Le silence dans la peinture : comment est-il représenté ? Quels sont les peintres du silence et leurs principales œuvres ?
La peinture interroge sur la manière de représenter le réel.
Lorsqu’il traite du silence, le peintre doit trouver des moyens de représenter le calme extérieur (l’absence de bruit) mais aussi et surtout le calme intérieur, qui passe par un nécessaire renoncement aux passions et aux plaisirs, par exemple à travers des natures mortes ou des paysages parfaitement statiques.
L’objectif est donc d’inviter à l’intériorité et à l’humilité. De fait, en peinture, le silence est souvent lié à la mort ou à l’abandon…
Il y a de célèbres peintres du silence, tels Vermeer, Chardin, Georges de la Tour, ou plus proches de nous, Hammershoi, Charchoune, Ozenfant, Sima ou Tanguy.
Voici quelques œuvres qui évoquent le silence dans la peinture.
Voir aussi notre article : Le silence intérieur : du bavardage au calme mental
Le silence des natures mortes
Le silence dans la peinture est indissociable de la « nature morte », genre artistique qui a pour but de rassembler des objets et de les peindre pour montrer leur dimension symbolique et spirituelle.
Les natures mortes invitent au recul et à la méditation ; elles montrent entre autres :
- le caractère éphémère de l’existence (fruits cueillis, légumes, couleurs d’automne…),
- la mort (objets inertes, fleurs fanées, animaux morts…),
- la fragilité de la vie (verres renversés…),
- ou encore la fatalité.
Les natures mortes sont souvent peintes sur fond sombre.
Voici quelques exemples de natures mortes.
La Nature morte à l’échiquier, ou Les Cinq sens, Lubin Baugin, vers 1631
L’oeuvre ci-dessus dégage une impression d’abandon, de plaisirs futiles, inutiles.
Bodegón con membrillo, repollo, melón y pepino, Sánchez Cotán, 1602.
Cette nature morte sombre et minimaliste, dans la plus pure tradition espagnole, invite au silence en associant nourritures terrestres (visibles et spirituelles (invisibles). Le fond sombre traduit un certain mysticisme. « Nature morte » en espagnol se dit Bodegón (lieu de stockage alimentaire).
Nature morte au vieux soulier, Joan Miró, 1937
Oeuvre majeure de Miró, cette nature morte est peinte pendant la guerre civile. Elle représente une réalité apocalyptique : les restes d’un repas et d’objets personnels au milieu d’un incendie. Cette peinture est souvent reliée au plus bruyant Guernica de Picasso.
Gernica, Picasso, 1937
Le silence dans la peinture : les « Vanités »
Les Vanités sont un genre particulier de nature morte, plus philosophique, qui invite à la méditation sur la brièveté de la vie et des plaisirs ici-bas. C’est le triomphe du temps qui passe et de la mort. Les Vanités mettent en scène un luxe dérisoire. Le silence fait taire l’orgueil…
Tu es poussière et tu retourneras en poussière. Genèse 3, 19.
Les Vanités mettent principalement en scène :
- des objets : symboles du matérialisme ou de la discorde (orfèvrerie),
- des crânes : symboles de mort,
- des livres : symboles de sagesse mais aussi de la vanité du savoir,
- des sabliers ou horloges : symboles du temps qui passe et de la mort qui approche,
- des bougies : symboles de l’âme et de la lumière spirituelle, mais aussi du temps qui se consume,
- ou encore des fleurs, fruits ou légumes, destinés à se gâter…
Vanité – nature morte, Pieter Claesz, 1630.
Pieter Claesz est un des plus célèbres peintres de nature morte néerlandais. Les écoles flamandes, hollandaises, espagnoles et françaises ont longtemps dominé le genre.
Chez les paysagistes
Le thème du silence se retrouve chez beaucoup de paysagistes. Certains sont passés maîtres dans l’art de représenter le silence, tels Doubovskoï.
Nikolaï Doubovskoï, Le silence, 1890.
Cette toile est un chef-d’œuvre de la peinture de paysage russe. Pour Doubovskoï, le silence est la communion entre l’homme, l’art et la Nature. L’oeuvre ci-dessus pointe l’insignifiance de l’être humain devant l’imminence d’un cataclysme : c’est le silence avant la tempête.
Les plus célèbres impressionnistes ont aussi représenté le silence, à l’instar de Claude Monet qui par ce paysage d’hiver, évoque l’espace, le vide, le calme… simplement troublés par la présence d’une pie sur la barrière.
Claude Monet, la Pie, 1869
Le silence du bruit
Le célèbre tableau « Le cri » de Munch représente l’homme moderne faisant face à une crise d’angoisse existentielle. Face à ce tableau, l’observateur silencieux réalise la profondeur du malaise humain.
Le cri, Edvard Munch, 1893
Le silence dans la peinture non figurative
Citons un exemple du silence dans la peinture non figurative, avec ce monochrome du peintre russe suprématiste Malevitch, qui évoque l’infini, ou encore l’abîme.
Carré blanc sur fond blanc, Malevitch, 1918
Voir aussi notre article : Le silence intérieur : du bavardage au calme mental
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Modif. le 5 mai 2024