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Rite et rituel : planche maçonnique

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Rite et rituel : définition et différence. Qu’est-ce qui différencie le rite du rituel ? Quelle est l’utilité des rites maçonniques ? Voici une planche au 1er degré REAA.

En franc-maçonnerie, nous parlons constamment de « rite » et de « rituel », en confondant parfois ces deux termes. Mais alors, comment les définir ?

Tentons l’approche suivante :

  • un rite est un ensemble de règles et de pratiques fixant le déroulement d’un cérémonial. C’est donc une manière d’agir propre à un groupe social et revêtant un caractère invariable, destiné à réaffirmer de façon efficace ses valeurs et en assurer la cohérence,
  • quant au rituel, il est la mise en œuvre du rite et des comportements codifiés, fondés sur l’efficacité de leurs effets grâce à leur répétition.

Au-delà de ces définitions, le mot « rite » vient aussi d’une racine sanscrite, rita, qui signifie « ce qui est semblable à l’univers ». Par l’intermédiaire des rituels, le rite sert donc à communier avec l’univers, mettant en œuvre le ciel et la Terre, les étoiles, le Soleil, la Lune, les quatre éléments, etc.

Les rites et les rituels visent en quelque sorte à introduire une dose d’esprit dans la matière. Ainsi, le temps d’une cérémonie rituelle, l’homme rejoint l’essence du monde : il entre dans une dimension sacrée.

Entrons plus profondément dans la définition et la différence entre rite et rituel.

Dans le langage commun, il y a peu de différence entre rite et rituel. Le sens de ces mots a d’ailleurs tendance à s’affaiblir, tant nous vivons dans une société dénuée de « sacré » : les rites et célébrations relèvent plus de l’habitude et perdent de leur profondeur.

On doit néanmoins distinguer les deux termes. Ainsi, un rite est une somme organisée de pratiques, alors qu’un rituel est une action ou une série d’actions spécifiques accomplies dans le cadre du rite. Mais cette définition occulte la véritable différence entre rite et rituel.

En franc-maçonnerie, les termes « rite » et « rituel » renvoient à des réalités bien différentes :

  • le rite est le cadre général de la pratique, alors que le rituel en est la trame matérialisée,
  • le rite relève de l’esprit alors que le rituel relève de la pratique,
  • le rite relève du vécu, alors que le rituel est simple procédure à suivre.

Ainsi, contrairement au rituel, le rite relève de l’immatériel et possède une dimension hautement spirituelle.

Tout rite maçonnique permet une expérience à la fois personnelle et collective. Il est porteur de Connaissance, il invite à une renaissance à soi-même et aux autres. Il est un pont entre deux mondes, celui du profane et celui du sacré.

Immersif, il isole le franc-maçon des préoccupations, des passions, des pulsions de son état profane. Il est silence, apaisement, réconfort, loin des bruits et des affres du quotidien.

Si nous écoutons les phrases du rituel, reflets de l’esprit du rite, si nous le respectons dans son essence, il nous prend par la main. Il devient guide. Pas un guide que l’on suit aveuglément, sans discernement, pour conforter ses sentiments, ses impressions ou ses certitudes, mais un guide qui nous laisserait découvrir, entrevoir les immenses richesses d’une Connaissance éparse que nous devons rassembler, chacun avec sa propre expérience et ses propres armes.

C’est donc grâce au rituel, à cette déconnexion qu’il nous offre par rapport au monde profane, que nous pouvons vraiment nous asseoir devant notre pierre brute, afin d’utiliser au mieux nos outils pour la tailler, pour qu’elle devienne par l’effort une partie intégrante du Tout.

Le rite est horizontal quand il relie les vivants, mais aussi les morts par le souvenir que nous gardons d’eux au travers d’actes, de gestes, de paroles que nous savons ancestraux. Il est ce lien imprescriptible entre les « instants » que nous pensons être d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Il transcende le temps et les époques humaines. Il est mémoire.

Le rite se verticalise quand il relie l’homme au sacré. Dépouillé de ses métaux, l’initié appelle la concentration de toutes les énergies, cale ses vibrations avec celles de ses frères afin d’entrer en contact avec ce qui le dépasse.

Le rite est un garde-fou car il constitue un héritage et non une invention du moment qui fluctuerait au gré des modes. Son intemporalité nous préserve des idées, voire des idéologies propres à chaque époque. Il est un axe sûr.

Un acte rituel n’a de sens que s’il est sous-tendu par une volonté, une intention profonde et authentique. Sinon, il tombera dans le superficiel, l’apparat, l’inutile voire le théâtral ou le ridicule.

Assister à une cérémonie rituelle ne sert à rien : elle doit se vivre. Vivre le rite et le rituel permet de se réoxygéner, de s’ouvrir, de revitaliser un corps asphyxié par le quotidien.

Avant de retourner dans le monde profane et de nous engager dans l’action, nous avons besoin de nous poser, de nous re-poser, de nous recharger, de nous mettre à l’unisson des vibrations de tous les frères qui sont nos égaux. Ainsi préparés, vibrant à la même fréquence, nous retrouvons le sens.

Grâce au rite maçonnique, les franc-maçons forment un groupe d’individus soudés et discrets. Le rite rend possible un lieu de réflexion clos et sûr où se côtoient les différents milieux sociaux, politiques, culturels et où tous les points de vue, religieux, laïcs ou athées peuvent cohabiter sans que personne du monde profane n’en sache rien.

Ainsi, le rite propose des outils, des méthodes et objectifs dont les aspects symboliques, traditionnels et progressifs permettent de dépasser les aspects aléatoires, anecdotiques ou conjoncturels des réalités profanes.

Bien que n’étant pas le seul rite pratiqué en franc-maçonnerie, le Rite Écossais Ancien et Accepté est le plus pratiqué dans le monde. Si ses grands principes ont été réaffirmés au XVIIIe siècle, il s’enracine dans une triple culture, judaïque, helléniste et chrétienne, et contient nombre d’influences dont les Chevaliers du Temple, aux confins des mondes juif, grec, romain et musulman, furent les dépositaires.

Le REAA récuse toute proposition dogmatique. Il ne fait appel à aucune théologie. Laïc, il est indépendant des religions. Œcuménique, il n’en exclut aucune. Il fait du franc-maçon un simple chercheur de vérité.

Selon Bruno Phelebon-Griolet, auteur de De l’équerre au compas, toute une méthode, le R.E.A.A. réunit tradition opérative et tradition chevaleresque, tradition hermétique et tradition alchimiste, templarisme et ésotérisme chrétien, héritage de Pythagore et de Zoroastre, filiation égyptienne et Kabbale hébraïque. Il propose ainsi une authentique et universelle quête « spiritualiste ».

Au REAA, l’Homme est libre. Il n’est pas assujetti à un dogme. Le REAA accompagne le franc-maçon vers la tradition qui véhicule une Connaissance supra-humaine et éternelle.

Ainsi, les rituels du REAA ne sont pas simplement le produit d’une assemblée d’hommes du XVIIIe siècle, ils sont le réceptacle de traditions bien plus anciennes, en correspondance avec les grandes lois cosmiques connues et mises en œuvre dans tous les mystères à travers l’histoire de l’humanité.

Voir aussi notre liste de planches au 1er degré

Pour aller plus loin :

Les essentiels du premier degré maçonnique couverture

Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.

Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.

Modif. le 4 août 2024

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