattva et le principe absolu suffit à donner le pouvoir sur toutes les manifestations et la connaissance de toute chose.

3.51. C’est le détachement par rapport à tout cela, quand toute semence d’erreur a été détruite, qui mène à l’état d’unité et de liberté.

3.52. Car ces pouvoirs sont l’occasion d’un nouvel attachement indésirable.

3.53. Par la Samyama sur le temps et la marche du temps, on a la connaissance née de la discrimination (du discernement).

3.54. Cette faculté de discrimination (discernement) permet de connaître deux choses identiques qu’on ne peut pas distinguer par l’observation ordinaire portant sur le caractère distinctif et la localisation.

3.55. La connaissance née de la discrimination (discernement) est intemporelle, totale et induit la délivrance.

3.56. Quand la Guna Sattva est aussi pur que le principe absolu, c’est l’état d’unité et la liberté suprême.

Chapitre 4 : Kaivalya pada.

4.1. Les pouvoirs sont innés ou engendrés par l’utilisation de plantes, de mantras, par la pratique du Yoga et le Samadhi.

4.2. La renaissance dans une forme d’existence différente est une modification due à l’exubérance de la manifestation.

4.3. Comme le paysan rompt la digue qui empêche l’eau de s’écouler sur ses terres, l’élimination des obstacles est à l’origine de toute transformation.

4.4. Les différents états de conscience ne sont que la création de l’ego.

4.5. Dans la diversité des états de conscience, un seul en entraîne d’innombrables.

4.6. Celui qui naît de la méditation est libre des constructions mentales.

4.7. Le Karma du Yogi n’est ni blanc ni noir, celui des autres est mélangé.

4.8. Car nous sommes influencés par nos souvenirs subconscients liés à des impressions antérieures.

4.9. Les impressions latentes et la mémoire ont un fonctionnement similaire même s’il s’exprime différemment selon le lieu et le moment.

4.10. Il n’y a pas de commencement à leur existence car leur besoin de se manifester est là, depuis toujours.

4.11. Parce qu’elles sont liées à la cause et à l’effet du terrain qui les nourrit, quand ces derniers disparaissent, ces latences disparaissent également.

4.12. Le temps existe dans sa nature propre en raison de la différence des chemins et de leurs caractéristiques.

4.13. Ces phénomènes, manifestés ou subtils, sont de la nature des Gunas.

4.14. Mais même ce qui est changeant porte en soi le principe unique.

4.15. Deux choses étant semblables, c’est à cause des différents états de conscience qu’on les perçoit différemment.

4.16. Un objet n’est pas l’oeuvre du seul mental. Si c’était le cas, que deviendrait-il, quand il n’est pas perçu ?

4.17. Un objet est perçu ou non, selon que sa coloration répond à l’intérêt que manifeste le mental.

4.18. L’agitation du mental est toujours perçue par la conscience profonde, toute-puissante, en raison de son immutabilité.

4.19. Le mental n’a pas d’éclat en soi, puisqu’il est l’objet de perception.

4.20. Et il n’a pas conscience de l’objet et de lui-même en tant qu’instrument de connaissance parce qu’ils sont confondus.

4.21. Si le mental pouvait être connu par une intelligence plus subtile, cela créerait un excès de consciences mentales et une confusion de leurs mémoires.

4.22. Le mental a une connaissance parfaite de sa propre intelligence quand il ne passe pas d’un objet à un autre et qu’il rejoint la forme de la conscience profonde.

4.23. Le mental coloré par le Soi devient conscience totale.

4.24. Le mental, bien qu’il soit coloré par d’innombrables imprégnations, dépend du Soi, auquel il est associé dans son activité.

4.25. Pour celui qui est capable de discrimination (discernement), cessent les doutes et les interrogations sur l’existence et la nature du Soi.

4.26. Alors, en vérité, le mental orienté vers la discrimination est porté vers le détachement de tous les liens.

4.27. Mais en raison des impressions latentes, des pensées parasites ont accès à la conscience.

4.28. Celles-ci disparaissent de la même façon que les causes de la souffrance.

4.29. Le Samadhi Dharma-Mégha est possible si on est désintéressé dans la pratique du discernement sous tous ses aspects, même dans la méditation à son plus haut niveau.

4.30. Grâce à cette forme de Samadhi, cessent les causes de souffrance et le Karma.

4.31. Et, en regard de l’immensité de la connaissance libre de toute obscurité et de toute impureté, le domaine du savoir est insignifiant.

4.32. Alors le processus de transformation des Gunas arrive à son terme, leur raison d’être ayant été réalisée.

4.33. Ce processus de changement, qui se fait d’instant en instant, devient perceptible quand il s’achève.

4.34. La réabsorption des Gunas, privées de leur raison d’être, par rapport au Purusha, marque l’état d’isolement de la conscience dans sa forme originelle.

Pour aller plus loin :

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Modif. le 5 mai 2024

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