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Le Nom ineffable au 13ème degré REAA

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Le Nom ineffable au 13ème degré R.E.A.A. : que symbolise-t-il ? En quoi éclaire-t-il la nature de Dieu ? Pourquoi ne doit-on pas le prononcer ?

Le Nom ineffable, Tétragramme divin, aussi appelé « Grand et Mystérieux Nom du Grand Architecte de l’Univers » est le véritable nom de Dieu dans le rituel du treizième degré R.E.A.A. Dieu étant ici défini comme le Principe créateur ou organisateur, qui maintient toute chose en ordre et en cohérence.

Dans le judaïsme, le Tétragramme peut s’écrire mais ne doit pas être prononcé conformément au troisième commandement divin :

Tu ne prendras point le nom de l’Eternel, ton Dieu, en vain ; car l’Eternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.
Exode 20, 7

Prononcer le nom de Dieu constitue donc un blasphème et un péché de vanité. Notons que seul le Grand Prêtre avait le droit de prononcer ce nom dans le Saint des saints du Temple de Salomon, une fois par an le jour de Kippour. Cette tradition ayant disparu, et en l’absence de voyelle dans l’alphabet hébreu, la prononciation exacte du tétragramme est inconnue. Pour toutes ces raisons, les Juifs remplacent le nom de Dieu par les expressions Adonaï (« le Seigneur »), Hashem (« le nom sacré ») ou Elohim (« Dieu »).

Les chrétiens, quant à eux, le transcrivent et le prononcent Yahweh, Yahvé ou Jéhovah. L’Eglise catholique préfère cependant utiliser l’expression « le Seigneur ».

Sous sa forme moderne, le tétragramme s’écrit YHWH. Sous sa forme latine, il s’écrit JHVH, ce qui peut se prononcer « Jéhovah ».

Voyons l’origine et la signification du Nom ineffable.

Voir aussi notre liste de planches au 13ème degré

YHWH pourrait être dérivé de la racine sémitique hwy ou hyh qui signifie « être », « devenir » ou « se révéler », ce qui peut faire penser au souffle de la création.

Cette capacité à « être », que seul Dieu possède, se retrouve dans le passage suivant de l’Exode (le Buisson ardent) :

Moïse dit à Dieu : J’irai donc vers les enfants d’Israël, et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. Mais, s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle « je suis » m’a envoyé vers vous.
Exode 3, 13-14

D – Quelles sont les lettres de ce Nom Sacré et que signifient-elles ?
R – Le Nom Ineffable se compose des lettres IOD, HE, VAV, HE.
IOD est le principe de toute activité, c’est l’unité du Principe Créateur.
HE traduit l’expansion du souffle créateur. C’est la vie et l’action.
VAV figure le rapport entre la cause et l’effet, loi selon laquelle s’exerce toute activité.
HE manifeste le résultat de l’action. C’est la création en voie d’accomplissement.

Rituel d’instruction au treizième degré R.E.A.A.

Dans la Kabbale, courant mystique du judaïsme, Ein Sof (littéralement « sans limite ») est Dieu avant toute manifestation ; il est infini, inconnaissable, caché, ineffable, sans nom, sans attribut, sans forme.

Pour permettre la création du monde, Ein Sof se retire afin qu’autre chose que lui puisse exister. Ce retrait ou « vide » est appelé Tsimtsoum. Ainsi, la lumière de Dieu disparaît pour laisser place à un reflet lumineux qui constitue le souvenir de la Lumière primordiale : voilà Yod qui apparaît, première lettre du tétragramme divin.

Yod crée l’écriture et la parole ; cette lettre contient en elle le germe de toute manifestation. En hébreu, Yod est la main (yad). Voilà la main de Dieu, la main qui sème, celle qui permet de faire éclore la vie. Yod est la traduction de la volonté de Dieu dans la réalité physique. C’est encore l’étincelle de vie, ou la graine qui va permettre à l’arbre de se déployer.

 est présente deux fois dans le tétragramme. Cette lettre est liée au souffle et à la respiration : il s’agit de laisser entrer le principe divin actif en soi, ce qui nécessite un certain lâcher-prise. Lettre passive, Hé est associée à la bouche ou à la fenêtre. 

Wav (ou Vav) évoque un crochet, un élément qui unit. C’est un axe, un trait qui relie deux points, comme pour mettre en correspondance deux oppositions (par exemple ce qui rentre et ce qui sort de Hé) ou deux mondes (celui d’en haut et celui d’en bas). Nous avons là le signe d’une superposition, d’un rassemblement, d’une harmonie.

Ainsi, Yod et Wav sont de nature active et masculine, alors que Hé est une lettre plutôt passive et féminine. Le tétragramme peut donc être lu comme une alternance parfaite entre le masculin (créateur, réconciliateur) et le féminin (ce qui est créé, animé, réuni).

Placé entre deux Hé, le Wav réconcilie la dualité : c’est en quelque sorte le centre du tétragramme.

Le Nom ineffable traduit l’origine du monde manifesté et la manifestation elle-même. Il traduit surtout la capacité de l’homme à approcher ces réalités, en posant notamment la question de l’immanence et de la transcendance.

