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La théogonie d’Hésiode : texte complet

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La théogonie d’Hésiode : texte complet. En quoi ce texte fonde-t-il la mythologie grecque ?

La théogonie d’Hésiode est un texte fondateur de la mythologie grecque, écrit par le poète Hésiode au VIIIème siècle avant J-C. C’est le récit de l’origine des dieux.

Hésiode justifie l’écriture de ce texte par le fait que les Muses (filles de Zeus qui présidents aux arts libéraux) lui ont rendu visite alors qu’il faisait paître ses troupeaux sur les flancs du mont Hélikon. Les Muses, inspiratrices des poètes, lui ordonnent alors de chanter l’histoire des dieux immortels, et lui soufflent le récit.

La théogonie d’Hésiode expose l’origine du règne de Zeus. Au commencement était le Chaos primordial, puis viennent Gaïa (la Terre), Ouranos (le Ciel étoilé), Érèbe (les Ténèbres), Nyx (la Nuit), Ether (le Ciel supérieur) et Héméra (le Jour). Éros joue aussi un rôle important : il est le désir, principe du commencement.

De ces divinités premières naissent de nombreuses divinités allégoriques.

La théogonie d’Hésiode est souvent comparée par son importance à la théogonie d’Homère.

Voici donc la théogonie d’Hésiode, texte complet (traduction Leconte de Lisle).

La théogonie d’Hésiode : texte complet.

La théogonie débute par un long prélude à la gloire des Muses.

Avant tout, chantons les Muses Hélikoniades qui du Hélikon habitent la grande et sainte montagne, et, de leurs pieds légers, autour de la Fontaine violette et de l’autel du très-puissant Kroniôn, bondissent ; et qui, dans le Permessos ayant lavé leur corps délicat, ou dans la Hippoukrènè, ou dans l’Olmios sacré, au faîte du Hélikon mènent les danses belles et désirables, et agitent les pieds avec force.

De là, se précipitant, enveloppées d’un air épais, elles vont dans la nuit, élevant leur belle voix et louent Zeus tempêtueux et la vénérable Hèrè, l’Argienne, qui marche avec des sandales dorées, et la fille de Zeus tempêtueux, Athènè aux yeux clairs, et Phoibos Apollôn, et Artémis joyeuse de ses flèches, et Poseidaôn qui contient la terre et qui la secoue, et Thémis la vénérable, et Aphroditè aux paupières arrondies, et Hèbè ornée d’une couronne d’or, et la belle Diônè, et Éôs, et le grand Hèlios, et la luisante Sélènè, et Lètô, et Iapétos, et le subtil Kronos, et Gaia, et le grand Okéanos, et la noire Nyx, et la race sacrée des autres Immortels qui vivent toujours.

Autrefois, à Hésiode elles enseignèrent un beau chant, tandis que, sous le Hélikon sacré, il paissait ses agneaux. Et d’abord, elles me parlèrent ainsi, ces Déesses, les Muses Olympiades, filles de Zeus tempêtueux :

— Pasteurs, qui dormez en plein air, race vile, qui n’êtes que des ventres, nous savons dire des mensonges nombreux semblables aux choses vraies, mais nous savons aussi, quand il nous plaît, dire la vérité.

Ainsi parlèrent les Filles véridiques du grand Zeus, et elles me donnèrent un sceptre, un rameau de vert laurier admirable à cueillir ; et elles m’inspirèrent une voix divine, afin que je pusse dire les choses passées et futures ; et elles m’ordonnèrent de chanter la race des heureux Immortels, mais, elles-mêmes, de toujours les chanter au commencement et à la fin. Mais pourquoi rester autour du chêne et du rocher ?

Commençons par les Muses qui, du Père Zeus, en chantant, réjouissent la grande âme dans l’Olympe, et rappellent les choses passées, présentes et futures.

Elles chantent ensemble, et leur voix infatigable coule, suave, de leur bouche. Et elles rient, les demeures du Père Zeus tonnant, à la voix de lys et sonore des Déesses. Et il résonne, le faîte du neigeux Olympe, demeure des Immortels.

Élevant leur voix sacrée, elles célèbrent d’abord la race des Dieux vénérables que, dès l’origine, Gaia et le large Ouranos engendrèrent ; car de ceux-ci sont nés les Dieux, source des biens.

Puis, de nouveau, par Zeus, père des Dieux et des hommes, les Déesses commencent et finissent leur chant, disant qu’il est le plus fort des Dieux et le plus puissant. Enfin, la race des hommes et des Géants robustes, elles la chantent, et elles réjouissent l’âme de Zeus dans l’Olympe, les Muses Olympiades, filles de Zeus tempétueux.

Elle les enfanta dans la Piériè, s’étant unie au Père Kronide, Mnèmosynè, qui commandait aux collines d’Eleuthèr, pour être l’oubli des maux et la fin des peines. Pendant neuf nuits, uni à Mnèmosynè, le sage Zeus, loin des Immortels, monta sur le lit sacré ; mais, après une année, et le déroulement du cours des mois, et le passage de jours nombreux, elle enfanta neuf filles unanimes à qui la musique plaisait, et qui, dans leur sein, avaient un cœur tranquille. Et ce fut près du faîte du neigeux Olympe où se forment leurs Chœurs splendides et où sont leurs belles demeures. Auprès d’elles, dans les festins, se tiennent les Kharites et Iméros. Exhalant de leur bouche une voix aimable, elles chantent. Et les lois universelles et les coutumes vénérables des Immortels, elles les célèbrent d’une voix aimable.

Et elles montèrent dans l’Olympe, fières de leur belle voix et de leur chant ambroisien. Et de toutes parts retentissait la terre noire aux sons de leurs hymnes. Et, sous leurs pieds, un bruit charmant s’élevait, tandis qu’elles allaient vers leur Père qui règne dans l’Ouranos et qui porte le tonnerre et la foudre ardente, et qui, ayant dompté son père Kronos, ordonne avec équité de tous les Immortels et leur dispense les honneurs.

Voilà ce que chantaient les Muses qui ont des demeures Olympiennes, les neuf filles engendrées par le grand Zeus : Kléiô, et Euterpè, et Thaléia, et Melpomènè, et Terpsikhorè, et Ératô, et Polymnia, et Ouraniè, et Kalliopè qui excelle entre toutes les autres, car elle accompagne les Rois vénérables.

Quand les filles du grand Zeus veulent honorer un d’entre eux, dès qu’elles voient un de ces Rois nourris par Zeus venir au jour, elles mettent sur sa langue une douce harmonie, et les paroles coulent suaves de sa bouche, et les peuples le regardent tous, quand il dispense la justice par d’équitables jugements, et que, parlant avec adresse, il apaise tout à coup une grande dissension.

Et, en effet, les Rois prudents, à leurs peuples, dans l’Agora, font rendre tous les biens qu’on leur a enlevés ; et ils le font aisément, à l’aide de persuasives paroles. Et si l’un d’eux marche par la ville, comme un Dieu, il apaise par sa douce majesté, et il brille au milieu de la foule. Tel est le don sacré des Muses aux hommes.

C’est aux Muses, c’est à l’Archer Apollôn que sont dus, sur la terre, les Aoides et les Kitharistes ; mais les Rois viennent de Zeus. Et il est heureux celui que les Muses aiment ! Une douce voix coule de sa bouche. Si quelqu’un, l’âme blessée d’une récente douleur, s’attriste, gémissant dans son cœur ; qu’un Aoide, nourri par les Muses, célèbre la gloire des anciens hommes et loue les Dieux heureux qui habitent l’Olympe, aussitôt il oublie ses maux, et de ses douleurs il ne se souvient plus, car les dons des Déesses l’ont guéri.

Salut, filles de Zeus ! Donnez-moi votre chant qui ravit ! Célébrez la race sacrée des Immortels qui vivent toujours, et qui sont nés de Gaïa et d’Ouranos étoilé, et de la ténébreuse Nyx et de l’amer Pontos.

Dites comment sont nés les Dieux et Gaia, et les Fleuves, et l’immense Pontos qui bout furieux, et les Astres resplendissants, et, au-dessus, le large Ouranos, et les Dieux, source des biens qui naquirent d’eux ; et comment, s’étant partagé les honneurs et les richesses dès l’origine, ils s’emparèrent de l’Olympe aux nombreux sommets.

