Soufre, Mercure et Sel en alchimie : quelle est la signification de ces trois principes de la triade alchimique ? Quels symboles associés ? Quelle correspondance avec le Corps, l’Âme et l’Esprit ?
Cet article fait partie de la série alchimique :
- L’alchimie spirituelle : définition (1/10)
- Un-le-Tout : définition et signification (2/10)
- Le Soleil et la Lune en alchimie (3/10)
- L’Eau et le Feu en alchimie (4/10)
- Les 4 éléments et leur signification (5/10)
- Soufre, Mercure et Sel en alchimie (6/10)
- Le symbolisme des métaux et des planètes (7/10)
- L’Oeuvre au noir (8/10)
- L’Oeuvre au blanc (9/10)
- L’Oeuvre au rouge (10/10)
Avant d’aborder le Soufre, le Mercure, le Sel et leur signification respective, rappelons que l’alchimie conçoit la création comme un tout unitaire : c’est ce que traduit le concept d’Un-le-Tout.
Un-le-Tout est formé de deux énergies opposées mais complémentaires :
- le Soleil, force de vie active, consciente, organisatrice,
- la Lune, force de vie passive, aveugle et spontanée.
Sur cette base, les quatre éléments Feu, Air, Eau et Terre peuvent être vus comme les différents états d’Un-le-Tout :
- la Terre est la matière première chaotique, dans laquelle toutes les énergies sont amalgamées. Sur le plan humain, la Terre correspond au Corps,
- l’Eau est la Nature aveugle, force de vie sauvage qui a vocation à être maîtrisée, ou, sur le plan humain, l’Esprit* en tant que mental non-maîtrisé ou psychisme inconscient,
- l’Air est le cosmos organisé, ou, sur le plan humain, l’Esprit* éclairé et conscient (l’homme éveillé),
- le Feu est l’Âme du monde, l’esprit divin : c’est la conscience absolue, le centre de Tout, la force solaire pure.
* En alchimie, l’Esprit correspond à ce que nous appelons l’âme, c’est-à-dire le psychisme humain.
Les quatre éléments peuvent être classés du plus épais (la Terre) au plus subtil (le Feu) comme expliqué dans notre article sur les 4 éléments alchimiques.
A présent, il est possible de combiner ces quatre éléments ou états entre eux pour former trois principes dans une perspective plus dynamique :
- le Soufre : c’est l’expression de l’influence solaire sur les éléments,
- le Mercure : c’est l’expression de l’influence lunaire sur les éléments,
- et le Sel : il exprime une influence d’équilibrage sur les éléments.
Les 3 principes Soufre, Mercure et Sel constituent les « trois mondes » ou la « triade alchimique » :
- dans le macrocosme : Dieu, Nature et Terre,
- dans le microcosme : Âme, Esprit et Corps,
- sur le plan astral : Soleil, Lune et Terre.
Voici leurs symboles associés :
Entrons dans la signification du Soufre, du Mercure et du Sel en alchimie.
Soufre, Mercure et Sel en alchimie : définitions
Tout d’abord, précisons que le Soufre, le Mercure et le Sel n’ont rien à voir avec les éléments chimiques du même nom : l’alchimie n’est pas la chimie.
En alchimie, le Soufre, le Mercure et le Sel ne sont pas des états de la matière, mais des influences (positive, négative ou neutre). Ce sont donc des « principes » (on parle parfois de « principes créateurs ») et non des « états ».
Concrètement :
- le Soufre est un principe actif, qui a la capacité de brûler ou attaquer les métaux. C’est la force solaire qui tente de dominer le chaos de la matière. C’est l’expression de la supériorité transcendantale,
- le Mercure est un principe passif, qui a la capacité de rendre les métaux malléables, sécables ou volatils. Il correspond à l’influence lunaire : la matière qui se crée et se dissout elle-même selon le principe d’immanence,
- le Sel est un principe qui stabilise, arrête ou harmonise dans le Tout les deux principes précédents.
Ainsi, le Soufre et le Mercure s’opposent dans leur influence, tout en étant complémentaires. Ils se combinent pour former la matière première qui contient tout, une matière qui garde sa cohérence grâce au Sel.