Au treizième degré comme dans nombre de traditions religieuses ou ésotériques, le Nom ineffable est représenté au centre d’un triangle d’or ou d’un delta lumineux. Un œil remplace parfois les quatre lettres du Tétragramme au coeur du delta : c’est l’œil de la conscience humaine qui s’ouvre, et qui a vocation à rencontrer le Mystère.

Ainsi, le tétragramme éclaire à la fois les questions ontologiques (notre capacité à être et à ouvrir notre conscience) et cosmologiques (la structure du monde).

Par son caractère imprononçable, le Tétragramme évoque la Parole perdue, c’est-à-dire la vérité cachée, oubliée, qui doit faire l’objet d’une quête personnelle dans le monde comme en soi-même.

Le caractère ineffable du Tétragramme divin exprime la perte de notre authenticité primordiale du fait du péché originel. L’homme, par orgueil et ambition, a croqué du fruit de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal dans le but « d’être comme les dieux ». Par ce geste, il est entré dans le monde de l’erreur et de l’illusion.

C’est donc en renonçant à nous-mêmes que nous pourrons retrouver la Parole perdue. La prononciation du Tétragramme nous apparaîtra alors comme une évidence…

Par ailleurs, dans le rituel d’instruction au treizième degré, on peut lire :

D – Quelle autre interprétation peut-on donner au Tétragramme ?
R- Il évoque ce qui était, ce qui est et ce qui sera, c’est-à-dire l’Éternel.

En effet, le Tétragramme contient tout, il réunit toutes les réalités, le présent et le passé, le haut et le bas, l’intérieur et l’extérieur. Il est au centre de tout. Précisément, approcher ce centre, c’est comprendre quelle est notre véritable place au sein du Tout, c’est aborder notre véritable essence.

Tout initié au treizième degré se souvient du moment où le Trois Fois Puissant Grand Maître a crié « Silence ! » au moment de prononcer les quatre lettres Iod – Hé – Vav- Hé.

Par ailleurs, dans le rituel d’ouverture des travaux au treizième degré, on peut lire :

LE TROIS FOIS PUISSANT GRAND MAITRE
Connaissez-vous la véritable prononciation du Grand Nom ?
LE GRAND INSPECTEUR
C’est un Nom Sacré, j’en connais les lettres, mais j’en ignore la prononciation.

Pourtant, toujours dans le rituel d’instruction au treizième degré, on peut lire :

D – Quel est le nom sacré ?
R – IEHOVAH

Iehovah, mot prononçable, résulte du mélange entre les consonnes de YHWH (Iod, Hé, Vav, Hé) et les voyelles du mot « Adonaï » (Seigneur). Ne serait-on pas en train de contrevenir à la règle énoncée plus haut ?

En réalité, l’interdiction de prononcer le nom divin est purement symbolique. Dieu contenant tout, tous les mots, toutes les idées, toutes les choses, lui attribuer un nom définitif serait profaner son essence. Il s’agit donc de ne pas réduire Dieu à un mot ou à concept partiel et limité, précisément parce que Dieu relève de l’universel et du non limité.

En prononçant le mot « Iéhovah » ou « Adonaï », l’initié sait que son interprétation est limitée, et développe le souhait de connaître toujours mieux ce qu’il ne perçoit que par des bribes d’intuition.

De même, dans la Légende des Trois Mages, le chef des mages précise au sujet du nom « Adonaï » : « ce nom n’est qu’un vain symbole qui n’exprime pas réellement l’idée de la Conception Suprême ».

Le rituel du treizième degré donne une autre raison à l’interdiction de prononcer le nom de Dieu, finalement assez proche de celle que nous venons d’exposer :

D – Pourquoi, à ce grade, ne pouvez-vous pas prononcer le Nom ineffable ?
R- Parce que la mort de Maître Hiram préfigure la destruction du Temple et la perte de la Parole.

Rituel d’instruction au treizième degré R.E.A.A.

En effet, la mort d’Hiram nous permet de souvenir que nous ne savons rien, que nous ne pouvons pas accéder définitivement aux secrets. Quels que soient nos progrès, nous restons des êtres faibles, limités, illusionnés, sujets à l’erreur. Nous sommes bien loin d’être des chevaliers ou des franc-maçons accomplis, et paradoxalement, le fait de réaliser cela nous permet d’être élevés au grade de Chevalier, car nous sommes devenus lucides sur notre propre condition.

La mort d’Hiram, tout comme la destruction future du Temple, nous permettent de nous remettre en question, et donc de poursuivre notre quête de la Connaissance, de la Vérité et de la Parole perdue.

Ainsi, en nous abstenant de prononcer le nom de Dieu, nous nous promettons de continuer l’effort et de rester vigilants.

Pour aller plus loin :

Les essentiels des 13ème et 14ème degrés

Ce livre numérique pdf (75 pages) comporte 20 planches relatives aux 13ème et 14ème degrés.

Décryptez les notions essentielles, de la Voûte sacrée à la dispersion des Grands Elus, en passant par le voyage de Guibulum, le souvenir d’Enoch, la décadence de Salomon ou le sacrifice de Galaad…

Modif. le 13 octobre 2024

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