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La sympatheia des stoïciens : le monde en tant qu’être vivant

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Qu’est-ce que la sympatheia des stoïciens ? Que recouvre la sympathie stoïcienne ? Définition et interprétation de cette vision novatrice de l’univers.

Sympatheia est un mot grec qui signifie co-affection.

La sympatheia est le concept par lequel les stoïciens décrivent l’univers et les interactions entre les différents éléments qui le composent.

Pour rappel, le stoïcisme, né en Grèce en 301 avant J-C, est une doctrine philosophique qui invite à accepter les choses telles qu’elles sont (voir aussi notre article sur le stoïcisme) :

  • le stoïcisme est un déterminisme : les phénomènes se succèdent selon le principe de causalité,
  • le stoïcisme est un monisme : le cosmos est un Tout ; esprit et matière sont indissociables,
  • le stoïcisme est un panthéisme : Dieu est la Nature elle-même, dans toute son unité. Dieu est immanent.

Voici une définition de la sympatheia selon les stoïciens.

La sympatheia : une définition du cosmos selon les stoïciens

Le mot sympatheia résume à lui-seul la cosmologie stoïcienne.

La « sympathie » stoïcienne se fonde d’abord sur l’idée que l’univers ne connaît qu’une seule et unique cause : le souffle divin, ou sympnoia.

La sympnoia est le souffle qui est à l’origine de Tout et qui explique la sympatheia.

C’est ce souffle qui fait l’unité du monde, en le parcourant et en maintenant ses parties en cohésion. Autrement dit, ce souffle est une force, une pensée et une raison qui contient tout et crée une sympathie entre toutes les parties du monde.

Pour le stoïcien Posidonios, ce souffle est celui de Zeus, âme omnisciente du monde.

Différenciation et unité

La sympatheia réunit la différenciation dans l’unité.

Toutes les parties du monde se trouvent à la fois séparées et unies par l’action du souffle.

Le souffle permet donc la cohésion intime des parties distinctes dans le Tout en garantissant les échanges et la communication entre elles.

En d’autres termes, tout, dans l’univers, est lié à tout, et pourtant tout est individué, séparé.

La sympatheia est donc à la fois union et séparation, tout et partie. Ce paradoxe fonde le monde. Il introduit des notions importantes :

  • la dualité : à la différence du dualisme, la dualité reconnaît le caractère inséparable et complémentaire des parties,
  • l’équilibre,
  • l’harmonie : les parties communient et vibrent ensemble,
  • la continuité : cette continuité est cependant plus cyclique que linéaire,
  • la réciprocité,
  • l’égalité (entre les parties),
  • l’amour : c’est cette force qui attire et qui rassemble tous les éléments.

L’univers est donc une substance malléable, un ensemble mouvant, cohérent, en recomposition permanente.

La sympatheia : causalité et liberté

La sympatheia repose sur l’enchaînement causal et l’interdépendance : tout ce qui arrive est conforme aux lois naturelles et universelles, tous les événements (et parties du monde) sont liés, imbriqués, nécessaires.

Il s’agit donc d’une vision déterministe « spiritualisante » selon laquelle les phénomènes de l’univers sont conditionnés et ordonnés par le souffle. La conséquence de cela est que l’homme n’est pas libre : c’est son ignorance qui l’amène à se croire autonome et séparé de son environnement.

Ainsi, tout a un sens : le destin régit le monde, et il ne sert à rien de vouloir s’opposer à lui. Vouloir entrer en résistance contre l’ordre des choses ne mènerait qu’à l’échec et à la souffrance. Il faut donc accepter les choses telles qu’elles sont.

Il n’y a pas non plus de notion de bien et de mal, puisque tout est conforme à la loi universelle.

La substance du Tout est docile et plastique. La raison qui la règle n’a en elle-même aucun motif de mal faire, car elle n’a rien de mauvais, ne fait aucun mal et ne cause aucun dommage à rien. Tout naît et s’achève par elle. Marc-Aurèle

Du macrocosme au microcosme

Pour Posidonios, philosophe stoïcien grec et principal penseur de la sympatheia, le monde est comme un grand être vivant.

Citations de Posidonios :

  • L’univers est un corps unifié.
  • Le monde est un tout sympathique à lui-même. 
  • Dans le cas de corps unifiés, il existe une certaine sympathie, puisque, lorsque le doigt est coupé, le corps entier en est affecté.
  • A noter que Karl Reinhardt (1886-1958) a consacré deux ouvrages à la sympatheia de Posidonios.

La sympatheia porte en elle la notion de similitude : les caractéristiques d’une partie sont similaires à celles du Tout, ce qui n’est pas sans évoquer le couple microcosme-macrocosme :

  • le macrocosme est le « grand monde » : l’univers tout entier,
  • le microcosme est le monde à échelle réduite, ou « petit monde » à l’image du grand monde.

Le microcosme possède toutes les valeurs du cosmos, mais il est imparfait et limité. L’être humain est un exemple de microcosme. Or, connaître une partie, c’est connaître le Tout, car chaque partie contient en elle l’ordre de l’Univers tout entier.

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Modif. le 18 mars 2024

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