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Tao Te King 30 : la paix civile

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Tao Te King 30 : analyse du 30ème verset du Livre de la Voie et de la Vertu. Pourquoi faut-il renoncer à contrôler, à combattre ou à convaincre ?

Ce chapitre évoque la meilleure manière de gouverner le peuple, de façon à éviter les troubles et la guerre civile.

Il s’agit de renoncer à contrôler et à convaincre. Car tenter d’exercer une emprise sur les gens est toujours contre-productif : cela ne ferait que réveiller la colère et les rancœurs.

Ainsi, le bon gouvernant ne fait-il qu’accompagner le cours des choses. Épousant l’évolution naturelle de la société, il devient un exemple pour tous.

Voici donc Tao Te King 30, texte et signification de ce verset.

Tao Te King 30 : texte traduit.

Entre parenthèses : traduction alternative.

Qui fait confiance au Tao pour gouverner les hommes
n’essaie pas de forcer les choses
ou de défaire ses ennemis par la force des armes.

(En n’exaltant pas les sages, on empêche le peuple de se disputer.)
A toute force, il y a une force opposée.
La violence, même bien intentionnée,
frappe toujours en retour.

Le Maître fait son travail,
puis s’arrête.
Il comprend que l’univers
est à jamais hors de contrôle,
et qu’essayer de dominer les événements
va contre le courant du Tao.
Parce qu’il croit en lui-même,
il n’essaie pas de convaincre les autres.
Parce qu’il se satisfait de lui-même,
il n’a pas besoin de l’approbation des autres.
Parce qu’il s’accepte lui-même,
le monde entier l’accepte.

Tao Te King 30 : la paix civile.

Nous avons-là une nouvelle approche du non-agir, cette fois appliquée à l’art de gouverner.

Pour Lao-tseu, le bon dirigeant n’est pas celui qui gouverne selon ses intérêts ou sa propre vision des choses, il n’est pas celui qui prend parti, il n’est pas non plus celui qui tente de changer les choses ou de lutter contre le cours des événements, mais celui qui se contente d’accompagner ses sujets dans les épreuves de la vie.

Tout gouvernant devrait essayer de comprendre son peuple, de le rassembler, de le rassurer et de l’assister au mieux. Il n’est pas nécessaire d’exercer un autre type d’influence.

Cette vision peut sembler passive, en tous cas contradictoire avec la vision occidentale de l’exercice du pouvoir, dans laquelle le dirigeant prend parti, s’affirme contre ses adversaires, montre l’étendue de sa vertu et de son pouvoir.

Pour Lao-tseu, prendre parti revient à donner du pouvoir aux partisans de l’ordre inverse : « à toute force, il y a une force opposée ».

On l’a compris, l’art de gouverner consiste à cultiver l’harmonie dans la société, ce qui implique que le peuple prenne au maximum son destin en main : nous avons là l’amorce d’une idéologie anarchiste.

Notons que l’anarchisme ne prône pas le désordre, mais un ordre sans autorité, sans aliénation, une sorte de société auto-régulée et harmonieuse dans laquelle les dirigeants se tiendraient en retrait, simplement garants de l’équilibre général de la nation.

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Modif. le 3 septembre 2020

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