Dites-moi ces choses, Muses aux demeures Olympiennes, et quelles furent, au commencement, les premières d’entre elles.

Récit de la théogonie d’Hésiode.

Avant toutes choses fut Chaos, et puis Gaia au large sein, siège toujours solide de tous les Immortels qui habitent les sommets du neigeux Olympe et le Tartare sombre dans les profondeurs de la terre spacieuse, et puis Éros, le plus beau d’entre les Dieux Immortels, qui rompt les forces, et qui de tous les Dieux et de tous les hommes dompte l’intelligence et la sagesse dans leur poitrine.

Et de Chaos naquirent Érèbe (les Ténèbres) et la noire Nyx (la Nuit). Et, de Nyx, Ether (le Ciel supérieur) et Héméra (le Jour) naquirent, car elle les conçut, s’étant unie d’amour à Érèbe.

Et, d’abord, Gaia enfanta son égal en grandeur, l’Ouranos étoilé, afin qu’il la couvrit tout entière et qu’il fût une demeure sûre pour les Dieux heureux.

Et puis, elle enfante les hautes montagnes, fraîches retraites des divines Nymphes qui habitent les montagnes coupées de gorges, et puis la mer stérile qui bout furieuse, Pontos (les Flots) ; mais pour cela, ne s’étant point unie d’amour. Et puis, unie à Ouranos : elle enfante [les Titans] Okéanos aux tourbillons profonds, et Koios, et Kréios, et Hypériôn, et Iapétos, et Théia, et Rhéia, et Thémis, et Mnèmosynè, et Phoibè couronnée d’or, et l’aimable Téthys. Et le dernier qu’elle enfante fut le subtil Kronos, le plus terrible de ses enfants, qui prit en haine son père vigoureux.

Et elle enfanta aussi les Cyclopes au cœur violent, Brontès, Stéropès et le courageux Argès, qui remirent à Zeus le tonnerre et forgèrent la foudre. Et en tout ils étaient semblables aux autres Dieux, mais ils avaient un œil unique au milieu du font. Et ils étaient nommés Cyclopes, parce que, sur leur front, s’ouvrait un œil unique et circulaire. Et la vigueur, la force et la puissance éclataient dans leurs travaux.

Et puis, de Gaia et d’Ouranos naquirent trois autres fils, grands, très-forts, horribles à nommer, Kottos, Briaréôs et Gygès, race superbe. Et cent bras se roidissaient de leurs épaules, et chacun d’eux avait cinquante têtes qui s’élevaient du dos, au-dessus de leurs membres robustes. Et leur force était immense, invincible, dans leur grande taille. De tous les enfants nés de Gaia et d’Ouranos ils étaient les plus puissants. Et ils étaient odieux à leur père, dès l’origine. Et comme ils naissaient l’un après l’autre, il les ensevelissait, les privant de la lumière, dans les profondeurs de la terre. Et il se réjouissait de cette action mauvaise, et la grande Gaia gémissait en elle-même, pleine de douleur. Puis, elle conçut un dessein mauvais et artificieux.

La vengeance de Kronos.

Dès qu’elle eut créé la race du blanc acier, elle en fit une grande faux, et, avertissant ses chers enfants, elle les excita et leur dit le cœur plein de tristesse :

— Mes chers enfants, fils d’un père coupable, si vous voulez obéir, nous tirerons vengeance de l’action injurieuse de votre père, car, le premier, il a médité un dessin cruel.

Elle parla ainsi et la crainte les envahit tous, et aucun d’eux ne parla. Enfin, ayant repris courage, le grand et subtil Kronos répondit ainsi à sa mère vénérable :

— Mère, certes, je le promets, j’accomplirai cette vengeance. En effet, je n’ai plus de respect pour notre père, car, le premier, il a médité un dessein cruel.

Il parla ainsi, et la grande Gaia se réjouit dans son cœur. Et elle le cacha dans une embuscade, et elle lui mit en main la faux aux dents tranchantes, et elle lui confia tout son dessein. Et le grand Ouranos vint, amenant la nuit, et, sur Gaia, plein d’un désir d’amour, il s’étendit tout entier et de toutes parts. Et, hors de l’embuscade, son fils le saisit de la main gauche, et, de la droite, il saisit la faux horrible, immense, aux dents tranchantes. Et les parties génitales de son père, il les coupa rapidement, et il les rejeta derrière lui. Et elles ne s’échappèrent point en vain de sa main.

Toutes les gouttes qui en coulèrent, sanglantes, Gaia les recueillit ; et, les années étant révolues, elle enfanta les robustes Érinnyes et les grands Géants aux armes éclatantes, tenant en main de longues lances, et les Nymphes que sur la terre immense on nomme Mélies. Et les parties qu’il avait coupées Kronos les mutila avec l’acier, et il les jeta, de la terre ferme, dans la mer aux flots agités.

La naissance d’Aphrodite (Vénus).

Elles flottèrent longtemps sur la mer, et une blanche écume jaillit du débris immortel, et une jeune fille en sortit. Et, d’abord, vers la divine Kythérè celle-ci fut portée ; et, de là, dans Kypros entourée des flots.

Elle aborda, la belle et vénérable Déesse, et l’herbe croissait sous ses pieds charmants. Et elle fut nommée Aphrodite, la Déesse aux belles bandelettes, née de l’écume, et Kythéréia, par les Dieux et par les hommes. Aphrodite, parce que de l’écume elle avait été nourrie, et Kythéréia, parce qu’elle aborda Kythérè ; et Kyprigénéia, parce qu’elle arriva dans Kypros entourée des flots, et Philommèdéa, parce qu’elle était sortie des parties génitales.

Érôs l’accompagnait, et le bel Iméros la suivait, à peine née, tandis qu’elle se rendait à l’Assemblée des Dieux. Et, dès l’origine, elle eut cet honneur de présider, par le choix de la Moire, parmi les hommes et les Dieux immortels, aux entretiens des Vierges, aux sourires, aux séductions, au doux charme, à la tendresse et aux caresses.

Et il les surnomma les Titans, lui, le Père, le grand Ouranos, maudissant les fils qu’il avait engendrés, disant qu’ils avaient étendu la main pour commettre un grand crime dont il serait tiré vengeance dans l’avenir.

La descendance de Nyx (la Nuit).

Et Nyx enfanta l’odieux Môros et la Kèr noire et Thanatos. Elle enfanta aussi Hypnos et la foule des Songes. Et la divine et sombre Nyx ne s’était unie pour cela à aucun Dieu. Et puis, elle enfanta Mômos et Oizys plein de douleurs, et les Hespérides, à qui, par delà l’illustre Okéanos, les Pommes d’or sont confiées, et les arbres qui les portent. Et elle enfanta les Moires et les Kères inhumaines, Klothô, Lakhésis et Atropos, qui aux hommes mortels naissants dispensent les biens et les maux, et des hommes et des Dieux poursuivent les crimes, et ne renoncent jamais à leur colère inexorable qu’après avoir tiré du coupable une vengeance terrible.

Et puis elle enfanta Némésis, ce fléau des hommes mortels, la funeste Nyx ; puis Apatè et Philotès, et l’accablante Gèras et l’opiniâtre Éris. Et puis, l’odieuse Éris enfanta le dur Ponos, et Lèthè, et Loimos, et Algos par qui l’on pleure, et Ysminè, et Phonos, et les Batailles, et le Carnage des guerriers, et les Parjures, et les Paroles mensongères, et les Contestations, et le Mépris des Lois, et Atè, qui sont inséparables ; et Horkos, terrible aux hommes terrestres, et qui frappe si l’un d’eux tente de se parjurer.

Descendances.

Et Pontos (les Flots) engendra Néreus, véridique et ennemi du mensonge, le plus âgé de ses fils. On le nomme le Vieillard, parce qu’il est doux et véridique, et qu’il n’oublie point la justice, et que ses décisions sont équitables et sages. Et puis, Pontos engendra le grand Thaumas et le robuste Phorkys, et Kètô aux belles joues, après s’être uni à Gaia, et Eurybia, qui, dans sa poitrine, avait un cœur d’acier.

