Le signe d’ordre du compagnon : que signifie-t-il ? Comment interpréter le signe du 2nd degré ? Tentative de réponse à travers cette planche maçonnique.
Le signe d’ordre est l’un des principaux gestes de reconnaissance des compagnons. Nécessitant un mouvement simultané des deux bras, il est assez différent du signe du premier degré.
Alors que le signe de l’apprenti pouvait être décomposé en deux temps (signe d’ordre et signe pénal), le signe du compagnon est ternaire :
- le signe de salutation se fait en levant la main gauche, le coude formant une équerre,
- le signe de fidélité se fait en posant la main droite sur le cœur, les doigts arrondis comme pour le saisir,
- le signe pénal s’effectue en retirant la main droite de la poitrine horizontalement et en la laissant retomber latéralement, en traçant une équerre ; au même moment, le bras gauche est baissé.
Le signe pénal signifie : « je préférerais m’arracher le cœur plutôt que de dévoiler indument les secrets qui m’ont été confiés ».
Voici une interprétation du signe d’ordre de compagnon.
Le signe d’ordre du compagnon : interprétation
Le signe d’ordre, quelque soit le degré, comporte de multiples dimensions symboliques.
C’est :
- un signe de reconnaissance (en particulier au moment de l’ouverture des travaux),
- une marque de respect et d’égalité,
- un signe de vigilance et de concentration, qui montre que le compagnon est prêt au travail,
- un rappel du serment contracté, avec une importante notion de sacrifice.
Se mettre à l’ordre, c’est placer son corps dans une certaine position physique et une certaine disposition mentale : c’est ordonner la matière, la rendre géométrique. Désormais, le corps-matière est placé sous le gouvernement de l’esprit. C’est ainsi que le chaos s’ordonne, et que la pierre brute devient cubique.
Au 2ème degré, le signe d’ordre comporte 5 équerres, comme présenté dans le schéma ci-dessous. Précisément, l’équerre est l’un des outils phares du compagnon : ce dernier ayant largement dégrossi la pierre brute, il doit en vérifier les angles pour arriver à une pierre cubique parfaite.
L’équerre est aussi un instrument de tracé. En outre, elle renvoie au ternaire, indiquant le chemin spirituel à emprunter, en l’occurrence celui de l’union des différences. L’équerre introduit aussi la rectitude et la justice, comme rappelé ci-après :
– Que signifie le Signe de Compagnon ?
Instruction du compagnon au REAA
En portant la main droite sur le coeur, je prends l’engagement d’aimer mes FF. avec ferveur et dévouement ; en élevant la Main gauche, j’affirme la sincérité de ma promesse, et en décrivant une équerre de la Main droite, je montre que tous mes actes s’inspirent de la Justice et de l’Equité et aussi que je préférerai m’arracher le coeur plutôt que de révéler indûment les secrets qui m’ont été confiés.
La main droite sur le coeur
La main droite, qui au degré précédent était posée sur la gorge, ne sépare plus le corps en deux. Elle est désormais posée sur le coeur, signe que l’action est guidée par des principes humanistes. On peut aussi voir ce geste comme une façon de protéger le coeur des dangers… à moins qu’il s’agisse d’en contenir les passions.
Le coeur symbolise ce qui maintient tous les hommes en harmonie : l’amour fraternel constitue le ciment de l’édifice, le lien invisible qui relie toutes les pierres vivantes, et qui donne du sens à l’ouvrage.
La main sur le coeur est enfin signe d’engagement : un rappel de la promesse d’accomplir son devoir envers soi-même comme envers les autres. Quant au signe pénal, il mime le châtiment auquel conduirait le parjure, c’est-à-dire le non respect de cet engagement.
La main gauche levée
Signe de salut, donc de reconnaissance, la main gauche levée évoque l’ouverture et l’accueil de l’autre.
Dirigée vers le haut, elle montre aussi le chemin à accomplir en direction du principe supérieur, du zénith solaire ou de l’étoile flamboyante.
Enfin, la main levée peut renvoyer à l’engagement, bien que depuis l’époque romaine on prête serment en levant la main droite plutôt que la main gauche.
Le signe d’ordre de compagnon : conclusion
Debout et à l’ordre, le compagnon est une colonne vivante en loge. Modelé par l’équerre, parfaitement stable, une main tournée vers l’intérieur, l’autre vers l’extérieur, le compagnon renvoie l’image idéale d’un homme sincère, sage et aimant. Ayant acquis la connaissance de lui-même, et donc des autres, il participe à la fondation d’une société progressiste, juste et harmonieuse.
Voir aussi notre liste de planches au grade de compagnon
Pour aller plus loin :
Ce livre numérique pdf (100 pages) comporte 27 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du second degré maçonnique.
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Modif. le 26 février 2024