Peut-on arrêter le temps ? Comment arrêter le temps qui passe ? Est-il possible d’échapper au temps ? Voici quelques clés pour contrôler la fuite du temps.
L’homme présente cette particularité qu’il a conscience du temps qui passe : nos pensées, notre mémoire, nos souvenirs, notre imagination nous ramènent sans cesse au passé, au présent et au futur. Le temps est un élément fondamental de l’expérience humaine depuis que l’homme a goûté du fruit défendu.
Le fait est que nous nous sentons souvent enchaînés, asservis par le temps. Nous sommes pris au piège par l’impossibilité de revenir en arrière ou de contrôler le futur.
Le temps nous met face à nous-même et face aux autres : avons-nous bien agi ? Comment bien nous comporter dans le futur ? Le temps nous renvoie aux regrets et à la peur d’échouer ou de perdre quelque chose.
Nostalgie, peur de vieillir, peur de mourir, peur de la maladie, peur de perdre un être cher, peur de perdre son argent ou d’abandonner son niveau de vie… la conscience du temps, certes différente d’un individu à l’autre, peut mener à la souffrance. Et se libérer du temps conduirait à l’inverse au bonheur.
Entrons dans le mécanisme du temps et voyons si l’on peut « arrêter le temps ».
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Le temps : linéaire ou cyclique ?
En occident, on a tendance à percevoir le temps comme un phénomène linéaire, évolutif et irréversible, avec une direction entre un début (la création, la naissance) et une fin (la mort). La tradition chrétienne, entre Genèse et Apocalypse, véhicule cette idée.
Les religions ou philosophies asiatiques voient au contraire le temps comme un phénomène cyclique et infini, où alternent les périodes de destruction et de recomposition au sein du même Univers. Les cycles du soleil, des saisons, de la matière et de la vie semblent en effet indiquer la recomposition permanente de notre monde. Seule l’âme pourrait véritablement progresser.
En ces deux visions, on pourrait imaginer un temps cyclique mais doté d’une direction, à la manière d’une spirale.
A noter enfin que certaines religions anciennes connaissaient un rapport inversé entre passé et avenir : le passé était « devant » et l’avenir « derrière ».
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Le temps : réalité ou illusion ?
Le temps qui passe est une réalité : les événements se succèdent, les choses se transforment, les êtres évoluent, vivent et meurent. Le monde révélé a été créé par l’expansion de l’espace et du temps.
Pour les scientifiques, le temps est la mesure de l’évolution des phénomènes. Ainsi l’espace, la matière et le temps sont intimement liés : l’un n’existerait pas sans les deux autres.
D’autre part, depuis des dizaines de milliers d’années, l’homme se base sur les cycles du soleil pour mesurer le temps. C’est la preuve qu’il existe !
Mais le fait est que le passé et le futur sont insaisissables : le passé n’est plus, le futur n’est pas encore, le présent n’a pas d’épaisseur… ils ne semblent donc pas exister. Au final, le temps ne serait qu’une illusion.
Le temps : liberté ou esclavage ?
Les religions occidentales insistent sur la fin des temps, dans l’espoir du retour au divin : la vie peut alors être vue comme une souffrance passagère, avec l’espoir d’une libération.
Au contraire, les religions asiatiques (taoïsme, bouddhisme, hindouisme) invitent à l’introspection, à l’acceptation et à la sagesse afin de sortir de la souffrance et de ne plus subir le temps qui passe.
Le temps dans nos sociétés modernes.
Notre société occidentale introduit toute une série de contraintes dans notre vie quotidienne : toujours plus d’information, de choses à faire, à gérer ou à prévoir, toujours moins de temps pour soi. Le culte du paraître et de la performance viennent renforcer l’impression de course effrénée contre le temps.
Le temps devient insaisissable, et on ne vit plus vraiment.
Deux manières de concevoir le temps.
Le temps peut être vu comme une contrainte : il est alors un obstacle dont on essaie de se libérer, un risque potentiel contre lequel il faut lutter car il fait craindre la perte, la mort, et peut causer des déceptions.
A l’inverse, le temps peut être vu comme un allié : chaque jour qui naît est une nouvelle chance de réussir, de connaître, de comprendre, de bien faire et de s’élever.
Peut-on arrêter le temps, ou faire du temps son allié, et si oui comment ?
Comment acquérir le pouvoir d’arrêter le temps ?
S’il n’est bien sûr pas possible d’arrêter le temps, le premier réflexe de l’homme moderne sera de mieux organiser son temps : c’est un des objectifs principaux du développement personnel.
Il y a cependant une autre voie pour arrêter le temps ou en faire son allié, c’est la voie du sage :
- accueillir les choses telles qu’elles viennent : c’est l’acceptation. Accepter la mort et la perte de ce qu’on aime permet de continuer à vivre sereinement,
- ne pas se fixer d’objectif, mais simplement placer son action dans l’ordre des choses (cf. le non-agir du taoïsme),
- se détacher de son ego et de ses désirs : ce sont en effet les désirs qui créent les contraintes. L’envie crée le manque. La peur hypothèque l’avenir. L’attente crée la souffrance. L’orgueil crée la frustration.
Ainsi, l’absence d’attente permet le bonheur et la sérénité. L’acceptation de la mort fait s’évanouir la peur de disparaître : c’est la voie de l’immortalité.
Ainsi le sage se fait épicurien :
La juste prise de conscience que la mort ne nous est rien autorise à jouir du caractère mortel de la vie : non pas en lui conférant une durée infinie, mais en l’amputant du désir d’immortalité. Epicure
Se placer auprès de Dieu, ou comment entrer dans l’éternel présent.
Sur un plan plus religieux, le détachement des contraintes du quotidien et de nos pensées illusoires nous invite à entrer dans l’éternel présent, au plus près du Créateur. C’est sans doute ce que Jésus appelait « le Royaume de Dieu ».
Les moyens de se libérer des affres du temps.
Il existe des moyens très concrets de se libérer des affres du temps :
- adopter un autre regard sur les choses : contempler, prendre le temps de comprendre, s’ouvrir au monde, se tourner vers les autres, prendre conscience de toute chose,
- pratiquer une activité artistique : peinture, musique, écriture… autant de moyens de « figer » ses pensées et son action,
- pratiquer la méditation ou la sophrologie,
- s’ouvrir à la spiritualité pour approcher les valeurs universelles et s’inscrire dans l’éternité.
Citations sur le temps qui passe.
Réfléchir sur le passé et s’inquiéter de l’avenir ne servent qu’à nous ravir la jouissance du présent. Gabriel Girard
L’homme ne peut se dire vraiment heureux que lorsque le passé, le présent et l’avenir promettant concourent ensemble à son bonheur. Cécile Fée
Lorsqu’on est heureux, on devrait pouvoir arrêter le temps. Jacqueline Dulac, chanteuse
Le temps est le mouvement du soleil, mesure de sa course. Platon
Le temps, c’est ce qui se transforme et se diversifie, l’éternité se maintient dans sa simplicité. Maître Eckhart
Ce mot, quand nous le prononçons, nous en avons, à coup sûr, l’intelligence et de même quand nous l’entendons prononcer par d’autres. Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. Saint-Augustin
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Modif. le 15 avril 2021