Et de Néreus naquit la race charmante des Déesses, dans la mer stérile, et de Dôris à la belle chevelure, fille du fleuve sans fin Okéanos : Prôtô, et Eukratè, et Saô, et Amphitritè, et Eudorè, et Thétis, et Galènè, et Glaukè, et Kymothoè, et la rapide Spéô, et la riante Thaliè, et la gracieuse Mélitè, et Euliménè, et Agavè, et Pasithéè, et Ératô, et Euneikè aux bras roses, et Dôtô, et Prôtô, et Phérousa, et Dynaménè, et Nèsaiè, et Aktaiè, et Protomédéia, et Dôris, et Panopè, et la belle Galatéia, et la charmante Hippothoè, et Hipponoè aux bras roses, et Kymodokè qui apaise aisément les flots de la noire mer et le souffle des vents sacrés, avec Kymatolègè et avec Amphitritè ornée de beaux pieds ; et Kymô, et Eionè, et Halimèdè richement couronnée, et la joyeuse Glaukonomè, et Pontoporéia, et Leiagorè, et Evagorè, et Laomédéia, et Poulynomè, et Autonoè, et Lysianassa, et Evarnè douée d’un aimable naturel et d’une forme parfaite, et Psamathè au beau corps, et la divine Ménippè, et Nésô, et Eupompè, et Thémistô, et Pronoè, et Némertès qui avait l’âme de son père immortel.

Ainsi, de l’irréprochable Néreus naquirent cinquante filles habiles aux irréprochables travaux.

Et Thaumas épousa la fille du très-profond Okéanos, Eléktrè, qui enfanta la rapide Iris et les Harpyes aux beaux cheveux, Aellô et Okypétè, qui égalaient la rapidité des vents et des oiseaux à l’aide de leurs promptes ailes, volant au travers de l’air.

Et Kètô donna à Phorkys les Graies aux belles joues, blanches dès leur naissance. Et c’est pour cela qu’elles sont nommées Graies par les Dieux immortels et par les hommes qui marchent sur la terre : Péphrèdô au beau péplos et Enyô au péplos couleur de safran ; et les Gorgones qui habitent au delà de l’illustre Okéanos, aux dernières extrémités, vers la nuit, où sont les Hespérides aux voix sonores ; les Gorgones Sthéinô et Euryalè, et Médousa accablée de maux. Et celle-ci était mortelle, mais les autres étaient immortelles et exemptes de vieillesse toutes deux. Et Poseidaôn aux cheveux noirs s’unit à Médousa dans une molle prairie, sur des fleurs printanières. Et lorsque Perseus lui eut coupé la tête, le grand Khrysaôr naquit d’elle, et le cheval Pégase aussi. Et celui-ci fut ainsi nommé parce que ce fut près des sources Okéaniennes qu’il naquit et celui-là parce qu’il tenait une épée d’or dans ses mains.

Et Perseus, s’envolant loin de la terre féconde en troupeaux, parvint jusqu’aux Dieux. Et il habite dans les demeures de Zeus, et il porte le tonnerre et la foudre du sage Zeus.

Et Khrysaôr engendra Géryôn aux trois têtes, s’étant uni à Kallirhoè, fille de l’illustre Okéanos. Mais la Force Hèrakléenne dépouilla Géryôn de ses armes et lui enleva ses bœufs aux pieds flexibles, dans Erythéiè entourée des flots, le jour même où il conduisit ces bœufs aux larges fronts dans la divine Tirynthos, ayant traversé la mer et tué Orthos et le bouclier Eurytiôn dans le noir enclos, au delà de l’illustre Okéanos.

Et Kallirhoè donna le jour à un enfant monstrueux, invincible, nullement semblable aux hommes mortels et aux Dieux immortels. Elle enfanta, dans un antre creux, la divine Ekhidna (Échidna) au cœur ferme, moitié nymphe aux yeux noirs, aux belles joues, moitié serpent monstrueux, horrible, immense, aux couleurs variées, nourri de chairs crues dans les antres de la terre divine. Et sa demeure est au fond d’une caverne, sous une roche creuse, loin des Dieux immortels et des hommes mortels ; car les Dieux lui ont donné ces demeures illustres. Et elle était enfermée dans Arimos, sous la terre, la morne Ekhidna, la Nymphe immortelle, préservée de la vieillesse et de toute atteinte. Et l’on dit que Typhaôn s’unit d’amour avec elle, ce Vent impétueux et violent, avec cette belle Nymphe aux yeux noirs.

Et elle devint enceinte, et elle enfanta le monstrueux et ineffable Kerbéros (Cerbère), chien d’Aidès, mangeur de chair crue, à la voix d’airain, aux cinquante têtes, impudent et vigoureux. Et puis elle enfanta l’odieuse Hydre de Lernaia, qui fut nourrie par la divine Hèrè aux bras blancs, pour servir sa haine insatiable contre la Force Hèrakléenne. Mais il la tua avec l’airain mortel, le fils de Zeus, l’Amphitryôniade, aidé du brave Iolaos, et d’après les conseils de la dévastatrice Athènaiè.

Et puis Ekhidna enfanta Khimaira (la Chimère) au souffle terrible, affreuse, énorme, cruelle et robuste. Elle avait trois têtes : la première d’un lion farouche, l’autre d’une chèvre, et la troisième d’un dragon vigoureux. Lion par le front, dragon par derrière, chèvre par le milieu, elle soufflait horriblement l’impétuosité d’une flamme ardente. Pégasos et le brave Bellérophontès la tuèrent.

Et puis Ekhidna enfanta la Sphinx, ce fléau des fils de Kadmos, après s’être unie à Orthos ; et puis le Lion Néméen que nourrit Hèrè, l’épouse vénérable de Zeus, et qu’elle plaça dans la fertile Néméiè, pour la ruine des hommes. Et là il ravageait les tribus des hommes, régnant sur le Trètos, Néméiè et l’Apésas. Mais la puissance de la Force Hèrakléenne le dompta.

Enfin, Kètô, unie d’amour à Phorkys, enfanta un serpent terrible qui dans les flancs de la terre noire, aux extrémités du monde, garde les Pommes d’or.

Telle est la race de Kètô et de Phorkys.

Et Téthys conçut d’Okéanos et enfanta les Fleuves tourbillonnants : Le Néilos, et l’Alphéios, et l’Eridanos aux tourbillons profonds, et le Strymôn, et le Méandros, et l’Istros au beau cours, et le Phasis, et le Rhèsos, et le Haliakmôn, et le Heptaporos, et le Grènikos, et l’Aisépos, et le divin Simoïs, et le Pènéios, et le Hermos, et le Kaikos au cours charmant, et le grand Saggarios, et le Ladôn, et le Parthénios, et l’Evénos, et l’Ardèskos et le divin Skamandros.

Et Téthys enfanta aussi la race sacrée des Nymphes qui, sur la terre, élèvent les jeunes hommes à l’aide du Roi Apollôn et des Fleuves, car elles ont reçu cette tâche de Zeus : Peithô, et Admètè, et Ianthè, et Eléktrè, et Dôris, et Prymnô, et Ouraniè semblable aux Déesses, et Hippô, et Klyménè, et Rhodia, et Kallirhoè et Zeuxô, et Klytiè, et Idya, et Pasithoè, et Plexaurè, et Galaxaurè, et l’aimable Diônè, et Mélobosis, et Thoè, et la belle Polydorè, et Kerkéis d’un heureux naturel, et Ploutô aux yeux de bœuf, et Perséis, et Ianeira, et Akastè, et Xanthè, et gracieuse Pétraiè, et Ménesthô, et Europè, et Métis, et Eurynomè, et Télestô au péplos couleur de safran et Krisiè, et Asiè, et l’aimable Kalypsô, et Eudorè et Tykhè, et Amphirô et Styx qui l’emporte sur toutes les autres.

