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Le symbolisme de la Mer d’airain

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La Mer d’airain du Temple de Salomon : quel symbolisme ? quelle utilité ? Comment interpréter la Mer de bronze dans l’Ancien Testament ?

La Mer d’airain ou « mer de bronze » est un élément important du Temple de Salomon, décrit en détail dans la Bible, plus précisément dans l’Ancien Testament :

Il fit la Mer, bassin en métal fondu, de dix coudées de diamètre [environ 4,40 mètres], car son pourtour était circulaire. Elle avait cinq coudées de haut. Un cordeau de trente coudées en aurait fait le tour.

En dessous du bord, des coloquintes, tout autour, dix par coudées, encerclaient la Mer. Les coloquintes étaient disposées sur deux rangées, fondues ensemble avec la Mer.

La Mer était dressée sur douze bœufs : trois faisaient face au nord, trois faisaient face à l’ouest, trois faisaient face au sud, trois faisaient face à l’est. La Mer reposait directement dessus, leurs arrière-trains tournés vers l’intérieur.

L’épaisseur de la Mer était d’une largeur de paume, son rebord était comme le bord d’une coupe, en forme de fleur de lis. Sa contenance était de deux mille mesures.

1 Rois 7, 23-26

Toujours dans le chapitre 7 du premier Livre des Rois, il est précisé que c’est Hiram, « artisan en bronze », qui est le bâtisseur de la Mer d’airain.

On retrouve la même description de la Mer d’airain dans le deuxième Livre des Chroniques, chapitre 4, versets 2 à 5.

La Mer d’airain était donc un imposant bassin circulaire en bronze, situé dans la cour du temple, utilisé par les prêtres pour se purifier avant d’accomplir leurs fonctions rituelles. L’appellation « mer » évoque clairement l’immensité.

Ce bassin possède une riche signification symbolique liée à la purification, à la Création, ou encore à la relation entre Dieu et son peuple.

Entrons dans le symbolisme de la Mer d’airain.

Le symbolisme de la Mer d’airain est d’abord lié à la purification, une purification qui se fait par le biais de l’eau contenue dans le bassin.

L’eau permet de laver, d’abandonner ses souillures et donc de renaître sous une forme meilleure. Cette purification est nécessaire pour voir Dieu, pour pouvoir s’approcher de lui.

L’eau est donc le symbole de la purification spirituelle et de la régénération nécessaires pour entrer en communion avec Dieu, ce qui rappelle le baptême chrétien.

Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai.
Ézéchiel 36, 25

L’eau délivre des passions, des préjugés, de l’erreur, de la haine, de la peur, des superstitions ou encore de l’idolâtrie.

A noter que dans l’Ancien Testament, l’eau est aussi un symbole de jugement (cf. le Déluge).

La Mer d’airain peut également être vue comme une représentation symbolique des eaux primordiales de la Création, autrement dit le chaos primordial que Dieu vient ordonner. Elle représenterait donc la maîtrise de Dieu sur le chaos et sa souveraineté sur la matière.

Le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux.
Genèse 1, 2

Par sa taille, son volume et son caractère circulaire, la Mer d’airain évoque l’infini de la Création. On peut y voir une demi-sphère faite de métal (la matière) et d’eau (la vie), l’autre demi-sphère étant invisible et pouvant représenter l’Esprit divin.

Ainsi, la Mer d’airain est telle une coupe ou une main (la main de Dieu) qui contient toute la Création. C’est encore l’oeuf cosmique, symbole de naissance et de vie, d’ailleurs souvent associé à l’eau, à la Source, à la fontaine ou encore au Tao.

La Mer d’airain repose sur douze bœufs tournés vers les quatre points cardinaux (nord, sud, est, ouest), pouvant représenter les douze tribus d’Israël ou le zodiaque (Talmud).

Les douze bœufs prêts à marcher dans toutes les directions suggèrent que la Mer d’airain s’étend à l’infini : c’est le signe de l’universalité de l’œuvre de Dieu.

Les bœufs, symboles de force et de travail, peuvent en outre représenter la stabilité et la puissance de Dieu.

La Mer d’airain, située dans la cour du Temple, marque la transition entre l’extérieur profane et l’intérieur sacré, constitué du Saint et du Saint des saints.

Avant de pénétrer dans le Temple, il est nécessaire de se mettre en condition, d’abandonner ses mauvaises pensées pour rencontrer Dieu. L’individu doit opérer une transformation intime ; en l’occurrence, il doit visiter ses propres pensées pour extraire ce qui fait obstacle à Dieu.

L’eau est le symbole du psychisme humain, le but étant de parvenir à une eau pure, limpide, prête à laisser passer la Lumière.

Hiram, bâtisseur de la Mer d’airain, est artisan bronzier. Le bronze ou airain est un alliage de cuivre et d’étain ou argent. Dans l’Ancien Testament, ce métal est associé à Dieu et à son pouvoir de justice et de guérison, voire d’immortalité :

Et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! »

Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie !

Livre des Nombres 21, 8-9

Surtout, l’airain est symboliquement issu du mariage des contraires. En effet, le cuivre est associé au feu et au Soleil, alors que l’argent est associé à la Lune et à l’eau. On retrouve là les deux demi-sphères évoquées plus haut.

Au final, la Mer d’airain appelle à une transformation, à un travail sur soi en vue d’approcher Dieu. De la même manière que l’artisan bronzier travaille les métaux pour leur donner forme et noblesse, le croyant doit se transmuer intérieurement pour espérer entrevoir ce qui le dépasse…

Modif. le 31 octobre 2024

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