Le relèvement d’Hiram : voici une planche maçonnique au 3ème degré. Pourquoi le relèvement se fait-il par les Cinq points parfaits de la Maîtrise ?
Chargé par le roi Salomon de construire le Temple, Hiram meurt sous les coups de trois mauvais compagnons qui désirent connaître les secrets des Maîtres avant l’heure.
Après avoir fait le récit du meurtre, le Très Vénérable Maître envoie sept Maîtres à la recherche du corps d’Hiram. Au cours de leur voyage, ces derniers identifient une sépulture près d’un Acacia ; une Equerre et un Compas se trouvent là, qui ne leur laissent plus aucun doute sur l’identité du défunt.
Trois Maîtres restent sur place tandis les autres partent annoncer leur découverte au Très Vénérable Maître. Ce dernier demande alors à être conduit sur place ; il est accompagné des deux Surveillants.
Les trois s’approchent de l’emplacement du corps. En retirant le tablier qui recouvre le visage du défunt, le Très Vénérable Maître reconnaît Hiram. Il ordonne alors que le cadavre soit transporté dans l’enceinte du Temple où il pourra être dignement enterré.
C’est à ce moment précis que le Très Vénérable Maître demande le relèvement du Maître Architecte :
LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE
Frère Second Surveillant, essayez de soulever le corps par l’Attouchement d’Apprenti.LE SECOND SURVEILLANT (qui ne réussit pas)
La chair quitte les os !LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE
Frère Premier Surveillant, essayez de soulever le corps par l’Attouchement de Compagnon.LE PREMIER SURVEILLANT (qui ne réussit pas)
Tout se désunit !LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE
Mes Frères Surveillants, souvenons-nous que l’union fait la force et que, sans le secours des autres nous ne pouvons rien !
Puisque vous n’avez pas réussi dans vos tentatives, il nous reste à essayer un troisième moyen, en soulevant le corps par les Cinq points parfaits de la Maîtrise et je vais y procéder avec votre aide.LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE (après avoir donné l’accolade et communiqué le Mot substitué au récipiendaire)
Rituel d’élévation au grade de Maître REAA
Gloire au Grand Architecte de l’Univers !
Le Maître est retrouvé et il reparaît aussi radieux que jamais !
Quel est le sens de ce relèvement du Maître ? Comment l’interpréter ?
Voici donc une planche maçonnique sur le relèvement d’Hiram et les Cinq points parfaits de la Maîtrise.
Voir aussi notre liste de planches au 3ème degré.
Le relèvement d’Hiram : interprétation.
Tout d’abord, le relèvement d’Hiram ne doit pas être assimilé à une résurrection, Hiram n’ayant aucun caractère divin. La scène vécue n’est pas de nature magique ou surnaturelle ; son sens est uniquement symbolique. Son interprétation fonde le processus initiatique qui doit conduire le Compagnon à devenir Maître.
Hiram ne revit pas, il ne renaît pas à proprement parler. Son relèvement se fait à travers la personne du nouvel Initié.
Autrement dit, c’est bien le nouvel Initié qui se relève. Si quelque chose d’Hiram survit, c’est son exemple et sa mémoire, dans une logique de transmission initiatique.
On retrouve ici les principes de l’alchimie spirituelle et les différentes étapes de la transformation du franc-maçon :
- l’Oeuvre au noir consiste en une séparation : l’individu démasque les mauvais compagnons qui se cachaient en lui. Pour la première fois, il les voit à l’oeuvre, il prend conscience de leur puissance, de leur perversité et de leur dangerosité. Il peut alors les extraire. C’est ainsi qu’il met à distance ses instincts, ses passions, et tout ce qui le rattachait à la matière, c’est-à-dire à son corps physique. Il s’en suit une inévitable mort physique.
- l’Oeuvre au blanc est le résultat de l’étape précédente : c’est l’avènement de l’âme pure. Libérée du joug de ses mauvais compagnons, l’âme s’ouvre enfin à la Vérité : elle s’élève.
