Symbolisme et franc-maçonnerie : en quoi les symboles nourrissent-ils la démarche maçonnique ? En quoi peuvent-ils aider le franc-maçon dans sa quête de vérité ? Voici une planche au 1er degré.
« Ici tout est symbole. » Cette citation de Goethe prononcée lors de l’initiation annonce une certaine manière d’aborder le travail maçonnique.
Rappelons d’abord le sens étymologique du mot symbole : sumbolon en grec ancien désigne un objet qui, partagé en deux, servait de signe de reconnaissance entre les seules personnes capables d’en reconstituer l’unité.
Le sens de ce mot a évolué pour représenter un concept qui unit quelque chose de connu à quelque chose d’inconnu.
L’utilisation de symboles dans toute recherche relève d’une démarche intellectuelle. Procédant par analogies successives, le symbolisme, inhérent à l’homme, être social et culturel, est générateur, créateur de pensée.
De par sa fonction créatrice, ouverte et poétique, le symbolisme est un outil qui permet l’élévation de l’esprit. Il ouvre une fenêtre sur une autre dimension de la réalité, il est le langage de la mémoire de l’homme, la conscience de l’humanité. Il parle aux sens, à l’intelligence, à l’entendement. Notre langage symbolique est un trait d’union entre l’imaginaire, l’émotionnel, l’affectif et le spirituel.
Laissant à la vérité sa part de liberté, ses espaces d’ombres, ses incertitudes, le symbolisme maçonnique est exempt de tout dogmatisme. Il suggère des interprétations philosophiques ou idéologiques multiples. Sorte d’espéranto spirituel, le symbolisme s’acquiert avec le temps et se vit tout au long du parcours initiatique.
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Symbolisme et franc-maçonnerie
Si les symboles maçonniques sont invariants, leur interprétation est multiple et concrétise le caractère adogmatique de l’ordre maçonnique. Leur interprétation est donc infinie, chacun pouvant s’arrêter là où il veut, là où il peut. Le symbolisme est donc aussi l’apprentissage de la tolérance.
La multiplicité, la variabilité des interprétations pourraient aboutir à une structure instable, divergente. Ce serait alors voir le symbolisme comme un but, alors qu’il n’est qu’un moyen.
En réalité, les symboles apparaissent comme le moyen de l’union par excellence, le ciment qui unit tous les franc-maçons, qui les entraine sur les mêmes voies de recherche. Ils forment ainsi une énergie qui appelle la mobilisation d’autres énergies.
Le symbolisme aide à la culture de l’esprit, à la formation de la personnalité et ainsi, à la préparation d’hommes libres aptes à rétablir l’ordre dans le désordre et à rassembler ce qui est épars. Il maintient une discipline efficace, heureuse dans ses conséquences, qui fait régner dans les discussions la bonne harmonie, le respect de l’autre, la confiance réciproque.
Construire le « temple » est le but de tout franc-maçon. Pour cela, il est nécessaire de posséder de bons outils et de bien s’en servir. Or le symbolisme est un outil durable qui transcende le temps et l’espace.
Les trois stades du symbolisme
On peut parler de trois étages du symbolisme, en rapport avec les périodes physiologiques de l’individu.
Chez les nourrissons et dans sa prime enfance, l’homme attache une importance capitale à deux grands régimes de symboles : celui de se nourrir ou d’être nourri, celui de ne pas tomber et de se redresser. Ne pourrait-on voir là une analogie avec le premier degré ?
Dans la deuxième période, la grande enfance et l’adolescence, l’apport éducatif du milieu façonne la personnalité. L’étude du langage, de l’écriture, l’apprentissage des règles de la société et de la morale sont basés sur des systèmes symboliques.
Enfin la troisième période concerne le symbolisme à l’état d’adulte, qui est l’aboutissement des états précédents.
A longueur de jour et de nuit, dans son langage ou dans ses rêves, qu’il s’en aperçoive ou non, tout homme utilise les symboles. Leur agencement, leur interprétation intéressent presque toutes les disciplines et toutes les sciences. Cependant, chaque maçon a sa propre conception des symboles, et cette conception varie à l’infini.
Le symbolisme et les franc-maçons
Symbolisme et franc-maçonnerie sont indissociables. Or certains franc-maçons sont passionnés de symbolisme et travaillent activement cette matière, alors que d’autres son plus réticents à l’approfondir, préférant l’approche philosophique ou logique à l’analogie. Au delà de ces différences, on ne peut nier que le symbole agit sur la personnalité de tous les franc-maçons.
La formation du franc-maçon se fait au contact de personnes ayant subi les mêmes initiations et pratiquant les mêmes rituels. Le symbolisme en vient à se pratiquer de manière inconsciente, même chez ceux qui ne sont pas ouverts à l’exercice.
Lors des tenues maçonniques, les sens sont en éveil et l’esprit à l’écoute ; le symbolisme opère et la transformation se produit. Le maçon forme sa culture, son entendement, son jugement à l’audition des planches des frères, et travaille à ses propres morceaux d’architecture. Il établit des ponts, dresse des parallèles, compare des propositions. Il en vient à se rattacher à des symboles simples qui lui permettront, peu à peu, de trouver un fil conducteur dans sa pensée, pour réaliser au final qu’il existe un point de correspondance entre toutes les choses.
Ce chemin s’avère plus ou moins évident, plus ou moins clair, mais il se fait. Il est fondé à la fois sur la raison et l’intuition. Le travail, les apports et les découvertes créent de nouveaux chemins de pensée, les symboles pénètrent l’inconscient et finissent par devenir conscients. De fait, le symbole a cette propriété exceptionnelle de pouvoir synthétiser dans une expression sensible toutes les influences du conscient et de l’inconscient. Alors, il devient Lumière.
Le symbolisme est vivant, libre, non figé dans la manière dont on peut l’aborder. Il traverse les siècles, se transmet de génération en génération. Sa supériorité sur l’écriture et sur la parole doit permettre à tous les franc-maçons de s’approprier et de transmettre, comme un flambeau, les outils de l’universalité.
Le propre du symbole est de rester indéfiniment suggestif : chacun y voit ce que sa puissance visuelle (et intellectuelle) lui permet de percevoir. Faute de pénétration, rien de profond n’est perçu.
Oswald Wirth
Pour aller plus loin sur symbolisme et franc-maçonnerie :
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Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.
Modif. le 5 juin 2024