Et elles sont nées de Téthys et d’Okéanos, ces Nymphes, les aînées de toutes, car il en est une multitude d’autres. Et, en effet, il y a trois mille filles rapides d’Okéanos dispersées sur la terre et dans les lacs profonds, et qui habitent de toutes parts, illustre race de Déesses. Et il y a autant de fleuves au cours retentissant, fils d’Okéanos, enfantés par la vénérable Téthys. Et il serait difficile à un homme de dire tous leurs noms ; mais ceux qui habitent leurs bords les connaissent tous.

Et Théia enfante le grand Hèlios et la luisante Sélènè, et Éôs (l’Aurore) qui apporte la lumière à tous les hommes terrestres et aux Dieux immortels qui habitent le large Ouranos. Et elle les enfanta, s’étant unie d’amour à Hypériôn.

Et Eurybiè, s’étant unie d’amour à Kréios, enfanta le grand Astraios et Pallas, car c’était une Déesse puissante, et Persès qui excellait dans tous les travaux. Éôs, unie à Astraios, enfanta les Vents impétueux : l’agile Zéphyros et le rapide Boréas, et Notos. Et elle les enfanta, s’étant unie à un Dieu. Puis, elle enfanta l’Étoile porte-lumière, née au matin, et les Astres resplendissants dont Ouranos est couronné.

Et Styx, fille d’Okéanos, unie à Pallas, enfanta, dans ses demeures, Zèlos et Nikè aux beaux pieds, et Kratos et Biè, ces enfants très-illustres. Et leur demeure et leur séjour ne les éloignent point de Zeus, et ils n’ont point d’autre chemin que celui où le Dieu les précède ; mais ils restent toujours auprès de Zeus qui tonne puissamment. Ainsi l’obtint Styx, l’incorruptible Okéanide, le jour même où le foudroyant Olympien appela tous les Dieux immortels dans le large Ouranos, leur disant qu’aucun des Dieux qui combattrait avec lui contre les Titans ne serait privé de récompenses, mais qu’il garderait les honneurs qu’il possédait déjà parmi les Dieux immortels. Et il dit que ceux qui de Kronos n’avaient eu ni honneurs ni récompenses recevraient ces honneurs et ces récompenses selon la justice.

Et, la première, Styx vint dans l’Olympos avec ses enfants, selon les conseils de son père bien-aimé ; et Zeus l’honora, et il lui fit des dons précieux, et il voulut qu’elle fût le grand Serment des Dieux et que ses enfants demeurassent toujours avec lui. Et de même, les promesses faites aux autres Dieux, il les tint, car il est très-puissant, et il règne.

Et Phoibè monta sur le lit désiré de Koios, et la Déesse fut enceinte par l’amour d’un Dieu, et elle enfanta Lètô au péplos bleu, toujours charmante, douce aux hommes et aux Dieux immortels, aimable dès sa naissance, et qui fit entrer la joie dans l’Olympe. Et Phoibè enfanta aussi l’illustre Astériè, que Persès autrefois, conduisit dans sa vaste demeure, afin qu’elle fût nommée son épouse. Et Astériè, devenue enceinte, enfante Hékatè, qu’entre toutes Zeus Kronide honora. Et il lui donna, pour sa part illustre, de commander sur la terre et sur la mer stérile. Déjà cette part lui avait été faite par Ouranos étoilé, et elle était très-honorée par les Dieux immortels.

Et en effet, aujourd’hui quand un des hommes terrestres fait, selon la coutume, des sacrifices expiatoires, il invoque Hékatè, et une grande faveur lui est accordée promptement, et la Déesse bienveillante exauce sa prière et le comble de richesses, car cela lui est facile.

Tous les honneurs que les enfants de Gaia et d’Ouranos ont reçus de la Moire, Hékatè (Hécate) les possède, car le Kronide ne lui enlevé ni la puissance ni aucun des honneurs qu’elle possédait sous les anciens Dieux Titans ; mais elle possède tout ce qui lui avait été accordé au commencement. Et parce qu’elle est fille unique, la Déesse est non moins honorée sur la terre et dans l’Ouranos que sur la mer ; et elle est encore plus puissante, parce que Zeus l’honore. Celui qu’elle veut aider magnifiquement, elle l’aide, et il brille dans les assemblées des hommes, si elle le veut. Quand les guerriers s’arment pour le combat terrible, alors la Déesse favorise qui elle veut, et à ceux-ci elle accorde une prompte victoire et elle donne la gloire.

Elle s’assied auprès des Rois vénérables, quand ils jugent. Quand les guerriers, réunis, se livrent aux luttes, la Déesse leur est propice et les aide. À celui qui l’emporte par son courage et sa force un beau prix est promptement accordé, et, joyeux, il donne la gloire à ses parents. Elle favorise les cavaliers, quand elle le veut ; et ceux qui fendent la glauque mer agitée, quand ils supplient Hékatè et le retentissant Poseidaôn, la Déesse illustre leur accorde aisément une proie abondante, ou, la leur montrant, elle la leur ravit aisément, si elle veut. Avec Hermès, elle multiplie, dans les étables, les troupeaux de bœufs, et les troupeaux de chèvres, et les troupeaux de brebis laineuses ; et, à son gré, elle en accroît le nombre ou le diminue. Enfin, comme elle est la fille unique de sa mère, elle est revêtue de tous les honneurs parmi les Dieux, et le Kronide en a fait la nourrice de tous les hommes qui, après elle, de leurs yeux verront la lumière de l’étincelante Éôs. Ainsi, dès le commencement, elle nourrit les jeunes hommes, et tels sont ses honneurs.

Naissance de Zeus et victoire sur son père Kronos.

Et Rhéia, domptée par Kronos, enfanta une illustre race : Istiè, Dèmètèr, Hèrè aux sandales dorées, et le puissant Aidès qui habite sous terre et dont le cœur est inexorable, et le retentissant Poseidaôn, et le sage Zeus, père des Dieux et des hommes, dont le tonnerre ébranle la terre large.

Mais le grand Kronos les engloutirait, à mesure que du sein sacré de leur mère ils tombaient sur ses genoux. Et il faisait ainsi, afin que nul, parmi les illustres Ouranides, ne possédât jamais le pouvoir suprême entre les Immortels. Il avait appris, en effet, de Gaia et d’Ouranos étoilé qu’il était destiné à être dompté par son propre fils, par les desseins du grand Zeus, malgré sa force. Et c’est pourquoi, non sans habileté, il méditait ses ruses et dévorait ses enfants. Et Rhéia était accablée d’une grande douleur.

Mais quand Zeus, père des Dieux et des hommes allait être enfanté par elle, elle supplia ses chers parents, Gaia et Ouranos étoilé, de lui enseigner par quels moyens elle cacherait l’enfantement de son cher fils, et elle pourrait punir les fureurs paternelles contre ses autres enfants que le grand et subtil Kronos avait dévorés. Et Gaia et Ouranos exaucèrent leur fille bien-aimée, et ils lui révélèrent quelles seraient les destinées et du Roi Kronos et de son fils magnanime.

Et ils l’envoyèrent à Lyktos, riche cité de la Krètè, au moment où elle allait enfanter le dernier de ses fils, le grand Zeus. Et la grande Gaia le reçut dans la vaste Krètè, pour le nourrir et l’élever. Et d’abord, elle le porta à travers la noire nuit à Lyktos ; Puis, le saisissant de ses mains, elle le cacha sous un antre élevé, dans les flancs de la terre divine, sur le mont Aragaios couvert d’épaisses forêts. Puis, ayant enveloppé de lange une pierre énorme, Rhéia la donna au grand Prince Ouranide, à l’antique Roi des Dieux. Et celui-ci la saisit et l’engloutit dans son ventre.

Insensé ! Il ne prévoyait pas dans son esprit que, grâce à cette pierre, son fils, invincible et en sûreté, survivrait, et, le domptant bientôt par la force de ses mains, lui ravirait sa puissance et commanderait lui-même aux Immortels. Et la vigueur et les membres robustes du jeune Roi croissaient rapidement. Et, le temps étant révolu, circonvenu par le conseil rusé de Gaia, le subtil Kronos rendit toute sa race, vaincu par les artifices et par la force de son fils.

