« Tout est parfait » : planche au 5ème degré R.E.A.A. A quoi s’applique la perfection au grade de Maître Secret ? Pourquoi le thème de la perfection est-il central ?
Au cinquième degré, le franc-maçon est appelé « Maître Parfait » en référence à la perfection de sa première oeuvre achevée : le mausolée d’Hiram, image d’une pierre vivante que l’initié doit à présent incarner.
Peu après les funérailles, Salomon se rend dans le temple, contemple la tombe et le mausolée, et déclare que « tout est parfait ».
Trois jours après la cérémonie, Salomon, entouré de sa cour, vint au Temple où tous les ouvriers étaient rangés dans le même ordre qu’ils étaient aux funérailles, il offrit des prières à l’Éternel puis il examina la tombe, le mausolée, le triangle avec les lettres gravées dessus et, constatant que tout était parfaitement exécuté, il s’écria les bras et les yeux levés vers le ciel: « Tout est parfait ». Tous les Frères répondirent par le Signe d’admiration en répétant :
Rituel du cinquième degré
Amen ! Amen ! Amen !
Le signe d’admiration effectué à cette occasion évoque là-encore la perfection : ce qui est admirable est parfait. Ce signe consiste à lever les yeux et les mains vers le ciel, puis à laisser retomber les bras en les croisant sur le ventre, les yeux baissés vers la terre.
On le voit, la perfection est partout. Mais de quelle perfection s’agit-il exactement ? La perfection évoque l’achèvement, la beauté, mais aussi la justice. Pourtant, les trois mauvais compagnons sont toujours en fuite…
« Tout est parfait » : voici donc une planche au 5ème degré R.E.A.A.
« Tout est parfait » : interprétation au 5ème degré
Lorsque Salomon réunit les ouvriers pour ordonner la construction du mausolée, il constate que trois d’entre eux sont absents : il s’agit des trois meurtriers d’Hiram.
Les travaux de construction du mausolée ont donc pour premier effet de clarifier la situation en opérant une séparation entre les ouvriers : ceux qui sont présents sont purs, attachés à rendre hommage à Hiram, les autres se sont mis à l’écart.
L’irruption des mauvais compagnons a donc eu pour effet d’assainir le groupe ou, dans un sens intérieur, de purifier notre conscience. En ce sens, tout devient clair et parfait.
La perfection du mausolée
Le terme de perfection s’applique avant tout au mausolée d’Hiram.
Un mausolée est un monument funéraire qui prend la forme d’une oeuvre d’art. En l’occurrence, cette construction est une manière de reconnaître les qualités et l’exemplarité d’Hiram, et donc la profondeur de la perte.
Mais au-delà, le mausolée est l’image même de l’homme éveillé :
- au sommet, le coeur remplace le mental déréglé, comme pour indiquer que l’intelligence du coeur est le nouveau moteur du Maître Parfait,
- au bas, le corps est soumis, sans pour autant perdre son pouvoir fondateur : il est en effet le support de vie qui rend possible l’expérience humaine et spirituelle.
Pierre vivante, le mausolée est encore le résumé architectural de la Connaissance, dont la double fonction ascendante et descendante résume l’équilibre universel.
Achever le monument funéraire signifie être arrivé au bout du travail alchimique de transformation de soi :
- le corps et les passions ont été mis à distance par le sacrifice de soi (Oeuvre au noir : mort symbolique),
- l’esprit a pu se détacher de l’erreur et s’élever (Oeuvre au blanc : renaissance spirituelle),
- l’esprit a pu se réincarner dans un corps désormais pur, celui du nouveau maître, héritier de l’esprit d’Hiram (Oeuvre au rouge : réintégration).
Le monument finalisé représente la pierre cubique à pointe, la pierre philosophale, la quintessence de l’être : voilà l’homme initié, totalement lucide, pleinement éveillé à lui-même, aux autres et au monde.
Pourtant, les trois mauvais compagnons courent toujours. Qu’on se s’y trompe pas, leur pouvoir de nuisance est désormais limité. Démasqués, ils ne sont plus que des fantômes qui errent sans but, des spectres qui symbolisent, non pas une part de nous-même que nous aurions oubliée de réintégrer, mais les erreurs du passée.
La perfection et le chiffre 4
Au grade de Maître Parfait, la perfection s’exprime, entre autres, à travers l’omniprésence du chiffre 4, un chiffre qui évoque l’ordre présent dans la matière, sa beauté et son achèvement, miroir de l’intention divine.
Rappelons qu’au XVIIIe siècle, le cinquième degré correspondait au quatrième degré du R.E.A.A.
Plus précisément :
- il y a 4 colonnes blanches aux quatre coins du temple,
- 16 lumières illuminent le temple : quatre à chaque angle ou point cardinal,
- les colonnes B et J, couchées, forment une croix de Saint-André avec ses quatre branches,
- lors de son initiation, le Maître Parfait effectue quatre voyages symboliques,
- l’âge du Maître Parfait est de 16 ans,
- l’attouchement se fait les quatre doigts serrés,
- la batterie se fait en quatre coups,
- enfin, le début des travaux est fixé à 4 heures.
Le chiffre 4 évoque aussi la quadrature du cercle : nous avons là une correspondance parfaite, un alignement idéal entre esprit et matière.
« Tout est parfait » au sens large
« Tout est parfait » peut être abordé dans un sens plus large. La perfection s’applique alors au cosmos tout entier : c’est la reconnaissance de l’ordre universel éternel. C’est l’idée que tout est conforme à ce qui doit être, c’est-à-dire au plan divin.
Une prise de conscience qui débouche sur l’acceptation de notre destin et de toute chose. Il en résulte un puissant sentiment de paix et de sérénité.
Conclusion sur la perfection au 5ème degré REAA
Le Maître est dit « parfait » en ce sens qu’il suit la voie d’Hiram, qu’il marche sur le chemin du renoncement au corps et à la matière. Le monument funéraire constitue le lieu de l’hommage et de la mémoire : il est le réceptacle de nos intentions désormais pures, il fonde nos progrès futurs.
Le Maître Parfait est « mort au vice » : le souvenir d’Hiram fera qu’il ne pourra plus s’égarer sur les voies de l’erreur et de l’illusion. Mais il lui reste à avancer toujours plus loin sur le chemin de la vertu qui le conduira, peut-être, aux ultimes secrets.
Voir aussi notre liste de planches du 5ème au 12ème degré REAA
Pour aller plus loin :
Ce livre numérique pdf (75 pages) comporte 19 planches essentielles pour approfondir les thèmes du cinquième au huitième degré REAA.
Décryptez la légende, les symboles, les décors et les notions-clés à ces degrés.
Modif. le 11 mai 2024