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Les neuf arches : planche au treizième degré

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Les neuf arches au treizième degré : que symbolisent-elles ? Pourquoi est-il si difficile de les traverser ?

Au treizième degré du R.E.A.A., les neuf arches sont neuf cryptes superposées, communiquant entre elles par des trappes. Guibulum franchit successivement ces neuf cavités, s’enfonçant toujours plus dans la Terre à la recherche du Nom ineffable, dont la connaissance donne accès au grade de Chevalier de Royal-Arche.

De manière générale, le mot « arche » a plusieurs sens :

  • c’est d’abord un coffre (du latin arca, « coffre, armoire ») ; l’Arche d’alliance est notamment le coffre élaboré par Moïse sur ordre de Dieu afin d’y placer les Tables de la Loi,
  • c’est aussi un vaisseau ou navire, en l’occurrence celui que Noé construit sur demande de Dieu afin d’échapper au Déluge,
  • c’est enfin une voûte en arc, soutenue par des piliers. Au somment de l’arche, la clé de voûte joue un rôle essentiel : elle reçoit et redistribue les forces.

L’arche évoque donc à la fois un espace secret, un véhicule et un ouvrage d’art : son symbolisme offre plusieurs clés de compréhension.

Voici une planche sur les neuf arches au treizième degré du R.E.A.A.

Voir aussi notre liste de planches au 13ème degré

Les neuf arches peuvent représenter neuf étapes, neuf couches à percer, neuf secrets à découvrir, neuf degrés ou facettes de la Connaissance. Selon le rituel, franchir les arches consiste à « faire de nouvelles découvertes ».

Les neuf cryptes communiquant par des trappes, aucune cavité ne peut être contournée ou oubliée, comme si la maîtrise d’un enseignement était indispensable pour accéder aux enseignements suivants. C’est le principe même de la progression initiatique.

Guibulum accomplit son voyage en trois fois trois étapes : il franchit d’abord trois arches puis remonte, franchit six arches puis remonte, franchit enfin les neuf arches puis remonte. C’est la peur, et celle de ses deux compagnons, qui explique le fait que Guibulum s’y prenne à trois reprises.

Les neuf arches

Chaque trappe constitue un saut dans le vide, un effort à accomplir pour percer les secrets. Mais quels sont ces secrets ?

On peut d’abord y voir le résumé des enseignements des différents degrés de la loge de perfection, à savoir :

  • première arche / quatrième degré (Maître Secret) : le devoir,
  • deuxième arche / cinquième degré (Maître Parfait) : l’hommage à Maître Hiram et à la perfection qu’il représentait,
  • troisième arche / sixième degré (Secrétaire Intime) : la possibilité d’une réconciliation intérieure (pour rappel, Johaben devient le secrétaire intime de Salomon, qui représente la grâce spirituelle, et d’Hiram de Tyr, qui représente la rigueur matérielle),
  • quatrième arche / septième degré : la Justice, par laquelle le Prévôt et Juge s’assure de l’avancée du chantier,
  • cinquième arche / huitième degré (Intendant des bâtiments) : la fraternité à travers les cinq points de fidélité (agir, intercéder, prier, aimer et secourir ses frères),
  • sixième arche / neuvième degré (Maître Elu des Neuf) : la victoire sur l’ambition,
  • septième arche / dixième degré (Illustre Elu des Quinze) : la Justice en soi,
  • huitième arche / onzième degré (Sublime Chevalier Elu) : la naissance de l’homme vrai, Emerek, en lutte perpétuelle contre contre l’erreur, l’illusion et l’injustice,
  • neuvième arche / douzième degré (Grand Maître Architecte) : la totale maîtrise de soi et de l’art de la construction à travers la géométrie.

Ansi, de la compréhension de son devoir à la totale maîtrise de lui-même, le franc-maçon aura dû franchir neuf arches, ouvrir neuf coffres, avant de rencontrer le Principe divin.

On peut aussi voir dans les neuf arches les attributs divins associés aux Sephiroth, selon la Kabbale.

