Press "Enter" to skip to content

Le taoïsme : définition et principes fondamentaux

4.86/5 (44)

Le taoïsme : définition. Quels sont les fondements de la philosophie taoïste ? Voici une définition du taoïsme ainsi que ses principes fondamentaux.

Le taoïsme est une philosophie religieuse fondée par Lao Tseu au VIème siècle avant J-C. C’est, avec le confucianisme et le bouddhisme, l’un des trois piliers de la philosophie chinoise.

Le canon taoïste se compose de trois livres :

  1. le Tao Te King de Lao Tseu (Livre de la Voie et de la Vertu),
  2. les œuvres de Tchouang Tseu (Zhuangzi, Classique véritable de Nanhua),
  3. les œuvres de Lie Tseu (Vrai classique du vide parfait).

Comme son nom l’indique, le taoïsme se fonde sur le tao : la source de toutes les choses. Le taoïsme a d’abord pour objet de comprendre le tao. Il s’agit ensuite d’adopter une éthique de vie conforme au tao : c’est la voie à suivre.

Le taoïsme est une philosophie « totale » qui touche à la fois à la métaphysique, à la cosmologie, à la psychologie, à l’éthique, ou encore à la philosophie politique.

Après avoir défini le tao, nous tenterons de décrire quelques-uns des principes fondamentaux du taoïsme :

  • l’équilibre des forces,
  • le non-agir et le calme mental,
  • le naturalisme,
  • le refus du discours et de la morale,
  • une certaine forme d’anarchisme.

Voici donc exposés les principes fondamentaux du taoïsme ainsi qu’une définition de la philosophie taoïste.

Le taoïsme : définition du tao.

Le tao est le principe à l’origine de toutes les choses. Innommable, inexprimable car éternel, infini et intangible, le tao est présent partout et englobe tout.

Le tao est la Grande Source qui génère toute chose, la matrice originelle qui précède les choses différenciées.

Le Tao est tel un puits :
sans cesse utilisé mais jamais tari.
Il est comme le vide éternel :
empli d’infinies possibilités.
Il est caché mais toujours présent.
Je ne sais qui lui a donné naissance.
Il est plus ancien que Dieu.
Tao Te King, 4

Par extension, le tao désigne aussi la “voie” : c’est le chemin du tao, c’est-à-dire la pensée et l’action vertueuses, équilibrées, conformes au tao.

Lire notre article sur le tao dans le taoïsme (définition)

L’équilibre des forces, principe fondamental du taoïsme.

Le Tao Te King est un texte rempli de paradoxes, par exemple :

Si tu veux être entier,
laisse-toi être partiel.
Si tu veux être droit,
laisse-toi être tordu.
Si tu veux être plein,
laisse-toi être vide.
Si tu veux renaître,
laisse-toi mourir.
(…) Le Maître, parce qu’il n’a aucun but,
réussit tout ce qu’il fait.
Tao Te King, 22

Ces paradoxes décrivent la voie centrale qui permet d’équilibrer les forces à l’oeuvre. En effet, le tao génère les forces opposées du yin et du yang. L’harmonie se fait par l’union des contraires, car la dualité fonde l’unité.

Gigantesques, belles, trompeuses ou étranges, toutes les choses obéissent à un principe commun qui les rassemble dans une seule et même unité.
Tchouang Tseu, Chapitre 2

Il s’agit bien d’une dualité et non d’un dualisme : les contraires sont issus d’un même principe (le tao) et les éléments de chaque paire d’opposés sont en réalité complémentaires : il ne doivent pas être jugés en bien ou en mal, ni en vrai ou en faux.

Ce qui fait dire que le taoïsme est un relativisme absolu :

Quelle différence y a-t-il entre oui et non ?
Quelle différence y a-t-il entre succès et échec ?
Tao Te King, 20

Toute dénomination juste est en même temps fausse et, réciproquement, toute dénomination fausse est en même temps juste.
Tchouang Tseu, Chapitre 2

Lire aussi notre article sur le chi, énergie vitale du taoïsme.

Une éthique de vie fondée sur le non-agir et le calme mental.

L’éthique de vie taoïste consiste à harmoniser son être avec le tao, ce qui implique lâcher-prise et spontanéité.

Concrètement, il s’agit de pratiquer le non-agir, qui consiste à placer son action dans l’ordre des choses, sans se forcer, sans rien attendre pour soi-même.