Et, d’abord, il vomit la pierre qu’il avait avalée la dernière. Et Zeus attacha fortement celle-ci sur la terre spacieuse, sur la divine Pythô, au fond des gorges du Parnèsios, pour être un monument futur et une merveille pour les hommes mortels.

Et Zeus délivra de leurs chaînes accablantes ses oncles, les Ouranides, qu’avait enchaînés leur père en démence. Et ils lui rendirent grâce de ce bienfait, et ils lui donnèrent le tonnerre, et la blanche foudre, et l’éclair, que, jusque-là, la grande Gaia avait cachés dans son sein. Et, depuis, confiant dans ces armes, Zeus commande aux hommes et aux Dieux.

Le mythe de Prométhée.

Et Iapétos épousa l’Okéanide aux beaux pieds, Klyménè, et partagea le même lit qu’elle. Et elle enfanta le magnanime Atlas, et Ménoitios fier de sa gloire, et Promètheus subtil et rusé, et l’insensé Epimètheus qui fut, dès l’origine, funeste aux hommes industrieux ; car, le premier, il épousa une Vierge imaginée par Zeus. Pour l’injurieux Ménoitios, le prévoyant Zeus l’engloutit dans l’Érébos, le frappant de la blanche foudre, à cause de sa méchanceté et de son insolence orgueilleuse. Par une dure nécessité, Atlas soutient le large Ouranos, aux extrémités de la terre, en face des sonores Hespérides, se tenant debout. Et il le soutient de sa tête et de ses mains infatigables, car le prudent Zeus lui a fait cette destinée.

Et Zeus attacha par des chaînes solides le subtil Promètheus, et il l’attacha avec de durs liens autour d’une colonne. Et il lui envoya un aigle aux ailes déployées qui mangeait son foie immortel. Et il en renaissait autant, durant la nuit, qu’en avait mangé tout le jour l’oiseau aux ailes déployées. Mais le fils vigoureux d’Alkmènè aux beaux pieds, Hèraklès, tua l’aigle, et chassa ce mal horrible loin du Iapétionide, et le délivra de ce supplice. Et ce ne fut pas contre la volonté de Zeus Olympien qui règne dans les hauteurs, mais afin que la gloire de Hèraklès, né dans Thèbè, fût encore plus grande sur la terre nourricière. Ainsi, voulant honorer son très-illustre fils, il renonça à la colère qu’il avait conçue autrefois contre Promètheus qui avait lutté de ruses avec le puissant Kroniôn.

Et, en effet, quand les Dieux et les hommes mortels se disputaient dans Mèkônè, Promètheus montra un grand bœuf qu’à dessein il avait partagé, voulant tromper l’esprit de Zeus.

D’une part, les chairs et les entrailles gosses, il les mit dans la peau, en les recouvrant du ventre de l’animal ; et, de l’autre côté, avec une ruse adroite, les os blancs du bœuf, il les disposa habilement et les recouvrit d’une belle graisse. Et alors, le Père des Dieux et des hommes lui dit :

— Iapétionide ! Le plus illustre des princes, ô cher, que tu as fait des parts inégales !

Ainsi parla Zeus toujours plein de prudence. Et le subtil Promètheus lui répondit, souriant en lui-même, car il n’avait point oublié sa ruse :

— Très-glorieux Zeus, le plus grand des Dieux éternels, choisis de ces parts, celle que ton cœur te persuadera de choisir.

Il parla ainsi, plein de ruse ; mais Zeus, dans sa sagesse éternelle, ne se méprit point et reconnut cette fraude, et, dans son esprit, prépara des calamités aux hommes mortels ; et ces malheurs devaient s’accomplir. De l’une et l’autre main, il enleva la blanche graisse, et il s’irrita dans son esprit, et la colère envahit son cœur, dès qu’il eut vu les os blancs du bœuf et cette ruse adroite. Et c’est depuis ce temps que la race des hommes, pour les Dieux, brûle les os blancs sur les autels parfumés. Et alors, très-irrité, Zeus qui amasse les nuées lui dit :

— Iapétionide ! Très-habile entre tous, ô cher, tu n’as point oublié tes ruses adroites.

Et il parla ainsi, plein de colère, Zeus dont la sagesse est éternelle. Et depuis ce temps, se souvenant toujours de cette fraude, il refusa la force du feu inextinguible aux misérables hommes mortels qui habitent sur la terre.

Mais le fils excellent d’Iapétos le trompa encore, lui ayant dérobé une portion splendide du feu inextinguible qu’il cacha dans une férule creuse. Et il fut mordu au fond de son cœur, Zeus qui tonne dans les hauteurs ; et la colère ébranla tout son cœur, dès qu’il eut vu, parmi les hommes, resplendir l’éclat du feu. Et, à cause de ce feu, il les frappa d’une prompte calamité.

Et l’illustre Boiteux fit avec de la terre, par ordre du Kronide, une forme semblable à une chaste Vierge. Et Athènè aux yeux clairs l’orna et la recouvrit d’une blanche tunique ; et, sur sa tête, elle posa un voile ingénieusement fait et admirable à voir. Puis, une guirlande fleurie de fleurs nouvelles fut mise sur sa tête par Pallas Athènè. Et autour de son front une couronne d’or fut posée, qu’avait faite lui-même l’illustre Boiteux, qui l’avait travaillée de ses mains pour complaire au Père Zeus. Et, dans cette couronne, de nombreuses images étaient sculptées, admirables à voir, de tous les animaux que nourrissent la terre ferme et la mer. Et de ces images jaillissait une grâce resplendissante, admirable, et elles semblaient vivantes.

Et quand il eut formé cette belle calamité, en retour d’une bonne œuvre, il conduisit, là où étaient réunis les Dieux et les hommes, cette Vierge ornée par la Déesse aux yeux clairs, née d’un père puissant. Et l’admiration saisit les Dieux immortels et les hommes mortels, dès qu’ils eurent vu cette calamité fatale aux hommes. Car c’est d’elle que sort la race des femmes femelles, la plus pernicieuse race de femmes, le plus cruel fléau qui soit parmi les hommes mortels, car elles s’attachent, non à la pauvreté, mais à la richesse.

Et de même que les abeilles, dans leurs ruches couvertes de toits, nourrissent les frelons qui ne font que le mal, et que, pendant le jour, jusqu’au déclin de Hèlios, matinales, elles travaillent et font leurs cellules blanches, tandis que les frelons, pénétrant dans les ruches couvertes de toits, s’emplissent le ventre du fruit d’un travail étranger ; ainsi il donna ces femmes funestes aux hommes mortels, Zeus qui tonne dans les hauteurs, ces femmes qui ne font que le mal.

Et il leur envoya aussi une autre calamité, en retour d’une bonne œuvre. Celui qui, fuyant le mariage et le souci pénible des femmes, ne prend point d’épouse, s’il atteint la vieillesse lourde, sera privé des soins donnés au vieillard ; et, s’il n’a point vécu pauvre, du moins, à sa mort ses biens seront partagés entre ses parents éloignés. Pour celui que la Moire a soumis au mariage, s’il a une femme chaste et ornée de sagesse, sa vie n’en sera pas moins mêlée de bien et de mal ; pour celui qui aura épousé une femme d’un mauvais naturel, il aura dans sa poitrine une douleur sans fin, et son âme et son cœur seront la proie d’un mal irrémédiable ; car il n’est point permis de tromper Zeus, et on ne lui échappe point.

Ainsi Promètheus Iapétionide, qui n’était digne d’aucun châtiment, excita la lourde colère de Zeus, et, sous le coup de la nécessité, malgré toute sa science, il subit une chaîne pesante.

Dès que le Père Ouranos se fut irrité dans son cœur contre Briaréôs, Kottos et Gygès, il les lia d’une forte chaîne, et, admirant leur courage formidable, et leur beauté, et leur haute taille, il les renferma sous la terre large. Et là, sous la terre, pénétrés de douleurs, ils demeuraient aux extrémités de la vaste terre, gémissants, et le cœur plein d’une grande tristesse. Mais le Kronide et les autres Dieux immortels que Rhéia aux beaux cheveux avait conçus de Kronos les rendirent à la lumière, d’après les conseils de Gaia. Gaia, en effet, leur fit entendre longuement qu’à l’aide des Géants ils remporteraient la victoire et une gloire éclatante.

