L’obole en franc-maçonnerie : définition et origine. Qu’est-ce qu’une obole ? Pourquoi parle-t-on de verser son obole ? Voici une planche maçonnique au 1er degré.
L’obole est une ancienne unité de masse d’½ gramme (exactement 0,568 grammes), soit trois graines de caroube : c’est donc très peu. A noter que des découvertes d’archéologie-botanique ont affirmé que le caroubier existe dans l’est méditerranéen depuis au moins 4000 avant notre ère, c’est-à-dire depuis l’aube de la maçonnerie…
Dans l’Egypte ancienne, les Pharaons se servaient de ces toutes petites graines enfermées dans une fève pour la pesée des pierres précieuses. Ces graines ont un poids constant de 0,20 gramme et on se sert encore aujourd’hui de cette mesure en bijouterie : c’est le carat.
Dans la Grèce antique, l’obole était une unité monétaire valant le sixième d’une drachme et il en fallait 360 000 pour faire un talent d’or. Elle n’était cependant pas la plus petite unité de monnaie car une obole valait 8 chalques.
Au Moyen âge, en France, l’obole était une petite monnaie de cuivre qui valait la moitié d’un denier tournois, soit la 24ème partie d’un sou, pièce d’une valeur si petite qu’elle en devint symbolique.
L’obole dans la mythologie
On trouve par ailleurs l’obole dans une légende bien connue de la mythologie grecque et romaine.
Selon la légende, les âmes des ancêtres vivent dans le monde des morts en un lieu nommé Les Enfers, lesquels comportent plusieurs régions bien délimitées : l’Érèbe où les morts expiaient temporairement leurs fautes, la plaine des asphodèles dans laquelle séjournaient la plus grande partie des défunts, les Champs Élysées, séjour des âmes vertueuses, et le Tartare où les âmes porteuses d’un lourd passé dans le monde des vivants subissaient leur punition.
Les Enfers étaient arrosés par cinq fleuves qui séparaient ces régions : le Styx, le Phlégéthon, l’Achéron, le Cocyte et le Léthé. Pour pénétrer dans les Enfers, Charon, le nocher (celui qui conduit la barque), faisait passer le fleuve Styx ou le fleuve Achéron aux défunts. Une pièce était placée entre les dents, sous la langue, bref dans la bouche du mort. C’était une obole qui servait à payer le passeur, permettant au défunt de franchir l’obstacle.
L’obole en franc-maçonnerie
L’obole que le franc-maçon dépose à la fin de chaque tenue dans le tronc de la veuve est une petite somme d’argent (souvent 2 €) qui a pour but d’aider les frères dans le besoin et de les aider à franchir un passage difficile ou à soulager leur peine.
Le mot « obole » a pris le sens de « don », d’ « offrande », modeste pour celui qui la fait, mais capitale pour celui qui la reçoit. La contribution de chacun permet l’édification d’un système de solidarité sans faille. L’union des petites forces se fait au service d’une cause plus grande : voilà la fraternité en action.
L’excuse avec obole
En loge, participer aux travaux, c’est être actif. Une excuse justifiée par les nécessités de la vie, le travail, la famille, la santé… est rendue plus acceptable par l’obole qu’on y joindra, toujours en amont de la tenue concernée. Ainsi, le frère absent participe matériellement aux travaux. C’est aussi la manifestation du lien qui unit les frères en loge aux frères excusés, ainsi qu’aux frères dans le besoin.
Le recueil des oboles se fait par la circulation, dextrorsum, du Maître des Cérémonies suivi du frère Hospitalier. Leurs déplacements laisseront à chacun le temps d’avoir une pensée fraternelle pour les frères empêchés.
En réalité, les oboles n’ont pas de valeur autre que celle du cœur. Verser son obole est un geste fraternel. C’est l’ensemble des oboles collectées pendant la tenue qui augmentera le tronc de la veuve. Son poids sera exprimé en kilos de pierre plate et fragments (ou éclats) puisque nos métaux sont restés à la porte du temple.
Au final, l’obole peut être considérée comme noble : elle est l’or de la fraternité.
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Modif. le 7 novembre 2024