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Le signe pénal (planche maçonnique)

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Le signe pénal : quelle signification ? quel symbolisme ? quand fait-on le signe pénal et dans quel but ? Voici une planche maçonnique au 1er degré.

Le signe pénal s’inscrit dans le prolongement du signe d’ordre. Ce dernier est avant tout un signe de reconnaissance qui permet aux Frères Premier et Second Surveillants de s’assurer, en début de tenue, de la qualité de franc-maçon de chacun.

Par rapport au signe d’ordre, le signe pénal introduit une idée supplémentaire, qui touche cette fois au respect du devoir et à la sanction. Une sanction toute symbolique : il ne s’agit pas ici de couper la gorge de ses frères, mais d’éviter le déshonneur que provoquerait le dévoilement des secrets.

Entrons dans la signification et le symbolisme maçonnique du signe pénal.

Voir aussi notre liste de planches au 1er degré

Effectué à chaque ouverture et fermeture des travaux ainsi qu’à chaque prise de parole, le signe d’ordre se conclut toujours par un signe pénal. Si le signe d’ordre a pour but de tempérer la parole, le signe pénal garantit que cette parole ne sera jamais divulguée.

Le signe d’ordre se rapproche d’une forme de « garde-à-vous » ; en ce sens, il exprime une marque de respect vis-à-vis des autres frères, à commencer par le Vénérable Maître.

En l’adoptant, tous, à des moments précis lors des tenues, il est aussi symbole de lien et d’unité. Tous à l’ordre, nous faisons « bloc », nous faisons « communauté ». Le signe d’ordre indique que nous sommes tous prêts à écouter et à travailler.

Se mettre à l’ordre, c’est aussi ordonner son corps, c’est le rendre géométrique. Une géométrie dans laquelle l’équerre et le triangle sont présents. Ainsi, la posture évoque-t-elle le ternaire, la réconciliation des contraires, la rectitude morale et la justice.

Le signe d’ordre semble en outre marquer une frontière entre la tête et le reste du corps, comme pour préserver, protéger, sanctuariser l’esprit.

La main droite placée sur la gorge contient le bouillonnement des passions. Inversement, on pourrait avancer que cette même main protège le cœur du bouillonnement du mental.

Une fois à l’ordre, nous indiquons une nouvelle disposition : nous ne sommes plus soumis ni à nos préjugés ni à nos instincts, nous sommes davantage dans la maîtrise, dans la clarté de la pensée et de la parole.

Cette nouvelle disposition n’est pas seulement d’ordre symbolique, elle est aussi d’ordre physique : une fois parfaitement à l’ordre, les pieds en équerre, difficile de se balancer, de s’animer, de s’emporter ou même de tenir un long discours, tant le maintien parfait de la posture peut devenir éprouvant.

Cette main qui s’apprête à trancher la gorge peut au contraire être vue comme une main qui protège la gorge en tant que zone particulière du corps, celle où pénètre l’air et la nourriture qui nous permettent de vivre. La gorge est le lieu du passage du souffle, donc de la vie.

Porter la main à la gorge, c’est donc approcher la main du souffle, c’est donner à la main un souffle de vie, c’est transmettre à la main (à l’action) quelque chose de vital.

Le signe pénal consiste à retirer la main droite comme pour trancher la gorge, avant de laisser retomber le bras le long du corps.

Ce signe renvoie directement au serment que l’apprenti a prêté lors de son initiation, à savoir :

Je préférerais avoir la gorge tranchée plutôt que de révéler les secrets qui m’ont été confiés.

Au premier abord, ce geste n’apparaît pas spécifiquement maçonnique, il pourrait être rapproché du geste que certains peuvent exécuter dans le monde profane avec le pouce qui, glissant sur la gorge, exprime une menace de meurtre par égorgement, généralement par vengeance ou par volonté de faire peur en particulier à ceux qui ne respecteraient pas la loi du silence…

Dans les deux cas, la gorge est tranchée afin de pouvoir couper la langue à la racine. Il s’agit de punir le parjure par le châtiment de l’élément qui a abouti au dévoilement secret, c’est-à-dire les cordes vocales.

Plus symboliquement, trancher la gorge, c’est trancher la pomme d’Adam, symbole des désirs terrestres. Le signe pénal permettrait alors de rappeler l’initié à son engagement : il s’est détourné du matériel (l’envie, la « soif », l’attachement) pour se concentrer sur le domaine du spirituel.

Le mot « pénal » vient de peine. La peine sanctionne un délit ou un crime. Elle remplit une fonction d’intimidation collective : c’est bien cette idée qui prévalait lorsque l’on guillotinait en place publique.

Concernant notre signe pénal, en l’exécutant, je me rappelle mes engagements. En voyant mes frères l’exécuter, ils me rappellent qu’ils veillent eux aussi au bon respect du serment que j’ai contracté. La fonction d’intimidation collective joue sans doute aussi.

Notons cependant qu’il est écrit dans le rituel : « je préfèrerais avoir la gorge tranchée » et non « j’aurai la gorge tranchée ». La nuance semble importante et nécessite interprétation. Dans le monde profane, le crime entraine une peine. Ici, l’utilisation du conditionnel présent à la première personne sous-entend l’existence d’une alternative, et au-delà, d’un engagement intime : celui de ne pas trahir son serment, celui de ne pas dévoiler les secrets. Le franc-maçon est face à lui-même : il doit être capable de se regarder dans son propre miroir et pour cela, il doit respecter son serment.

Les notions de silence et de secret constituent les fondements du signe pénal. Il faut cependant s’interroger sur la nature profonde de ces secrets. Au-delà des mots, des attouchements, des signes qui sont largement révélés sur internet et dans les livres, il s’agit d’abord de préserver le secret de l’expérience collective, le secret des échanges, ainsi que le secret d’appartenance de nos frères et sœurs.

Le signe pénal nous rappelle au respect de nos pairs et à la discrétion ; il nous incite aussi à l’humilité. Il nous rappelle en outre que nous évoluons dans un ordre initiatique, fondé sur le principe du dévoilement progressif.

Au final, le signe pénal représente l’engagement solennel du franc-maçon à respecter les valeurs de la franc-maçonnerie. Il illustre surtout l’importance de l’honneur dans la démarche maçonnique : il est un rappel de nos devoirs vis-à-vis de nous-mêmes, de nos Frères et de l’ordre maçonnique en général.

Voir aussi :

Les essentiels du premier degré maçonnique couverture

Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.

Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.

Modif. le 3 mars 2025

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