Le combat des Titans ou titanomachie.

Et ils combattirent longtemps, accablés de rudes travaux, les Dieux Titans et tous les Dieux nés de Kronos. Et ils se livraient des batailles terribles. Et, du sommet de l’Othrys, les Titans glorieux, et, du faîte de l’Olympe, les Dieux, source des biens, que Rhéia aux beaux cheveux avait conçus de Kronos, luttant les uns contre les autres avec de cruelles fatigues, combattaient sans relâche depuis plus de dix ans.

Et cette guerre n’avait ni trêve, ni fin, et elle se perpétuait entre eux à chances égales. Mais, quand Zeus offrit aux Géants ces mets excellents, le Nektar et l’Ambroisie, dont les Dieux eux-mêmes se nourrissent, un plus grand courage s’enfla dans leurs poitrines ; et quand ils eurent goûté le Nektar et l’Ambroisie, alors le Père des Dieux et des hommes leur parla ainsi :

— Écoutez-moi, illustre enfants de Gaia et d’Ouranos, afin que je vous dise ce que mon cœur m’inspire dans ma poitrine. Déjà, depuis trop longtemps, les uns contre les autres, pour la victoire et pour l’empire, nous combattons chaque jour, les Dieux Titans et nous qui sommes nés de Kronos. Mais vous, votre force immense et vos mains invincibles, employez-les contre les Titans dans la mêlée terrible. Souvenez-vous de notre douce amitié, et n’oubliez pas qu’après tant de maux, délivrés d’une lourde chaîne, vous avez été rendus à la lumière, par nos soins, du fond des ténèbres noires.

Il parla ainsi, et l’irréprochable Kottos lui répondit :

— Vénérable ! Nous n’ignorons point ce que tu dis, mais nous savons aussi combien tu excelles en sagesse et en intelligence. Loin des Immortels tu as repoussé un mal horrible, et, par ta prudence, du fond des ténèbres noires, nous sommes revenus sur nos pas, délivrés de nos rudes chaînes, ô Roi, fils de Kronos, après avoir souffert désespérément. Et c’est pourquoi, maintenant, d’un cœur ferme et dans une sage volonté, nous t’assurerons l’empire dans cette lutte cruelle, en combattant contre les Titans, au milieu des rudes combats.

Il parla ainsi et les Dieux, source des biens, applaudirent à ses paroles. Et leur cœur désira la guerre plus que jamais. Et tous engagèrent la violente bataille, en ce jour, tous, tant qu’ils étaient, mâles et femelles, les Dieux Titans et les Dieux né de Kronos, et ceux que Zeus avait rendus à la lumière du fond de l’Érébos souterrain, violents, robustes, possédant des forces infinies ; car cent bras se roidissaient de leurs épaules, et chacun d’eux avait cinquante têtes qui s’élevaient du dos, au-dessus de leurs membres robustes. Et opposés aux Titans dans cette guerre désastreux, ils portaient dans leurs mains solides d’énormes rochers. Et les Titans, de l’autre côté, affermissaient leurs phalanges avec ardeur, et la vigueur des bras et le courage éclataient des deux parts.

Et la mer immense résonna horriblement, et la terre mugissait avec force, et le large Ouranos gémissait, tout ébranlé, et le grand Olympe tremblait sur sa base au choc des Dieux ; et un vaste retentissement pénétra dans le Tartaros noir, bruit sonore des pieds, tumulte de la mêlée, et violence des coups.

Et, les uns contre les autres, ils lançaient les traits lamentables, et leur clameur confondue montait jusqu’à l’Ouranos étoilé, tandis qu’ils s’exhortaient et qu’ils se heurtaient avec de grands cris.

Et, alors, Zeus cessa de contenir ses forces, et son âme s’emplit aussitôt de colère, et il déploya toute sa vigueur, tandis que de l’Ouranos et de l’Olympe il se précipitait flamboyant. Et les foudres, avec le tonnerre et l’éclair, volaient rapidement de sa main robuste, roulant au loin la flamme sacrée. Et, de toutes parts, la terre féconde mugissait, flamboyante, et les grandes forêts crépitaient dans le feu, et toute la terre brûlait, et les flots d’Okéanos et l’immense Pontos s’embrasaient, et une chaude vapeur enveloppait les Titans terrestres. Et la flamme dans l’air divin montait largement, et les yeux des plus braves étaient éblouis par la splendeur irradiante de la foudre et de l’éclair.

Et l’immense incendie envahit le Khaos, et il semblait qu’on vît de ses yeux et qu’on entendit de ses oreilles le bouleversement de ces temps où, jadis, la terre et le large Ouranos élevé se heurtaient, lorsque, dans un retentissement sans bornes, l’une allait être fracassée par l’autre qui se ruait d’en haut, tant était horrible le bruit du combat des Dieux !

Et tous les Vents soulevaient avec rage des tourbillons de poussière, au bruit du tonnerre, des éclairs et de l’ardente foudre, ces traits du grand Zeus. Et ils jetaient leurs bruits et leurs clameurs à travers les deux partis. Et un immense fracas enveloppait l’effrayant combat, et la vigueur des bras se déployait des deux côtés.

Mais la victoire pencha. Jusque-là, se ruant les uns sur les autres, tous avaient bravement combattu dans le terrible combat ; mais alors, au premier rang, engageant une lutte violente, Kottos, Briaréôs et Gygès insatiable de combats, lancèrent trois cents rochers, de leurs mains robustes, coup sur coup, et ils embrasèrent de leurs traits les Dieux Titans, et, dans la profondeur de la terre large, ils les précipitèrent chargés de durs liens, ayant dompté de leurs mains ces adversaires au grand cœur. Et ils les enfoncèrent sous la terre, aussi loin que la terre est loin de l’Ouranos ; car l’espace est le même de la terre au noir Tartaros.

Roulant neuf nuits et neuf jours, une enclume d’airain, tombée de l’Ouranos, arriverait le dixième jour sur la terre ; et, roulant neuf nuits et neuf jours, une enclume d’airain, tombée de la terre, arriverait le dixième jour au Tartaros.

Un enclos d’airain l’environne, et la nuit répand murs d’ombre autour de l’ouverture, et, au-dessus, sont les racines de la terre et de la mer stérile. Et là, les Dieux Titans, sous le noir brouillard, sont cachés, par l’ordre de Zeus qui amasse les nuées, dans ce lieu infect, aux extrémités de la terre immense.

Et ce lieu n’a point d’issue. Poseidaôn en a fait les portes d’airain et un mur l’entoure de toutes parts ; et là, Gygès, Kottos et Briaréos au grand cœur habitent, sûrs gardiens de Zeus tempêtueux. Et là, de la terre sombre et du Tartaros noir, de la mer stérile et de l’Ouranos étoilé, sont rangées les sources et les limites, affreuses, infectes et détestées des Dieux eux-mêmes.

C’est un gouffre énorme, et, de toute une année, il n’en atteindrait pas le fond celui qui en passerait les portes ; mais il serait emporté çà et là par une impétueuse tempête, affreuse. Et il est horrible aux Dieux immortels eux-mêmes, ce gouffre monstrueux. Et là, de la nuit noire, la demeure horrible se dresse, toute couverte de sombres nuées.

À l’entrée, le fils d’Iapétos soutient le large Ouranos, debout, de sa tête et de ses mains infatigables, et plein de vigueur. Et Nyx et Hèméra vont tout autour, s’appelant l’une l’autre et passant tour à tour le large seuil d’airain. Et, en effet, l’une entre et l’autre sort, et jamais ce lieu ne les renferme toutes deux ; mais toujours, l’une existant hors de ce lieu, se meut sur la terre, et l’autre rentre, en attendant que l’heure du départ arrive. Et Hèméra apporte la lumière perçante aux hommes terrestres ; et, portant dans ses mains Hypnos, frère de Thanatos, vient à son tour la dangereuse Nyx enveloppée d’une nuée noire. Car c’est là qu’habitent les enfants de l’obscure Nyx, Hypnos et Thanatos, Dieux terribles. Et jamais le brillant Hèlios ne les éclaire de ses rayons, soit qu’il gravisse l’Ouranos, soit qu’il en descende. L’un, sur la terre et sur le large dos de la mer, tranquille, se promène, doux aux hommes ; mais le cœur de l’autre est d’airain, et son âme est d’airain dans sa poitrine, et il ne lâche point le premier qu’il a saisi parmi les hommes ; et il est odieux aux Immortels eux-mêmes.

