Le symbolisme de la résurrection : quelle est sa signification ? Comment l’interpréter ? Tentative d’analyse à travers quatre exemples mythiques.
La résurrection, la renaissance, le relèvement ou la régénération sont au coeur de nombreuses traditions mythologiques, spirituelles et religieuses.
La résurrection évoque le stade final d’une quête d’amour et de connaissance : c’est l’abandon d’un état ancien pour un état nouveau, plus lumineux. L’autre rive est atteinte.
Mais l’entrée dans ce monde nouveau ne se fait pas sans difficulté : elle nécessite effort, abnégation, sacrifice, dépassement de soi ; elle implique de vaincre ses peurs et son égoïsme.
Pour espérer renaître, il faut donc accepter de mourir. Il faut franchir le « mur de feu », renoncer à soi-même : c’est là la principale épreuve.
La résurrection évoque l’immortalité, mais aussi la connaissance, la sagesse et la paix intérieure : c’est l’atteinte du royaume de Dieu.
Entrons dans le symbolisme de la résurrection.
Le phénix qui renaît de ses cendres
Le symbolisme de la résurrection est indissociable du phénix. Le phénix est un oiseau de feu mythique dont on retrouve la légende dans de nombreuses cultures et traditions :
- dans l’Egypte ancienne : il évoque le bénou, oiseau solaire symbolisant l’âme du dieu Rê. Rê voyage chaque nuit dans la barque solaire qui lui permet de traverser les ténèbres pour renaître triomphant le lendemain.
- en Grèce antique, dans la droite ligne de la mythologie égyptienne.
- dans l’empire romain, le phénix se décompose pour renaître, évoquant le voyage de l’âme des morts vers l’au-delà.
- dans le judaïsme, c’est le mythe de l’oiseau Khôl, seul être à avoir refusé de manger du fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ce qui lui donne la vie éternelle. Tous les 1000 ans, son nid prend feu et le consume, laissant apparaître un nouvel œuf.
- en Perse : un conte soufi du XIIIème siècle évoque des oiseaux en quête d’amour et de connaissance qui tentent de rejoindre la cour de leur Roi.
- dans le christianisme, le phénix a souvent été associé à la résurrection du Christ.
- dans les contes russes : l’Oiseau de feu (pan aux couleurs rougeoyantes) est l’objet d’une quête, qui commence généralement par la découverte d’une plume perdue.
Le phénix est donc un oiseau magique qui trouve en lui-même la source de la régénération et donc de l’immortalité : quand il sent sa fin venir, il brûle son nid, bat des ailes pour attiser les flammes et accepte sa fin. Une fois réduit en cendres, il renaît sous la forme d’un œuf ou d’un oisillon. Il se trouve donc à la fois identique et renouvelé, régénéré.
Au final, le phénix évoque la Lumière, le pouvoir du soleil et celui du feu destructeur et créateur.
Le symbolisme de la résurrection dans le mythe d’Osiris
Le mythe d’Isis et Osiris est le plus célèbre de l’Egypte ancienne.
Osiris, dieu et roi d’Egypte, sage et intelligent, est victime d’un complot : au cours d’un banquet, son frère Seth propose d’offrir un précieux sarcophage à celui dont le corps s’y adaptera le mieux. Osiris ayant été invité à s’y allonger, les traîtres referment le couvercle et jettent le sarcophage dans les eaux du Nil. Osiris se noie et Seth prend sa place sur le trône. Osiris rejoint alors le monde de l’Au-delà, dont il devient le souverain.
Isis, la sœur et épouse d’Osiris, part ensuite sur les traces d’Osiris. Selon certaines légendes, elle retrouve le sarcophage sur un rivage, enserré dans l’arbre de Vie. Elle extrait et cache le corps d’Osiris, mais Seth le retrouve et le découpe en un grand nombre de morceaux qu’il répand à travers l’Egypte.
Isis entreprend de retrouver les morceaux et de recomposer le corps d’Osiris, y compris son phallus qu’elle doit reconstituer après qu’il ait été mangé par un poisson. Osiris reprend alors vie pour s’accoupler avec Isis, donnant naissance au futur roi Horus, qui détrônera plus tard Seth.
Ce mythe égyptien fondamental est riche en symboles. La reconstitution du corps d’Osiris évoque le retour de l’unité et de l’harmonie, ouvrant un nouveau cycle de vie prenant racine dans la mort.
Le destin d’Osiris évoque l’évolution de l’âme sur le chemin de la libération : c’est la traversée de la mort, qui se solde par la victoire sur l’injustice. Osiris s’est sacrifié pour transmettre son pouvoir à son fils Horus.
Jésus et la résurrection
L’histoire de l’arrestation, de la condamnation, de la mort et de la résurrection du Christ est bien connue.
Jésus accepte de donner sa vie pour que la Vérité et l’Amour éclatent au grand jour à travers son exemple. Son choix de se donner sans résister lui impose d’abord de surmonter sa peur et sa tristesse. Il aura ensuite à subir l’humiliation et la souffrance physique. Il est plus tard confronté au doute et à l’abandon de ses disciples. Enfin, il agonise dans de terribles conditions.
Malgré sa souffrance et son désespoir, Jésus ressort vainqueur de l’épreuve : la résurrection est la victoire sur la mort et sur le péché. C’est le preuve que la voie de l’Amour et du pardon est la seule qui permette de triompher, la seule qui mène à la vie éternelle : elle ouvre le Royaume de Dieu.
Le sacrifice de Jésus invite chacun à renoncer à lui-même pour trouver le chemin de la libération et de la sérénité.
Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Matthieu 16, 24
Remarque : La résurrection de Jésus est parfois symbolisée par le phénix ou le coq. Par son chant, le coq annonce la dissipation des ténèbres et le retour de la Lumière. Lire notre article sur le symbolisme du coq.
Le mythe d’Hiram dans la tradition maçonnique
Le symbolisme de la résurrection se retrouve au coeur du 3ème degré du rite écossais ancien et accepté (REAA), à travers la légende d’Hiram.
Hiram est l’architecte en chef du Temple de Salomon. Profondément sage, il connaît les secrets de la construction du Temple.
Selon la légende maçonnique, Hiram est l’objet d’un complot fomenté par trois mauvais compagnons représentant l’ignorance, le fanatisme et l’ambition. Les mauvais compagnons ne réussissant pas à obtenir les secrets, ils tuent Hiram. Le cadavre de ce dernier est retrouvé sous une branche d’acacia.
Au cours du rituel d’élévation au 3ème degré du REAA, le postulant est invité à vivre la scène en se mettant à la place d’Hiram : il reçoit trois coups et tombe. Par cette intériorisation, il éprouve la même peur, la même injustice. Le postulant est ensuite relevé par les cinq points parfaits de la maîtrise pour se « réincarner » en la personne d’Hiram… à moins que ce ne soit Hiram qui se réincarne en lui.
En réalité, il ne s’agit pas d’une résurrection à proprement parler, mais d’une renaissance des qualités d’Hiram à travers la personne du nouveau maître. Ici la transmission se fait par l’exemple vécu, intériorisé, incarné.
Lire aussi notre article : Hiram et Jésus, similitudes et différences
Pour aller plus loin :
Modif. le 10 avril 2024