La correspondance entre les 4 éléments et les 3 principes Soufre, Mercure et Sel
Le schéma suivant illustre la correspondance entre les 4 éléments alchimiques et les 3 principes Soufre, Mercure et Sel.
A présent, entrons dans les détails de chacun des trois principes alchimiques Soufre, Mercure et Sel.
Le Soufre : définition alchimique
L’idéogramme du Soufre est constitué de deux signes superposés :
- la Croix, ou tétrade des éléments,
- le signe du Feu en domination sur les éléments.
Définition : le Soufre représente l’influence solaire, expression du feu divin (triangle vers le haut), opérant une action purificatrice sur les quatre éléments (la Croix).
Ainsi, l’état de perfection des métaux sera directement lié à la plus ou moins grande présence ou action du principe Soufre.
Dans les « trois mondes », le Soufre correspond à l’Âme (l’Âme du monde ou l’Âme en l’homme) : principe surnaturel et divin, porteur de la force solaire symbolisée par l’Or. Animée par le feu divin, exprimée par la couleur rouge, l’Âme préside l’oeuvre au rouge, phase terminale de la transmutation du plomb en Or.
Remarque : en psychologie, le Soufre pourrait être la raison ou la conscience.
Le Mercure
L’idéogramme du Mercure est constitué de trois signes superposés :
- la Croix ou tétrade des éléments,
- le cercle de la substance indifférenciée (le Tout de Un le Tout),
- le croissant de lune qui surmonte l’ensemble.
Définition : le Mercure représente l’état des quatre éléments (la Croix) constitutifs de la substance indifférenciée (le cercle) prête à s’activer sous l’influence du principe lunaire (le croissant).
Le Mercure liquéfie (vers le bas) ou évapore (vers le haut).
Dans les « trois mondes », le Mercure correspond à l’Esprit présent en toutes choses (ce que nous appelons « âme » dans le langage courant). Il représente l’ensemble des forces, puissances et énergies vitales qui parcourent et animent la matière (animation moléculaire, force de gravité, d’attraction, de répulsion, de dissolution, de création, de cohésion, etc…), autrement dit, tout ce qui se trouve entre le corporel et l’immatériel.
L’Esprit est porteur de la force lunaire ou mercurielle. Il préside à l’oeuvre au blanc, phase intermédiaire de la transmutation du plomb en Or où s’obtient l’Argent.
Remarques :
- en chimie classique, le mercure est un élément liquide. Sa surface est comme un miroir réfléchissant. Son mouvement est rapide, d’où son nom de « vif-argent ». Or, réflexion et vitalité sont bien à l’image des qualités du Mercure,
- en psychanalyse, le Mercure pourrait être l’inconscient prêt à s’ouvrir à la conscience.
Le Sel.
L’idéogramme du Sel se compose :
- du cercle de la substance indifférenciée (le Tout),
- d’un trait horizontal qui marque la neutralisation des forces solaire et mercurielle.
Définition : le Sel représente le pouvoir d’équilibre des forces à l’oeuvre dans la matière première. Le Sel est en même temps neutralisation et synthèse active ; il exprime l’état stable de la matière.
En réalité, le Sel (parfois nommé Arsenic) est moins un principe qu’une conséquence de l’union du Soufre et du Mercure.
Dans les « trois mondes », le Sel correspond au Corps, à la matière, à la Terre.
En tant que force, le Sel peut être vu :
- dans un sens négatif, comme le tombeau, la prison, la mort,
- dans un sens positif, comme le pouvoir de « dompter » l’Eau et le dragon : c’est la résurrection, le relèvement, l’entrée dans une nouvelle vie plus lumineuse.
Remarque : en chimie classique, le sel cristallise et arrête la décomposition. Il durcit, fait barrière à l’écoulement. Il est à la fois sec, friable, humide et fondant. Ainsi, on peut dire qu’il épaissit le Mercure (cristallisation) et fluidifie le Soufre. Il est incombustible et imputrescible. Il peut aussi symboliser les éléments minéraux dont les végétaux se nourrissent.
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Modif. le 18 juin 2024