Et, tout au fond, sont les demeures sonores du Dieu souterrain, du puissant Aidès et de la terrible Perséphonéiè.

Et un chien féroce, effroyable, en garde les portes, et, dans sa mauvaise ruse ceux qui entrent, il les flatte de la queue et des deux oreilles ; mais il ne les laisse plus sortir, et, plein de vigilance, il dévore tous ceux qui veulent repasser le seuil du puissant Aidès et de la terrible Perséphonéiè.

Et là habite aussi la Déesse effroyable aux Immortels, l’horrible Styx, fille aînée d’Okéanos au prompt reflux. Loin des Dieux, elle habite des demeures illustres, couvertes de rochers énormes, et dont l’enceinte est soutenue jusqu’à l’Ouranos par des colonnes d’argent.

Parfois, la fille de Thaumas, Iris aux pieds légers, vole en messagère sur le vaste dos de la mer, quand une querelle ou une dissension s’élève parmi Dieux. Si quelque habitant des demeures Olympiennes a menti, Zeus, alors, envoie Iris, pour le grand serment des Dieux, chercher au loin, dans une aiguière d’or, l’Eau fameuse, glacée, qui tombe d’une roche escarpée et haute.

Dans le sein de la terre spacieuse, l’Eau du Fleuve sacré devient, en coulant dans la nuit noire, un bras de l’Okéanos, et la dixième partie en est réservée. Les neuf autres, autour de la terre et du large dos de la mer, en tourbillons d’argent retombent dans la mer ; mais ce qui flue du rocher est le grand châtiment des Dieux.

Si, en faisant des libations, un Dieu s’est parjuré parmi les Immortels qui habitent le faîte du neigeux Olympe, il gît sans haleine toute une année, et il ne goûte plus ni l’Ambroisie, ni le Nektar ; mais, il gît sans haleine, et muet, sur son lit, et un affreux engourdissement l’enveloppe. Et quand son mal a cessé après une longue année, un autre tourment très-cruel le saisit.

Pendant neuf ans, il est relégué loin des Dieux éternels et jamais il ne se mêle ni à leurs conseils, ni à leurs repas. Et, la dixième année seulement, il prend part à l’assemblée des Dieux qui habitent les demeures Olympiennes.

Et ainsi les Dieux consacrèrent au Serment l’Eau incorruptible de Styx, cette Eau antique qui traverse ce lieu aride où, de la terre sombre et du Tartaros noir, et de la mer stérile, et de l’Ouranos étoilé, sont rangées les sources et les limites, affreuses, infectes, et détestées des Dieux eux-mêmes.

Et là sont les splendides portes et le seuil d’airain, immuable, construit sur de profondes bases et surgi de lui-même. Et devant ce seuil, loin de tous les Dieux, les Titans habitent, par delà le Khaos couvert de brouillards ; mais les illustres alliés de Zeus qui tonne fortement ont leurs demeures aux de l’Okéanos, — Gygès et Kottos. Pour le vigoureux Briaréôs, Poseidaôn qui frémit profondément en a fait son gendre, et il lui a donné Kymopoléia, sa fille, afin qu’il l’épousât. Et dès que Zeus eut chassé les Titans de l’Ouranos, la grande Gaia enfanta son dernier-né Typhôeus, ayant été unie d’amour au Tartaros par Aphroditè d’or.

Combat entre Zeus et Typhée.

Et elles étaient actives au travail les mains, et ils étaient infatigables les pieds du Dieu robuste. Et de ses épaules sortaient cinquante têtes d’un horrible Dragon, dardant des langues noires. Et des yeux de ces têtes monstrueuses, à travers les sourcils, flambait du feu, et de toutes ces têtes qui regardaient, jaillissait ce feu. Et des voix sortaient de toutes ces têtes affreuses, rendant des sons de toutes sortes, ineffables, semblables aux voix mêmes des Dieux, ou à la voix énorme d’un taureau mugissant et féroce, ou à celle d’un lion à l’âme farouche, ou, chose prodigieuse, à l’aboiement des petits chiens, ou au bruit strident des hautes montagnes.

Et peut-être qu’en ce jour une œuvre fatale eût été accomplie, et que Typhôeus eût commandé aux mortels et aux Immortels, si le Père des hommes et des Dieux ne l’eût compris aussitôt. Et il tonna avec puissance et avec force, et, de toutes parts, la terre reçut un ébranlement horrible, et, au-dessus d’elle, le large Ouranos, et Pontos, et Okéanos, et la profondeur de la terre.

Et sous les pieds immortels le grand Olympos chancela, quand le Roi se leva, et la terre gémit. Et, de tous côtés, se répandirent sur la noire mer, et la flamme, et le tonnerre, et l’éclair, et les tourbillons de feu du Monstre, des vents et de la foudre ardente.

Et toute la terre, et tout l’Ouranos, et toute la mer brûlaient, et les flots bouillonnaient au loin et le long des rivages, sous le choc des Dieux, et l’ébranlement était irrésistible.

Et il s’épouvanta, Aidès qui commande aux Morts ; et les Titans frémirent, enfermés dans le Tartaros, autour de Kronos, en entendant cette clameur inextinguible et ce terrible combat.

Et Zeus, ayant réuni toutes ses forces, saisit ses armes, le tonnerre, l’éclair et la foudre brûlante, et, sautant de l’Olympe, frappa Typhôeus. Et il incendia toutes les énormes têtes du Monstre farouche, et il le dompta lui-même sous les coups. Et Typhôeus tomba mutilé et la grande Gaia en gémit.

Et la flamme de la foudre jaillissait et du corps de ce Roi tombé dans les gorges boisées d’une âpre montagne. Et toute la terre immense brûlait dans une vapeur ardente, et coulait comme l’étain chauffé par les forgerons dans une fournaise à large gueule, ou comme le fer, le plus solide des métaux, dans les gorges d’une montagne, dompté par l’ardeur du feu, coule sur la terre divine, entre les mains de Hèphaistos. Ainsi, la terre coulait sous l’éclair du feu ardent, et Zeus, irrité, plongea Typhôeus dans le large Tartaros.

Et de Typhôeus sort la force des vents au souffle humide, excepté Notos, Boréas et le rapide Zéphyros, qui sont issus des Dieux, et toujours très-utiles aux hommes. Mais les autres vents, sans utilité, soulèvent la mer, et, se précipitant sur le noir Pontos, terrible fléau des hommes, ils forment des tourbillons violents. Et ils soufflent çà et là, et dispersent les nefs et perdent les matelots ; car il n’y a point de remède et la ruine de ceux qui les rencontrent sur la mer. Et sur la face de la terre immense et fleurie, les beaux travaux des hommes nés d’elle, ils les détruisent, les remplissant de poussière et d’un bruit odieux.

Règne définitif de Zeus ; sa descendance.

Cependant, après que les Dieux heureux eurent accompli leur œuvre, en luttant contre les Titans pour les honneurs et la puissance, ils engagèrent, par le conseil de Gaia, le prévoyant Zeus à régner et à commander aux Immortels. Et le Kronide leur partagea les honneurs avec équité.

Et, d’abord, le Roi des Dieux, Zeus, prit pour femme Mètis, la plus sage d’entre les Immortels et les hommes mortels. Mais, comme elle allait enfanter la déesse Athènè aux yeux clairs, alors, abusant son esprit par la ruse et par de flatteuses paroles, Zeus la renferma dans son ventre, par les conseils de Gaia et d’Ouranos étoilé.

Et ils le lui avaient conseillé, pour que la puissance royale ne fût possédée par aucun des autres Dieux éternels que Zeus ; car il était dans la destinée que, de Mètis, naîtraient de sages enfants, et, d’abord, la Vierge Tritogénéia aux yeux clairs, aussi puissante que son père et aussi sage. Puis, un fils, roi des Dieux et des hommes, devait être enfanté par Métis et posséder un grand courage. Mais, auparavant, Zeus la renferma dans son ventre afin que la Déesse lui donnât la science du bien et du mal.

