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Le symbolisme de l’âne

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Le symbolisme de l’âne : interprétation. Quelle est sa signification profonde ? Qu’évoque cette espèce d’équidés ?

L’âne n’a pas le panache de son lointain cousin le cheval. Il a même mauvaise réputation. Il délaisse les grandes routes et prend les sentiers. Il est par excellence l’animal synonyme de bêtise et d’entêtement.

Pourtant, le symbolisme de l’âne ne s’arrête pas là. L’âne est à bien des égards un animal complexe, largement utilisé dans toutes les formes d’art, tant est si bien qu’il nourrit une symbolique riche, évoquant autant l’humilité que la résistance, le dévouement ou la persévérance.

L’âne se fait passer pour un ignorant, mais a en réalité accès à la profondeur des choses, voire aux mystères divins.

Entrons dans le symbolisme de l’âne.

Historiquement, notre histoire commune avec l’âne commence il y a 7000 ans. C’est en Egypte, dans la vallée du Nil, que l’homme domestique l’âne sauvage d’Afrique, Equus africanus, qui donnera l’âne commun, Equus asinus.

Dans l’Antiquité égyptienne, les ânes étaient vénérés et considérés comme des animaux sacrés. C’est ce qu’indique la découverte de statues à leur effigie dans différents tombeaux et temples. Pour autant, l’étude de squelettes de ces animaux retrouvés au cours de la même période souligne l’existence de déformations caractéristiques attestant qu’ils avaient portés le lourdes charges.

Ainsi, dès sa domestication, pour les marchandises ou les humains, l’âne est un animal porteur : porteur d’hommes, de marchandises, mais aussi de sens. Cela se retrouve dans les textes sacrés.

Dans le christianisme, c’est sur le dos d’un âne que Marie voyage jusqu’à Bethléem. L’animal est présent dans l’étable quand naît Jésus. A ce titre, dans la crèche, à Noël, il s’installe aux côtés de Marie et Joseph. Selon les évangiles, Jésus monte aussi un âne à son arrivée à Jérusalem. Le symbolisme de l’âne est alors évident : il porte ce qu’il y a de plus grand et de plus précieux.

Dans les autres religions, l’âne est également représenté. Le judaïsme en fait un fait un symbole d’humilité et de travail. Dans le Coran, l’âne est également mentionné comme un animal utile et bénéfique. Le prophète Mahomet possédait un âne nommé Ya’Foor qu’il aimait pour sa patience et sa fidélité.

Au-delà de la religion, l’âne occupe une place de choix dans les domaines artistiques et culturels. Des fables de La Fontaine au cinéma en passant par les contes, les romans ou les dessins animés, l’âne se dessine comme un animal travailleur – sinon besogneux – indépendant mais fidèle.

Ainsi, l’âne Rucio accompagne sans ciller Sancho Panza, l’écuyer de Don Quichotte dans le roman de Cervantes.

Georges Orwell, dans La ferme des animaux, fait de Benjamin un vieil âne cynique, sage et lucide. Il fait partie des rares animaux ayant pu apprendre à lire. Il finit par comprendre la véritable situation de la ferme mais reste silencieux, comme s’il ne voulait donner à personne de faux espoirs.

Charles Perrault encore fait de l’animal un personnage central de Peau d’Âne. L’âne produit alors des pièces d’or.

En politique, l’âne de couleur bleu est utilisé aux Etats-Unis comme symbole du parti démocrate en opposition à l’éléphant de couleur rouge du parti républicain. Ce symbole remonte à l’élection de 1828, quand Andrew Jackson, candidat, s’est fait surnommé « Jackass » par les Républicains (« bourricot »). Le candidat a retourné la situation en sa faveur en plaçant l’âne sur ses affiches de campagne, symbole de loyauté et de persévérance, par la suite il devint le premier président démocrate des États-Unis.

L’animal est encore le symbole de la Catalogne. Placé devant les couleurs du drapeau, l’âne catalan apparaît comme le symbole de la volonté d’indépendance de cette région et se différencie du taureau traditionnellement rattaché à l’Espagne.

De la famille des équidés, l’âne fait partie des grands animaux. Si on le compare au cheval, il possède un corps et des membres plus larges dû à une ossature plus forte. Son encolure est également plus massive et sa tête plus grande, proportionnellement à son corps. Sa queue est quant à elle plus courte et davantage semblable à celle de ses ancêtres.

Enfin, on ne peut décrire l’âne sans évoquer ses longues oreilles qui surplombent son imposante tête au front plat. Tout comme le cheval, il dispose de grands yeux expressifs et de larges nasaux.

Sur la base de ces éléments, le symbolisme de l’âne est plus profond qu’il n’y paraît.

L’âne est en outre un amoureux des grands espaces. En enclos, il a un tempérament fugueur, notamment s’il s’ennuie. Pour autant, l’âne n’est pas un animal qui fuie devant la difficulté. En cas de danger, il fait un pas de côté pour observer et mieux analyser la situation. Telle est sa méthode qui trouve son origine dans son habitat désertique qui rend la fuite précipitée impossible.

L’âne est un animal sensible, intelligent, doux et dévoué. Sa mauvaise réputation lui vient du fait qu’il obéit difficilement. Doté d’une excellente mémoire, il nourrit des rancœurs tenaces et des haines solides à qui lui inflige de mauvais traitements.

Dans La mule du pape, Alphonse Daudet narre l’histoire de la vengeance de la mule du vieux Pape Boniface qui garde sept ans son coup de pied à l’encontre de Tistet Védène qui l’avait maltraité. L’âne est également têtu et méfiant. L’animal est en fait à l’aise dans le temps long.

Servant à la fois de compagnon de travail ou de symbole culturel, l’âne rappelle à l’Homme des valeurs telles que la modestie, l’humilité, la patience et la persévérance. Dans le comte Les musiciens de Brême, les frères Grimm racontent l’histoire d’un âne qui prend son destin entre ses sabots. Voyant qu’il vieillit et que son maître veut se débarrasser de lui, l’âne cherche une nouvelle vie et décide de fuguer vers la route de Brême pour vivre son nouveau rêve, devenir musicien. Il rencontre un vieux chien de chasse au destin identique. « Sais-tu, dit l’âne, je vais à Brême pour y devenir musicien ; viens avec moi et fais-toi engager dans l’orchestre municipal. Je jouerai du luth et toi de la timbale ».

Sur la route, ils rencontrent ensuite un chat et un coq. Les quatre animaux terrorisent des voleurs et prennent leur place dans une maison. Ils ne deviennent pas musiciens mais coulent des jours tranquilles…

Modif. le 23 janvier 2025

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