Le travail de l’apprenti franc-maçon : en quoi consiste-t-il ? Que recherche l’apprenti en loge et qu’accomplit-il ? Voici une planche maçonnique au 1er degré.
– A quoi travaillent les Apprentis ?
A dégrossir la Pierre Brute afin de la dépouiller de ses aspérités et à la rapprocher d’une forme en rapport avec sa destination.– Quelle est donc cette Pierre Brute ?
C’est le Profane, produit grossier de la nature, que l’Art de la F.M. doit polir et transformer.– Quels sont les Outils de l’Apprentis ?
La Règle à 24 divisions, le maillet et le ciseau.
L’apprenti franc-maçon travaille avant tout sur lui-même : il dégrossit la pierre brute qu’il est. Un travail qui ne s’arrêtera jamais, car tout franc-maçon est un éternel apprenti.
Mais nous allons voir que le travail de l’apprenti va plus loin.
Voir aussi notre liste de planches au grade d’apprenti
Le travail de l’apprenti franc-maçon : interprétation
Le travail de l’apprenti franc-maçon consiste avant tout en une introspection : il s’agit de faire l’effort de mieux se connaître.
Les capacités sensorielles et cognitives de l’homme commun sont tournées vers l’extérieur ; au contraire, l’initié utilise ses capacités pour s’observer, se comprendre et instaurer un nouveau rapport à lui-même, fondement d’un meilleur rapport au monde.
Autrement dit, l’homme profane est une pierre brute, alors que l’initié est une pierre brute qui travaille sur elle-même, s’affinant sans cesse. Ainsi, l’initié est à la fois la pierre et cette force qui travaille sur la pierre : ce dédoublement de personnalité annonce la naissance du Soi, l’être conscient et universel qui évolue au-dessus du « moi » partiel et limité.
Le regard de l’homme se tourne vers lui-même, vers sa pierre : c’est un regard intérieur. Qui suis-je ? de quoi suis-je fait ? de quoi suis-je issu ? quelle est l’origine de mes pensées ?
Un début de réponse se dessine : je suis fait de la même matière que tous mes frères et mes sœurs, car je pressens qu’au fond de moi se cache une pierre parfaitement cubique, équivalente à toutes les autres (cf. VITRIOL). Sur le plan spirituel, je pressens que je suis l’égal des autres, à ma place dans le grand édifice cosmique.
Bien des éléments me font croire l’inverse : un regard profane ne verrait que des différences entre les pierres brutes. Aucune pierre ne ressemble à une autre. Et pourtant, la vision intérieure peut transcender la matière pour trouver ce que nous avons de commun, ce que nous partageons d’essentiel.
Ainsi donc, il faudra retirer chaque obstacle, chaque illusion, chaque aspérité de la pierre pour arriver à percevoir le lien qui nous unit et comprendre que nous sommes en réalité le même être.
Par la volonté (les coups de maillet) et l’effort de discernement (le ciseau bien positionné), l’initié se départit peu à peu de ses préjugés, de ses certitudes, de ses voiles qui le maintenaient dans l’illusion d’être un individu unique, séparé du monde et des autres.
L’oeuvre de transformation de soi
Se déconstruire pour se reconstruire meilleur : ainsi pourrait être résumé le travail de l’apprenti franc-maçon.
En retirant les aspérités de la pierre brute, l’apprenti opère une séparation en lui-même : c’est la première étape alchimique, l’Oeuvre au noir. Ces éléments impurs faisaient obstacle à la vision claire : ils contenaient beaucoup trop d’ego, de subjectivité, de jugements partiels, d’ignorance et de certitudes. Mais ces éclats devront un jour être réintégrés, car il faut reconnaître qu’il est impossible d’abandonner définitivement son ego et tout ce qui s’y rattache. Il ne s’agit pas de nier ce que nous sommes, mais de comprendre de quoi nous sommes faits.
Par conséquent, l’oeuvre de transformation de soi ne consiste pas à effacer une partie de nous-mêmes, mais à réordonner notre intériorité pour devenir une meilleure version de nous-même, plus pure, plus ouverte, plus humble.
Le travail de l’apprenti franc-maçon est particulièrement difficile, car prendre du recul sur soi-même n’est pas naturel. Il n’est jamais agréable ni évident de s’observer et de se remettre en cause ; nous sommes plus enclins à critiquer les autres et l’ordre des choses.
Surtout, pour être efficace, le travail de l’apprenti doit être sans cesse répété, renouvelé. C’est en effet un travail de vigilance, une sorte de veille active qui doit nous permettre de résister à nos penchants naturels et à nos élans spontanés.
Le travail de l’apprenti franc-maçon : une oeuvre commune
On pourrait croire que le travail de l’apprenti est individuel, voire auto-centré. C’est en réalité un travail d’ouverture, car la connaissance de soi mène à la connaissance et à l’acceptation des autres.
C’est aussi un travail en commun, car l’apprenti est guidé par ses pairs et par le Second Surveillant : c’est toute la force de la voie initiatique.
Enfin, les rituels précisent que l’apprenti « travaille sans relâche au bonheur commun ». Ils rappellent aussi le principe de la franc-maçonnerie qui est de « travailler en commun au perfectionnement intellectuel et moral de l’humanité ». Il s’agit donc d’oeuvrer ensemble sur l’humain, au service de l’humain.
Au final, l’apprenti travaille sur sa propre matière et donc celle des autres : il participe à l’édification du temple de l’humanité sur des bases saines, à savoir la sagesse, la force et la beauté. Guidé par le fil à plomb, rectifié par la Règle, supervisé par les membres de sa loge, le travail de l’apprenti franc-maçon se fait dans le bon sens, dans l’espérance d’une société toujours meilleure. « Travaillez et persévérez ! »
Pour aller plus loin :
Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.
Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.
Modif. le 19 février 2025