La signification de la légende d’Hiram : comment interpréter le mythe d’Hiram au troisième degré ? Quel est son sens profond ? Analyse.
La légende d’Hiram telle qu’elle apparaît au troisième degré maçonnique n’est pas exempte d’ambiguités ; elle nécessite du temps et de nombreux approfondissements pour être comprise.
Rappelons le récit en reprenant les termes du rituel :
- un compagnon se présente avec l’espoir d’être admis en Chambre du Milieu,
- on lui donne l’entrée, il découvre un lieu plongé dans le deuil et la tristesse,
- on lui annonce l’assassinat d’Hiram et on le soupçonne d’en être l’auteur,
- le récipiendaire prouve son innocence par une première épreuve qui consiste à enjamber le tombeau d’Hiram,
- « notre confiance commence à renaître », dit le Vénérable Maître, qui explique ensuite les circonstances de l’assassinat d’Hiram par les trois mauvais compagnons,
- pendant le récit, le récipiendaire joue le rôle de Maître Hiram, jusqu’à se retrouver au sol, immobile et couvert d’un drap noir,
- le Vénérable Maître fait ensuite le récit de la recherche et de l’identification du corps d’Hiram : « Ô ciel, c’est lui ! C’est l’Architecte ! »
- il donne enfin le récit de la translation des restes d’Hiram vers l’enceinte du Temple,
- le corps d’Hiram, c’est-à-dire celui du récipiendaire, est soulevé par les Cinq points parfaits de la maîtrise : « Notre Maître a revu le jour : il renaît dans la personne de notre très cher Frère … »
Ainsi, le récipiendaire se voit initié au mythe d’Hiram en jouant plusieurs rôles : il est d’abord soupçonné d’être l’un des trois mauvais compagnons, puis il se voit associé au corps mort du Maître Architecte, avant d’être relevé, semblant avoir hérité de l’esprit d’Hiram.
Tentons de percer la signification de la légende d’Hiram.
Voir aussi cette liste de planches au 3ème degré
La signification de la légende d’Hiram : interprétation
La première signification de la légende d’Hiram touche à l’ambiguité de notre nature humaine : nous portons en nous à la fois le crime (l’erreur) et le potentiel de sagesse d’Hiram.
Ce paradoxe nous invite à approfondir la connaissance de soi, pour distinguer ce qui en nous, fait obstacle à la Vérité.
Dans le schéma ci-dessus, le « moi » (notre part ignorante, orgueilleuse, ambitieuse, illusionnée) éclipse le Soi spirituel, autrement dit notre part universelle et illimitée.
Autrement dit, nous sommes à la fois les trois mauvais compagnons et Hiram, l’ombre et la lumière, l’illusion et la conscience.
Comment faire grandir ce qu’il y a de meilleur en nous ?
Les trois mauvais compagnons font obstacle à la vision claire : l’ego se place au centre, il se croit en droit de connaître les secrets, il se pense capable d’accéder à la vérité. Il représente l’erreur, il constitue l’illusion à combattre.
Seule une mise à distance de l’ego permettra de faire émerger notre « Soi ». C’est l’épreuve de la séparation, l’Oeuvre au noir, la putréfaction alchimique rendue possible par la mort physique, par la rupture de tout ce qui nous rattachait à la matière.
On le voit, la signification de la légende d’Hiram est de nature hermétique : le processus alchimique permet de nous affranchir de la matière opaque (Oeuvre au noir) pour laisser émerger la conscience pure (Oeuvre au blanc). C’est la victoire sur la matière et la mort, la libération, la renaissance, la « résurrection ».
Voilà tout l’objet du troisième degré maçonnique : déclencher une prise de conscience quant aux forces, aux instances qui agissent en nous, en vue d’opérer un tri, une clarification intime.
Au final, il ne s’agira pas de détruire les mauvais compagnons (ce qui est impossible, car on ne peut exister sans ego), mais de vivre avec eux, tout en les remettant à leur juste place. C’est la maîtrise de soi, qui se solde par une réintégration de l’ego dans le Soi :
La signification de la légende d’Hiram est donc avant tout psychologique ; elle touche à la connaissance et à la transformation de soi.
Les autres significations de la légende d’Hiram
Au-delà de la signification de la légende d’Hiram que nous venons d’exposer, le mythe introduit des leçons ou des enseignements spécifiques, parmi lesquels :
- penser être en mesure d’accéder à la Vérité et aux ultimes secrets relève de l’ignorance et de l’ambition déréglée,
- le chemin de la maîtrise de soi passe par le constat paradoxal que nous ne maîtrisons rien,
- les secrets ne peuvent être transmis d’homme à homme ; la vérité ne peut être recherchée qu’en soi-même,
- la quête n’est jamais achevée, le travail ne s’arrête jamais : le troisième degré n’est pas un couronnement, mais une invitation à chercher toujours plus loin, toujours plus profondément,
- la vertu repose sur le sacrifice de soi et l’abandon de la matière. En l’occurrence, la mort physique permet la résurrection spirituelle,
- il ne s’agit pas de lutter contre les autres, mais contre soi-même,
- la résistance est une oeuvre morale, et non une opposition physique.
Au troisième degré, ce ne sont pas les secrets de la Connaissance qui sont transmis, mais l’exemplarité d’Hiram : l’initiation se fait par l’exemple, par une leçon de droiture, de probité, de devoir et de sacrifice.
A partir de ces éléments, à chacun d’interpréter la légende d’Hiram en fonction de son propre avancement !
Pour aller plus loin :
Ce livre numérique pdf (98 pages) comporte 26 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du troisième degré maçonnique.
Il offre des points d’appui pour qui souhaite pénétrer plus profondément l’esprit et le sens de ce degré.
Modif. le 30 août 2024