YHWH : signification du tétragramme divin. Comment interpréter le nom ineffable ? Symbolisme et sens caché dans la Kabbale et en franc-maçonnerie.
YHWH est le nom propre de Dieu dans le judaïsme : c’est un mot qui peut s’écrire mais qui ne doit pas être prononcé conformément au troisième commandement divin :
Tu ne prendras point le nom de l’Eternel, ton Dieu, en vain ; car l’Eternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.
Exode 20, 7
Prononcer le nom YHWH constituerait donc un blasphème et un péché de vanité ; notons que seul le Grand Prêtre avait le droit de prononcer ce nom dans le Saint des saints du Temple de Salomon, une fois par an le jour de Kippour. Cette tradition ayant disparu, et en l’absence de voyelle dans l’alphabet hébreu, la prononciation exacte du tétragramme est inconnue. Pour toutes ces raisons, les Juifs remplacent le nom de Dieu par les expressions Adonaï (« le Seigneur »), Hashem (« le nom sacré ») ou Elohim (« Dieu »). Les chrétiens, quant à eux, le transcrivent et le prononcent Yahweh, Yahvé ou Jéhovah. L’Eglise catholique préfère cependant utiliser l’expression « le Seigneur ».
Remarque : Sous sa forme latine, le tétragramme divin s’écrit JHVH, ce qui peut se prononcer « Jéhovah ».
YHWH pourrait être dérivé de la racine sémitique hwy ou hyh qui signifie « être », « devenir » ou « se révéler », ce qui peut faire penser au souffle de la création.
Cette capacité à « être » (que seul Dieu possède) se retrouve dans le passage suivant de l’Exode (le Buisson ardent) :
Moïse dit à Dieu : J’irai donc vers les enfants d’Israël, et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. Mais, s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle « je suis » m’a envoyé vers vous.
Exode 3, 13-14
Tentons d’approcher la signification du tétragramme divin YHWH.
YHWH : signification du tétragramme divin
Dans la Kabbale, courant mystique du judaïsme, Ein Sof (littéralement “sans limite”) est Dieu avant toute manifestation ; il est infini, inconnaissable, caché, ineffable, sans nom, sans attribut, sans forme.
Pour permettre la création du monde, Ein Sof se retire afin qu’autre chose que lui puisse exister. Ce retrait ou « vide » est appelé Tsimtsoum. Ainsi, la lumière de Dieu disparaît pour laisser place à un reflet lumineux qui constitue le souvenir de la lumière primordiale : voilà Yod qui apparaît, première lettre du tétragramme divin.
Yod crée l’écriture et la parole ; nous allons voir que cette lettre contient en elle le germe de toute manifestation.
Les lettres du tétragramme divin.
Le tétragramme divin YHWH est composé de trois lettres, dont l’une est répétée deux fois :
- Yod est la main (“yad” en hébreu). C’est la main de Dieu, la main qui sème, celle qui permet de faire éclore la vie. Yod est la traduction de la volonté de Dieu dans la réalité physique. C’est encore l’étincelle de vie, ou la graine qui va permettre à l’arbre de se déployer. En gématrie, la valeur numérique de Yod est 10.
- Hé est présente deux fois dans le tétragramme. Cette lettre est liée au souffle et à la respiration : il s’agit de laisser entrer le principe divin en soi, ce qui nécessite un certain lâcher-prise. Lettre passive, Hé est associée à la bouche ou à la fenêtre. En gématrie, sa valeur numérique est 5.
- Wav (ou Vav) évoque un crochet, un élément qui unit. C’est un axe, un trait qui relie deux points, comme pour mettre en correspondance deux oppositions (par exemple ce qui rentre et ce qui sort de Hé) ou deux mondes (celui d’en haut et celui d’en bas). Nous avons là le signe d’une superposition, d’un rassemblement, d’une harmonie. En gématrie, la valeur numérique de Wav est 6.
Ainsi, Yod et Wav sont de nature active et masculine, alors que Hé est une lettre plutôt passive et féminine. Le tétragramme peut donc être lu comme une alternance parfaite entre le masculin (créateur, réconciliateur) et le féminin (ce qui est créé, animé, réuni).
Placé entre deux Hé, le Wav réconcilie la dualité : il est le vrai centre du tétragramme.
Le symbolisme du tétragramme YHWH.
Le tétragramme est souvent représenté au centre d’un triangle ou d’un delta lumineux.
Yod est souvent associé au sommet du triangle : c’est l’origine du monde manifesté, l’étincelle primordiale qui vient d’en haut.
Dans nombre de traditions religieuses ou ésotériques, le delta lumineux est le symbole le plus parfait de Dieu, ou du Grand Architecte de l’Univers (franc-maçonnerie). Un œil remplace parfois les 4 lettres du tétragramme au coeur du delta : c’est l’œil de la conscience humaine qui s’ouvre, et qui a vocation à rencontrer la Conscience supérieure.
On le voit, le tétragramme éclaire à la fois les questions ontologiques (notre capacité à être et à ouvrir notre conscience) et cosmologiques (la structure du monde).
YHWH et les chiffres
Le tétragramme comporte 4 lettres dont 3 différentes. Nous avons donc la rencontre du 3 et du 4 :
- le chiffre 3 évoque le triangle, la dualité réconciliée dans l’unité, le centre : c’est l’expression la plus aboutie du divin,
- le chiffre 4 évoque le carré et la perfection du monde manifesté,
- notons que 3 + 4 = 7, chiffre de la perfection.
Le tétragramme contenu dans le triangle peut représenter le quaternaire en communion avec le ternaire, autrement dit le parfait reflet du Créateur dans la création.
Sur le plan de la gématrie, la somme des lettres de YHWH est 26 (10+5+6+5). Or 26 est un nombre aux caractéristiques très particulières puisqu’il se trouve entre 25 (nombre carré, c’est-à-dire qui peut être représenté sous forme de carrés imbriqués) et 27 (nombre cubique : 3X3X3). C’est le seul nombre qui se trouve entre un nombre carré et un nombre cubique.
Comment interpréter ce passage du carré au cube ? Si le carré traduit la perfection du monde extérieur, le cube représente l’espace sacré dans lequel se rencontrent l’Homme et Dieu : c’est notamment la forme du Saint des saints du Temple de Salomon et de la Jérusalem céleste. Ainsi, passer du carré au cube (du 25 au 27), c’est marcher vers Dieu, c’est rétablir l’alliance.
Le tétragramme YHWH et la parole perdue
Par son caractère imprononçable, le tétragramme évoque la parole perdue, c’est-à-dire la vérité cachée, oubliée, qui doit faire l’objet d’une quête personnelle dans le monde comme en soi-même.
Le caractère ineffable du tétragramme divin exprime la perte de notre authenticité primordiale du fait du péché originel. L’homme, par orgueil et ambition, a croqué du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal dans le but « d’être comme les dieux ». Par ce geste, il est entré dans le monde de l’erreur et de l’illusion.
C’est donc en renonçant à nous-mêmes (à nos certitudes, à nos attachements, à nos désirs…) que nous pourrons retrouver la parole perdue. La prononciation du tétragramme YHWH nous apparaîtra alors comme une évidence…
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Modif. le 20 avril 2024