Et puis, il épousa la splendide Thémis, qui enfanta les Heures, Eunomiè, Dikè et la florissante Eirènè, qui mûrissent les travaux des hommes mortels ; et les Moires, à qui Zeus, très-sage, accorda les plus grands honneurs, Klôthô, Lakhésis et Atropos, qui donnent aux hommes mortels de posséder les biens ou de subir les maux.

Et Eurynomè enfanta les trois Kharites aux belles joues, elle, l’Okéanide, qui avait une beauté parfaite : Aglaiè, Euphrosynè et l’aimable Thaliè. Et le désir, émanant de leurs paupières, énerve les forces ; et leurs regards sont doux sous leurs sourcils.

Puis, Zeus entra dans la couche de Dèmètèr qui nourrit toutes choses, et celle-ci enfanta Perséphonéiè aux beaux bras, que Aidôneus enleva à sa mère et que lui accorda le sage Zeus. Puis, Zeus aima Mnèmosynè aux beaux cheveux, de qui sont nées les Muses ceintes de mitres d’or, les neuf Muses à qui plaisaient les festins et la douceur du chant.

Et Lètô enfanta Apollôn et Artémis joyeuse de ses flèches, les plus beaux parmi les Ouraniens, et elle les enfanta s’étant unie à Zeus tempêtueux.

Enfin, Zeus épousa la dernière, la splendide Hèrè qui enfanta Hèbè, Arès et Eieithyia, après s’être unie au Roi des Dieux et des hommes. Et lui-même fit sortir de sa tête Tritogénéia aux yeux clairs, ardente, excitant le tumulte, conduisant les armées, indomptée, vénérable, à qui plaisent les clameurs, les guerres et les mêlées. Mais Hèrè, sans s’unir à Zeus, enfanta l’illustre Hèphaistos. Elle enfanta usant de ses propres forces et luttant contre son époux, Hèphaistos, habile dans les arts entre tous les Ouraniens.

Et d’Amphitritè et du retentissant Poseidâon naquit le grand et puissant Tritôn qui, de la mer, habite la profondeur, auprès de sa mère bien-aimée et de son père royal, dans les demeures d’or du grand Dieu.

Et d’Arès, briseur de boucliers, Kythéréia conçut Phobos et Deimos, Dieux violents, qui dispersent les phalanges des guerriers, dans la guerre horrible, et accompagnent Arès destructeur des cités. Et elle enfanta aussi Harmoniè, que le magnanime Kadmos épousa.

Et, de Zeus, la fille d’Atlas, Maiè, conçut le glorieux Hermès, héraut des Dieux, après être montée sur le lit sacré.

Et la fille de Kadmos, Sémélè, enfanta un fils illustre, s’étant unie à Zeus, le joyeux Dionysos. Mortelles, elle enfanta un Immortel, et, maintenant, tous deux sont Dieux.

Et Alkmènè enfanta la Force Hèrakléenne, s’étant unie à Zeus qui amasse les nuées.

Et l’illustre Hèphaistos, qui boite des deux pieds, épousa l’éclatante Aglaiè, la plus jeune des Kharites.

Et Dionysos aux cheveux d’or épousa la blonde Ariadnè, fille de Minôs, et il l’épousa dans la fleur de la jeunesse, et le Kroniôn la mit à l’abri de la vieillesse et la fit Immortelle.

Et le robuste fils d’Alkmènè aux beaux pieds, lui, la Force Hèrakléenne, épousa Hèbè, après ses terribles travaux. Il épousa cette fille du grand Zeus et de Hèrè aux sandales dorées, Hèbè, la chaste Déesse, dans le neigeux Olympe. Heureux, après avoir accompli d’illustres actions, parmi les Dieux il habite, immortel, et à l’abri de la vieillesse.

Et, de l’infatigable Hèlios, l’illustre Okéanide Perséis, conçut Kirkè et le prince Aiètès. Et Aiètès, fils de Hèlios qui donne la lumière aux hommes, épousa la fille du fleuve sans fin Okéanos, d’après le conseil des Dieux, l’illustre Idyia aux belles joues, qui enfanta Mèdéia aux beaux pieds, s’étant unie à Aiètès, et domptée par Aphroditè d’or.

Et, maintenant, salut, vous qui avez des demeures Olympiennes, et vous, Iles, Continents, gouffres salés de Pontos !

Héros nés de l’union d’une déesse et d’un mortel.

Et, maintenant, chantez harmonieusement, Muses Olympiades, filles de Zeus tempêtueux, la foule de ces Déesses qui, ayant partagé le lit d’hommes mortels, bien qu’immortelles, enfantèrent une race semblable aux Dieux.

Dèmètèr, la plus illustre des Déesses, enfanta Ploutos, s’étant unie d’amour au héros Iasios, en un champ trois fois labouré, dans la fertile Krètè, le bon Ploutos qui va par toute la terre et sur le large dos de la mer. Et tout homme qu’il rencontre ou qui vient à lui, il le fait riche et il lui donne une grande félicité.

Et, de Kadmos, Harmoniè, fille d’Aphroditè d’or, conçut Inô, Sémélè, Agavè aux belles joues, et Autonoè, qu’Aristaios aux cheveux épais épousa. Et elle enfanta aussi Polydôros, dans Thèbè ceinte de belles murailles.

Et la fille d’Okéanos, au magnanime Khrysaôr unie d’amour par Aphroditè d’or, Kallirhoè, enfanta le plus illustre des mortel Gèryôn, que tua la Force Hèrakléenne, à cause des bœufs aux pieds flexibles, dans Erythéia entourée des flots.

Et Éôs donna à Tithôn Memnôn au casque d’airain, prince des Aithiopiens, et le roi Hèmathiôn. Et, de Képhalos, elle conçut un fils illustre, le brave Phaéthôn, homme semblable aux Dieux, qui, orné de la fleur de sa brillante jeunesse, ne songeait qu’aux jeux enfantins. Mais Aphroditè, qui aime les sourires, en fit, l’ayant enlevé, le gardien nocturne de ses temples, tel qu’un génie divin.

Et par la volonté des Dieux éternels, l’Aisonide enleva la fille du prince Aiètès nourri par Zeus, après avoir subi de pénibles et nombreux travaux que lui avait imposés le grand prince orgueilleux Péliès, injurieux, impie et coupable de grands crimes. Et l’Aisonide revint dans Iolkos, après avoir beaucoup souffert, emportant dans sa nef rapide la belle jeune fille aux yeux noirs qu’il épousa dans sa florissante beauté, et qui, domptée par Iasôn, pasteur des peuples, enfanta Mèdéios que le Phillyride Kheirôn éleva sur les montagnes. Et ainsi s’accomplissait la volonté du grand Zeus.

Et la fille de Nèreus, le Vieillard de la mer, Psamathè, la plus illustre des Déesses, enfanta Phôkos, unie à Aiakos par Aphroditè d’or.

Et la Déesse Thétis aux pieds d’argent, domptée par Pèleus, enfanta Akhilleus au cœur de lion, le plus indomptable des hommes.

Et Kythéréia à la belle couronne enfanta Ainéias, après s’être unie d’amour au héros Ankhisès, sur le faîte de l’Ida aux nombreuses gorges et couvert de forêts.

Et Kirkè, fille de Hèlios Hypérionide, conçut du patient Odysseus Agrios et l’irréprochable et robuste Latinos, qui, tous deux, dans la retraite des îles sacrées, commandent à tous les illustres Tyrrhéniens.

Et Kalypsô, la plus illustre des Déesses, conçut d’Odysseus Nausithoos et Nausinoos, après s’être unie d’amour.

Et, ainsi, ayant partagé le lit d’hommes mortels, ces Immortelles conçurent des enfants semblables aux Dieux.

Et, maintenant, chantez harmonieusement la foule des autres femmes, ô Muses Olympiades, filles de Zeus tempêtueux !

Modif. le 16 octobre 2021

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