Le non-agir suggère, non pas une absence d’action, mais une action naturelle, douce et équilibrée, en conformité avec le tao, c’est-à-dire avec les lois de la nature.

Il s’agit de se tenir au centre, au point d’équilibre des principes opposés. Car tout décentrage risque de se traduire par un mouvement de balancier inverse. Par exemple, le désir de posséder mène à la souffrance de ne pas avoir suffisamment.

La sagesse taoïste consiste donc en un détachement par rapport aux choses, ce qui n’est pas sans rappeler la philosophie stoïcienne : il faut accepter l’ordre des choses, vivre son destin de manière ouverte et impassible.

Il s’agit aussi et surtout de se détacher de ses propres pensées.

Suivre le cours des choses et achever son oeuvre sans même en avoir conscience, tel est, pour moi, le mode de fonctionnement des choses.
Tchouang Tseu, Chapitre 2

Arrête de penser, finis-en avec tes problèmes.
Tao Te King, 20

Sois content de ce que tu as ;
réjouis-toi de la réalité telle qu’elle est.
Quand tu comprends que rien ne manque,
le monde entier t’appartient.
Tao Te King, 44

Le naturalisme dans le taoïsme : définition.

Le taoïsme est un naturalisme : le tao est la nature elle-même, dans toute sa diversité et son unité. La nature existe par elle-même, elle est immanente.

Comme dans la sympatheia des stoïciens, tout ce qui arrive est conforme aux lois naturelles, tous les événements sont interdépendants, tout est vide d’existence propre.

La vacuité du tao fonde la dynamique de la nature-cosmos, changeante et impermanente :

Si tu comprends que tout change,
il n’est rien auquel tu tenteras de t’attacher.
Tao Te King, 74

Le taoïsme prône aussi l’harmonie avec la nature et le retour à une forme de vie primitive, lente, simple et authentique. Il rejette toute forme de technique visant à domestiquer la nature.

Le refus du discours et de la morale.

Le taoïsme refuse toute forme de discours moralisateur ; il s’éloigne en cela de la philosophie occidentale de tradition antique.

En effet, le discours ne fait que complexifier inutilement les choses et découper la réalité en concepts hasardeux.

Qui connaît l’éloquence sans paroles et le discours muet, qui vraiment les connaît, atteint au trésor du Ciel.
Tchouang Tseu, Chapitre 2

Les discours sont vains car tout énoncé est relatif. Le traitement philosophique des grandes questions métaphysiques est voué à l’échec.

La vertu consiste au contraire à oublier les raisonnements pour s’unir au tao.

Le taoïsme : un anarchisme ?

Pour compléter la définition du taoïsme, il faut aborder sa dimension politique, qui est fondamentale dans les textes.

Le taoïsme peut être considéré comme un anarchisme en ce sens qu’il rejette l’autorité et le pouvoir des dirigeants.

Dans cette vision, toute tentative de diriger le peuple est vouée à l’échec : vouloir contrôler la population ou amener les gens à faire ce qui est contraire à leur inclination naturelle serait contre-productif.

Essaie de rendre les gens heureux,
et tu poses les fondements de la misère.
Essaie de rendre les gens vertueux,
et tu poses les fondements du vice.
Ainsi le Maître se contente
de servir d’exemple
et de ne pas imposer sa volonté.
Tao Te King, 58

Le taoïsme appelle le peuple à ne pas attendre son salut des dirigeants, juge mauvaise toute ambition politique, rejette tous ceux qui veulent s’octroyer le monopole de la morale et de la justice alors que ces valeurs doivent être cultivées au sein même de la population.

Au final, les taoïstes considèrent que seule l’autorégulation des individus peut mener au bonheur et à l’harmonie.

Lire notre article : Anarchisme et taoïsme : points communs.

Pour aller plus loin sur le taoïsme et sa définition.

  • Le Tao Te King, de Lao-tseu, traduit par Stephen Mitchell. Le Tao Te King est un joyau de l’humanité, un texte qui accompagne le cherchant durant toute sa vie. Cette traduction, moderne, accessible et poétique, et sans doute la meilleure.
  • Les Oeuvres de Maître Tchouangde Tchouang-tseu, traduit par Jean Levi. Une magnifique traduction qui rend hommage à la beauté du texte original, sans se perdre dans les lourdeurs rébarbatives.
  • Le traité du Vide Parfait, de Lie Tseu, traduit par Jean-Jacques Lafitte.

Modif. le 29 août 2021

Vous pouvez noter cet article !