Les Sephiroth sont les sphères qui composent l’arbre de vie kabbalistique ; elles décrivent différents niveaux de réalité, chaque niveau étant un reflet de Dieu autant que de l’être humain.

Partir de la dernière Sephira pour remonter à la première revient à décrire le chemin de l’éveil. Chaque Sephira hérite du flux provenant de la Sephira précédente. L’énergie circule selon un chemin en zigzag appelée « l’épée de feu », que l’on peut symboliquement associer à la corde que Guibulum utilise pour explorer les neuf voûtes.

Si l’on évacue Malchut, Sephira représentant le monde objectif donc invisible pour nous, chaque Sephira pourrait être associée à une voûte, pour représenter les différents niveaux de Connaissance ou « couches de conscience » :

  1. Yesod (« fondation ») serait la prise de conscience de notre subjectivité : c’est le point de départ de la démarche spirituelle,
  2. Hod (« majesté ») serait le développement de la raison,
  3. Netzach (« victoire ») serait la lutte contre les passions qui nous animent,
  4. Tiferet (« beauté ») serait la vision pure, la conscience aboutie de l’harmonie du monde et de l’être,
  5. Gevurah (« force ») serait la compréhension des lois morales qui gouvernent le monde,
  6. Hesed (« amour ») serait la compréhension du destin de l’homme, appelé à s’unir en fraternité avec ses pairs,
  7. Binah (« intelligence ») serait la capacité à approcher l’intention divine par l’intellect,
  8. Chochmah (« sagesse ») serait la capacité à approcher l’intention divine par l’intuition,
  9. Keter (« couronne ») serait l’intention divine elle-même, la Source symbolisée par le Nom ineffable gravé sur le triangle scellé sur la pierre d’agate : « Je suis ce que je suis ».

On retrouvera dans ces notions l’enseignement des différents degrés de perfection, comme vu plus haut.

Remarque : Dans la Légende des Trois Mages, les mages prononcent les noms des Sephiroth pour ouvrir les portes de bronzes permettant d’accéder aux différentes cryptes.

En outre, dans le rituel du treizième degré, les neuf arches sont associées aux noms des « neuf premiers architectes », eux-mêmes associés à neuf noms de Dieu, à savoir :

  1. Iod,
  2. Iaho,
  3. Iah,
  4. Eheih,
  5. Eliah,
  6. Iaheb,
  7. Adonaï,
  8. Elkhanan,
  9. Iobel.

La plupart de ces noms sont des variations ou des déformations du Tétragramme divin. Par ailleurs, dans le judaïsme, Adonaï est le substitut le plus connu au vrai nom de Dieu depuis que le Temple de Jérusalem a été détruit.

Les neuf arches sont autant de niveaux de Connaissance qu’il faut tenter de pénétrer. Chaque enseignement porte le suivant. Chaque clé de voûte est une trappe, une clé qui permet d’intégrer le niveau suivant.

Lorsque Guibulum s’enfonce, il déchire les voiles, progresse mais se laisse gagner par la peur. Lorsqu’il remonte, il régresse mais se nourrit d’une motivation nouvelle. Ce mouvement d’aller-retour permet la réussite de l’opération.

Au final, en s’enfonçant, en s’abandonnant, en s’effaçant, Guibulum laisse grandir en lui les valeurs maçonniques, ce qui consiste notamment à accorder plus de place à l’autre. Au final, il laisse toute la place au Grand Architecte de l’Univers.

Lire aussi notre article sur la Voûte sacrée

Pour aller plus loin :

Les essentiels des 13ème et 14ème degrés

Ce livre numérique pdf (75 pages) comporte 20 planches relatives aux 13ème et 14ème degrés.

Décryptez les notions essentielles, de la Voûte sacrée à la dispersion des Grands Elus, en passant par le voyage de Guibulum, le souvenir d’Enoch, la décadence de Salomon ou le sacrifice de Galaad…

Modif. le 13 octobre 2024

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