Les solides de Platon : quel symbolisme en géométrie sacrée ? Comment interpréter ces figures sur le plan philosophique et spirituel ?
Les cinq solides de Platon correspondent aux cinq polyèdres réguliers convexes, remarquables par leur esthétique et leur symétrie.
Il a été prouvé qu’il n’existe que cinq polyèdres réguliers, ce type de solide étant constitué de faces planes identiques et régulières, ainsi que de sommets identiques vers lesquels convergent le même nombre d’arêtes.
Les cinq solides de Platon sont donc :
- le tétraèdre : 4 faces triangulaires, 4 sommets, 6 arêtes,
- le cube : 6 faces carrées, 8 sommets, 12 arêtes,
- l’octaèdre : 8 faces triangulaires, 6 sommets, 12 arêtes,
- l’icosaèdre : 20 faces triangulaires, 12 sommets, 30 arêtes,
- et le dodécaèdre : 12 faces pentagonales, 20 sommets, 30 arêtes.
On notera la correspondance entre le dodécaèdre et l’icosaèdre : le nombre de faces de l’un est égal au nombre de sommets de l’autre et vice-versa, ce qui en fait des polyèdres duaux. Ils ont aussi le même nombre de symétries, de plans de symétrie et d’axes de rotation.
Cette même dualité existe entre le cube et l’octaèdre.
Seul le tétraèdre n’a pas de « double ».
Entrons dans le symbolisme des solides de Platon.
Les solides de Platon et leur symbolisme
Platon associait à chacun de ces solides à un élément, selon leur degré de « mobilité » :
- le Feu est associé au tétraèdre, car il s’agit de la « forme la plus mobile (…), du corps le plus ténu (…) ». En effet, « celui qui a les bases les plus petites est nécessairement plus mobile et plus délié, parce qu’il est plus aigu dans tous les sens, et aussi plus léger que tous les autres » (Platon, Timée, 55e, 56a),
- la Terre est associée au cube, « car des quatre genres la Terre est le plus immobile ; elle est le corps le plus susceptible de recevoir une apparence fixe ; il est donc nécessaire qu’elle soit formée du solide qui a les bases les plus fermes » (Platon, Timée, 55e),
- l’Air est associé à l’octaèdre, forme moins mobile que le Feu mais plus mobile que le cube (la Terre) et l’icosaèdre (l’Eau),
- l’Eau est associée à l’icosaèdre, qui possède une faible mobilité et qui représente « le plus grand corps » (Platon, Timée, 56a).
Platon voit dans ces solides la forme des atomes qui constituent l’univers : ils constituent la trame, le code, le plan cosmique.
Il décrit aussi la manière dont ces solides-atomes se fractionnent et se combinent. Par exemple, « il faut deux corps de feu pour former une seule partie d’air ; et quand l’air est vaincu, et que ses parties se séparent, il en faut deux et demie pour produire une seule partie d’eau ».
Les variantes et les combinaisons donnent naissance à une infinité de types de matières, de liquides, de phénomènes, d’odeurs et de sensations.
Quant au dodécaèdre, Platon l’associait tout simplement à l’Univers, comme porteur à la fois des caractéristiques et de l’âme des quatre autres éléments.
Ainsi, le dodécaèdre serait le cinquième élément, la quintessence, le ciment de l’univers.
Les solides de Platon : interprétation
Pour Platon comme pour d’autres philosophes de l’Antiquité grecque, les lois matérielles et physiques sont géométriques. Or on sait aujourd’hui que les molécules sont constituées d’atomes organisés selon un plan géométrique : il y a des molécules linéaires, triangulaires ou encore tétraédriques.
Platon décrit en outre les énergies intrinsèques à ces éléments : il parle de « fluidité », de « mobilité ». Chaque solide, par sa forme, véhicule une énergie particulière, douce ou violente, lente ou rapide.
Toutes ces énergies participeraient de l’harmonie du monde, une harmonie qui s’exprime de manière aboutie à travers le dodécaèdre, forme la plus proche de la sphère, laquelle traduit la cohérence du Tout, l’harmonie ultime.
On parlerait aujourd’hui de différents niveaux d’ondes ou taux vibratoires :
- le cube peut évoquer l’énergie matérielle, qui, bien maîtrisée, aboutit à la stabilité, à l’équilibre et à l’ancrage,
- l’icosaèdre peut évoquer l’énergie psychique, mentale, qui a besoin d’être organisée,
- l’octaèdre évoque l’énergie du coeur, l’élan intuitif,
- le tétraèdre évoque l’énergie spirituelle (la lumière, la chaleur…) ou la capacité de transformation personnelle,
- enfin, le dodécaèdre évoque l’énergie cosmique qui englobe tout (cf. la Loi d’amour).
On pourrait encore associer chacun des solides de Platon à un chakra, dont l’ouverture est rendue possible par la montée de la kundalini.
Autres interprétations symboliques
Le tétraèdre peut évoquer la Trinité. Mis à plat, le tétraèdre peut former un triangle équilatéral parfait, symbole divin. Par ailleurs, la présence de 4 triangles réconcilie le 3 et le 4, le ternaire et le quaternaire, l’esprit et la matière.
Le cube peut évoquer la perfection de la manifestation, la raison ou le logos incarné. C’est le reflet du Principe dans tout son potentiel de réalisation. Le cube renvoie aussi à la forme de la Jérusalem céleste telle que décrite dans la Bible (Apocalypse 21, 16) ou à la pierre cubique du compagnon franc-maçon, symbole de perfection et d’aboutissement de l’oeuvre. Mis à plat, le cube forme une croix latine qui rappelle Jésus et la Passion.
L’octaèdre, par sa forme, évoque le diamant ou la pierre secrète des alchimistes. On peut encore y voir deux pyramides accolées par leur base, l’une droite et l’autre inversée, comme au Louvre (lire notre article sur les secrets des pyramides du Louvre). Nous avons là un point de correspondance décisif entre des principes opposés.
Le dodécaèdre est intimement lié au symbolisme du pentagone, du pentagramme et du chiffre 5. Lire notre article complet dédié au dodécaèdre.
Enfin, plusieurs des solides de Platon pourraient être rapprochés symboliquement du sceau de Salomon ou encore du chrisme, croix chrétienne à six branches.
Conclusion
Au même titre que la Parole ou les nombres, la géométrie offre un regard symbolique sur les mystères du cosmos.
Précisément, les cinq solides de Platon constituent l’or géométrique. Ils symbolisent la Loi cosmique, la trame de l’univers. Ils invitent à entrevoir la structure de la matière et celle de l’Esprit.
Chaque solide a sa personnalité, son énergie : à chacun de pousser l’interprétation selon sa propre sensibilité…
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Modif. le 11 décembre 2024
