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La planche à tracer au 3ème degré : interprétation

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La planche à tracer au 3ème degré REAA : quel symbolisme et quelle signification ? Voici une analyse synthétique.

La planche à tracer est un support rectangulaire en bois sur lequel on peut écrire ou concevoir les plans d’un édifice. Cet objet évoque la palette de scribe de Thot, dieu égyptien de l’écriture, de la sagesse et du savoir illimité, marié à Seshat, déesse de l’architecture et des mathématiques.

La planche à tracer renvoie aussi aux planches d’esquisse des compagnons bâtisseurs de cathédrales, et bien sûr aux planches maçonniques, qui permettent de traiter un sujet ou de résumer une tenue.

On remarque que la planche à tracer est représentée sur les tableaux de loge des trois premiers degrés, alors même que le tracé relève de la prérogative du maître, seul habilité au travail de conception et à l’utilisation du compas.

En réalité, la présence de cet objet aux deux premiers degrés peut simplement signifier que tout édifice est sous-tendu par un effort de conception.

Au troisième degré, c’est sur la planche à tracer que le maître accomplit son premier travail :

LE TRÈS VÉNÉRABLE MAÎTRE
Frère Expert et Maître des Cérémonies, présentez au récipiendaire le Compas et la Planche à tracer et faites-lui exécuter son premier travail de Maître.

Prenant ces objets qui se trouvent sur le plateau de l’Hospitalier, le Maître des Cérémonies présente au récipiendaire la Planche à tracer et l’Expert lui remet le Compas, avec lequel il lui fait tracer un cercle sur la Planche à tracer. Il le fait remettre à l’ordre ; la Planche et le Compas sont remis à leur place.

L’EXPERT, se mettant à l’ordre
Très Vénérable Maître, le récipiendaire a exécuté son premier travail de Maître.

Rituel d’élévation au grade de maître

La planche à tracer est donc associée au compas en vue de tracer le cercle. Elle constitue l’élément passif, le support.

Entrons dans le symbolisme de la planche à tracer au 3ème degré REAA.

Sur le tableau de loge, la planche à tracer est représentée sous la forme de deux grilles de lecture mnémotechniques qui forment la trame de l’alphabet maçonnique :

  • la première grille comporte neuf cases destinées à accueillir les premières lettres de l’alphabet. Sa forme évoque un dièse musical ou encore l’abréviation d’une ancienne unité de poids, le libra pondo (lb), qui a donné le hashtag (#) ou « mot-clé »,
  • la deuxième grille est une croix de Saint-André destinée à accueillir les dernières lettres de l’alphabet.

Il existe différentes versions de ces grilles maçonniques. En voici un exemple :

grille alphabet maçonnique

Ce qui donne l’alphabet suivant :

alphabet maçonnique

On remarquera que la forme des lettres maçonniques est en lien direct avec le symbolisme du carré, de l’équerre, du triangle et du compas.

Le fonctionnement de l’alphabet maçonnique reporse sur le secret : le code ne peut être déchiffré que par ceux qui connaissent les correspondances avec l’alphabet profane. Il faut savoir lire et écrire…

L’alphabet maçonnique est un chiffrement à la fois mathématique, alphabétique et géométrique : ainsi se trouvent associés les principaux systèmes de compréhension, de représentation et d’idéalisation du réel.

La planche à tracer évoque un code, un langage qui sous-tend toute conception et réalisation. Ce code, cette clé sacrée, c’est le verbe, le logos, la raison, la loi cosmique, le contenu du Volume de la Loi Sacrée, ou encore la musique, la géométrie, les mathématiques.

Ce code rappelle aussi l’art de la gématrie, branche de la kabbale qui se fixe pour objectif d’interpréter la Torah sur une base mathématique, chaque lettre de l’alphabet hébreu correspondant à une valeur numérique.

Symboliquement, le code est la Lumière, symbole du logos et de la parole divine intelligible, c’est-à-dire accessible et compréhensible. Mais « compréhensible » ne veut pas dire « comprise » : La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.

Le code est donc caché, mais évident pour celui qui sait se dépasser et ouvrir son coeur. Le maître architecte est celui qui perçoit le code et qui sait le reproduire au travers de ses actions et réalisations : c’est ainsi qu’il accède au vrai, au juste et au beau.

Le premier travail du maître consiste à tracer un cercle sur la planche à tracer. Pour ce faire, il positionne la pointe du compas au centre de la planche, comme un effort de connexion à la Source.

L’écartement du compas permet d’étendre le point central dans toutes les directions de la manifestation, comme le Soleil répand sa lumière sur le monde. Ainsi le tracé reste fidèle au code divin, qui se révèle alors dans toute sa perfection et sa beauté.

Comme le plan du maître respecte le modèle divin, l’ouvrier devra à son tour respecter le plan du maître, afin que la réalisation soit conforme à la conception.

La planche à tracer concrétise la pensée du Grand Architecte de l’Univers. Elle permet de faire l’expérience du code, de le pratiquer afin de retrouver la parole perdue, c’est-à-dire la lumière que l’on ne voyait plus et le verbe qu’on ne comprenait plus.

Un tracé ou une parole sont faits de dualité. Mais connectés au centre, ils réconcilient, réunissent, réharmonisent. Car le code est la déclinaison du principe cosmique essentiel : l’Amour.

Voir aussi notre liste de planches au 3ème degré

Les essentiels du troisième degré maçonnique Adrien Choeur

Ce livre numérique pdf (98 pages) comporte 26 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du troisième degré maçonnique.

Il offre des points d’appui pour qui souhaite pénétrer plus profondément l’esprit et le sens de ce degré.

Modif. le 14 mars 2024

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