Le sac aux propositions : quelle est son origine ? à quoi sert-il ? Voici une planche maçonnique au premier degré.
Le sac aux propositions, autrefois appelé « sac des propositions », est le sac que l’on fait traditionnellement circuler à la fin des tenues maçonniques :
LE VÉNÉRABLE MAÎTRE
Mes Frères, je fais faire circuler le Sac aux Propositions en même temps que le Tronc de la Veuve.
Frère Maître des Cérémonies et Frère Hospitalier, remplissez votre office.(…)
Le Sac aux Propositions est revenu sans attache. (ou avec une proposition dont le V.M. donne lecture)
Le Maître des cérémonies fait donc circuler le sac, en commençant par l’Orient. Chaque frère maître est tenu de mettre la main dans le sac (si possible profondément), préservant ainsi l’anonymat de ceux qui souhaiteraient y introduire un morceau de papier ou tout autre objet.
On pourrait se poser la question de l’utilité de cette pratique, car le plus souvent, le sac aux propositions revient « sans attache », c’est-à-dire vide. De plus, chaque frère a l’occasion de présenter oralement ses propositions lorsque le Vénérable Maître fait circuler la parole :
LE VÉNÉRABLE MAÎTRE
Avant de fermer les Travaux, je suis prêt à donner la parole à ceux d’entre vous qui auraient des propositions à présenter dans l’intérêt de l’Ordre Maçonnique en général, ou de cette Respectable Loge en particulier.
Ceci étant posé, tentons de comprendre l’origine et l’intérêt du sac aux propositions et de sa circulation en loge.
Le sac aux propositions : interprétation
Dès la fin du XVIIIe siècle, les rituels maçonniques font état de la circulation d’un sac destiné à recueillir les propositions des frères : chaque maître peut y introduire un document signé de sa main. Le sac revient au Vénérable Maître qui fait alors lecture des propositions, mais sans révéler l’identité du ou des auteurs.
La question de l’anonymat se trouve donc au coeur de cette pratique. La communication par écrit vient compléter les échanges oraux. L’anonymat permet de se concentrer sur le fond, donc sur l’essentiel. Les questions de posture ou de personnes sont évacuées.
C’est la raison pour laquelle le sac aux propositions a pu servir, dans l’histoire maçonnique, au recueil des enquêtes maçonniques, par définition anonymes.
De même, il a longtemps servi (et sert encore) au recueil des propositions d’initiation de profanes, raison pour laquelle on parle de sac « sans attache » ou comportant une ou plusieurs attaches. Présenter un profane de manière anonyme permet d’éviter tout préjugé, toute influence sur le travail des futurs enquêteurs. Le sac aux propositions peut encore être utilisé pour proposer des élévations de frères.
Le sac a pu aussi servir au recueil des propositions d’affiliation, de secours d’un frère en détresse, de démission, voire de dissolution de l’atelier en cas de crise grave. Dans tous les cas, il s’agit de sujets qui nécessitent étude et examen sérieux.
Le sac aux propositions aujourd’hui
Aujourd’hui, le sac aux propositions, présenté aux seuls maîtres, est utilisé pour faire état de requêtes, de remarques, de suggestions ou même de dons. Or dans la plupart des cas, ces propositions peuvent être faites de manière orale. L’anonymat n’est plus nécessaire ; utiliser le sac peut même parfois être mal vu ou semer le trouble.
Dans certains cas cependant, un frère peut vouloir garder l’anonymat pour des raisons de modestie ou de dignité. Il est cependant déconseillé d’utiliser le sac pour des sujets sensibles ou potentiellement conflictuels… Le sac n’est pas non plus destiné à recevoir des propositions humoristiques ou décalées.
Les requêtes doivent être faites dans l’intérêt de la loge, ou pour une raison bien précise et argumentée. Elles peuvent être signées ou non ; le signataire peut exiger que son nom ne soit pas révélé. Chacun a ainsi le pouvoir de s’exprimer librement, sans être jugé ni heurté.
Enfin, soulignons le parallèle symbolique entre le sac et la loge : un lieu fermé, secret, cerné par une cordelette ; un lieu d’expression libre et d’écoute sans jugement.
Remarque : le sac aux propositions est parfois orné d’un symbole représentant une règle et une épée croisées, surmontées d’un oeil. Ce symbole est l’équivalent du bijou de l’Expert, ce qui peut sembler curieux. L’oeil veille, la règle garantit le respect du rituel, l’épée tranche. Autrement dit, le sac aux propositions doit être utilisé en conscience, le traitement de son contenu doit être réalisé conformément aux règles, et les frères doivent trancher au mieux les questions soulevées.
Pour aller plus loin :
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Modif. le 5 novembre 2024