- enfin, l’Oeuvre au rouge consiste en une réconciliation de l’âme et du corps, de l’Esprit et de la matière. Il s’agit d’une réharmonisation : l’âme réintègre sa juste place au sein du monde physique. C’est le relèvement : « le Maître est retrouvé et il reparaît aussi radieux que jamais ».
Ce sont donc bien les mauvais compagnons qui nous bloquaient l’accès aux secrets de la Connaissance, secrets qui étaient en réalité déjà en nous. Prendre conscience de cela, c’est déjà se relever.
Le relèvement marque le passage de l’horizontalité (matérielle) à la verticalité (spirituelle). Ce redressement n’exclut pas pour autant le corps physique. Ce dernier se trouve purifié, sublimé.
En réalité, le relèvement permet de rassembler ce qui était épars, autrement dit mort, désuni, brouillé, amalgamé ou inconscient. La Lumière de la conscience traverse désormais la matière : elle ne dissout pas le corps mais l’harmonise, l’ordonne, le spiritualise.
On notera par ailleurs que le relèvement ne peut se faire qu’avec le concours des autres Frères : « Souvenons-nous que l’union fait la force et que, sans le secours des autres nous ne pouvons rien ! » rappelle le Très Vénérable Maître. Voilà toute la puissance de l’Initiation, qui est force de transmission.
Le relèvement par les Cinq points parfaits de la Maîtrise.
L’irruption du chiffre 5 au grade de Maître peut étonner car il nous renvoie au grade de Compagnon. Rappelons que dans les premiers temps de la franc-maçonnerie, il n’existait que deux grades : Apprenti et Compagnon. On parlait alors des « Cinq points parfaits du compagnonnage. »
De fait, le relèvement évoque directement la naissance de l’Homme initié (complet, éveillé), symbolisé par le pentagramme, c’est-à-dire l’Etoile à cinq branches du Compagnon. C’est l’Homme debout, être de Lumière, image de la matière spiritualisée (l’Equerre) autant que de l’Esprit matérialisé (le Compas).
Les Cinq points parfaits de la Maîtrise évoquent en premier lieu la perfection : l’aboutissement du processus de transformation alchimique. La matière s’est affinée, purifiée ; le plomb s’est changé en or symbolique.
Mais les Cinq points parfaits représentent aussi le processus de transformation lui-même, qui se fait par le transfert et la circulation des énergies entre Frères, entre égaux :
- le premier point consiste en l’attouchement qui se fait par la griffe,
- le deuxième point consiste à s’approcher réciproquement du pied droit par le côté intérieur,
- le troisième point consiste à se toucher réciproquement le genou droit,
- le quatrième point consiste à se rapprocher les poitrines du côté droit,
- le cinquième point consiste poser réciproquement la main gauche sur l’épaule droite pour se tenir plus étroitement et s’attirer l’un à l’autre.
Ainsi, les Cinq points parfaits représentent la transmission de l’énergie initiatique et fraternelle. Les gestes se font en parfaite symétrie ; chaque Frère constitue le miroir de l’autre.
Le premier contact se fait par la main, marque de transmission, de soutien et de secours. C’est l’impulsion initiale qui permet d’enclencher l’Initiation.
Les quatre points suivants traduisent une puissante revitalisation qui se diffuse du bas vers le haut : pied, genou, poitrine, épaule, tête. Ainsi, l’énergie part de la Terre pour l’élever vers le Ciel.
Cette régénération par les cinq points évoque la fusion des opposés : je deviens l’autre.
Autrement dit, les Cinq points parfaits de la Maîtrise nous apprennent à aimer. Nous parlons ici d’un amour non pas spontané ou passionné, mais d’un Amour conscient, progressif, ordonné : il s’agit de construire point par point une fraternité durable, ouvrant le chemin de l’Universel.
Au final, le relèvement du Maître se fait par la communication d’une manière d’aimer, un Amour qui s’épanouira sur l’ordre intérieur enfin rétabli.
Lire aussi notre planche : Hiram et Jésus, similitudes et différences.
Pour aller plus loin :
Ce livre numérique pdf (98 pages) comporte 26 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du troisième degré maçonnique.
Il offre des points d’appui pour qui souhaite pénétrer plus profondément l’esprit et le sens de ce degré.
Modif. le 14 mars 2024