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Le martèlement du Nom ineffable : interprétation

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Le martèlement du Nom ineffable : comment l’interpréter ? Comment les Grands Elus Parfaits et Sublimes Maçons protègent-ils le secret ?

Après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, le chaos s’installe et le Temple est profané. Les Grands Élus tentent de défendre la ville, en vain. Quelques-uns d’entre eux parviennent à rejoindre la Voûte Sacrée pour la protéger. Dans la Voûte, ils retrouvent le triangle d’or scellé sur la pierre d’agate.

LE GRAND ORATEUR
Les Grands Élus, Parfaits et Sublimes Maçons, en retrouvant le triangle d’or scellé sur la pierre d’agate, s’écrièrent « Maha Imaha Rabach » (Dans elle est ce qui est dans la caverne). Ce mot devint le grand mot de passe, le plus important à connaître pour les fidèles gardiens du Trésor sacré.

LE RESPECTABLE FRÈRE SECOND GRAND SURVEILLANT
Les Grands Élus, Parfaits et Sublimes Maçons, se mirent immédiatement au travail ; ils martelèrent le Nom Sacré, le rendant illisible pour ne pas courir le risque de le voir découvert par les impies. (…) Ils brisèrent la pierre d’agate.

Rituel d’initiation au 14ème degré REAA

Le martèlement du Nom ineffable est symbolique à plusieurs titres. Il renvoie au secret, à la transmission et à la nature même de la Connaissance.

Le martèlement rend le Tétragramme illisible par effacement des lettres. Mais sur le plan initiatique et symbolique, le mot « illisible » prend un autre sens. En réalité, les lettres ne sont pas perdues, puisque qu’elles sont connues jusqu’à aujourd’hui, y compris dans le monde profane. Elles ont simplement perdu leur sens.

« Illisible » ne signifie donc pas « invisible » mais impossible à lire dans le sens d’impossible à prononcer et à interpréter. D’ailleurs, le rituel précise : « De cette époque date l’usage d’épeler lettre par lettre le plus saint Nom des Noms, sans jamais former une syllabe ».

Voici donc une planche sur le martèlement du Nom ineffable.

Voir aussi notre liste de planches au 14ème degré R.E.A.A.

Sur le plan légendaire, le martèlement du Nom ineffable a une utilité évidente : les ennemis, impies, ne doivent pas pouvoir s’emparer du trésor des Grands Elus. Ce trésor doit rester caché et préservé de toute profanation.

Sur le plan symbolique, le martèlement réintroduit le thème de la Parole perdue, qui annonce une nouvelle quête pour tenter de retrouver ce qui a été à peine entrevu, à savoir l’idée qui se cache sous le symbole du Grand Architecte de l’Univers.

Le Tétragramme représente le mystère divin, mais il n’est pas le mystère. Or les conditions ne sont plus réunies pour approcher Dieu. La Voûte sacrée n’est plus opérationnelle. Le processus initiatique est stoppé, la chaine de transmission est rompue.

Les voiles sont réapparus, les mauvais compagnons sont revenus, les illusions se sont réinstallées. Salomon, premier des Initiés, ne sait plus discerner, ne sait plus « lire », ne perçoit plus la Lumière divine : il est devenu sourd à la voix de l’Eternel.

Le martèlement du Nom ineffable évoque peut-être un échec, certainement un repli, en tous cas une précaution : il s’agit de protéger l’idée de Dieu de ce qu’il y a de plus impur en nous, comme on repousserait un coffre dont on aurait peur de dilapider le trésor qu’il contient.

Ainsi, en martelant le Tétragramme, le franc-maçon se protège de lui-même, reconnaissant qu’il n’est plus en capacité d’approcher le Mystère. Mais le trésor reste là, en attente ; nous en conservons la clé, espérant pouvoir un jour passer et rétablir l’alignement sacré. Cette idée nous renvoie directement au quatrième degré.

Ne pouvant pas emporter la pierre d’agate avec eux, les Grands Elus décident de la briser. Cette pierre était le support du Nom ineffable, elle représentait le coeur du franc-maçon libéré de ses préjugés, de ses peurs et de ses contraintes, donc prêt à « lire » le Nom ineffable, c’est-à-dire à en trouver le sens.

Les franc-maçons ne savent plus mobiliser l’intelligence du coeur, cette capacité à voir par l’Amour, par ce qui rassemble, réunit et réconcilie. Cette régression, représentée par la décadence de Salomon, est due au retour de nos instincts animaux. Des instincts qu’il faudra chasser et punir, comme les mauvais compagnons ont été neutralisés au neuvième et dixième degré, avant d’espérer retrouver la clairvoyance.

Selon le rituel d’instruction au quatorzième degré, la plaque d’or martelée est placée dans l’Arche d’alliance, laquelle est enfouie dans un puits profond de 27 pieds :

LE RESPECTABLE FRÈRE SECOND GRAND SURVEILLANT
Les Grands Élus, Parfaits et Sublimes Maçons, se mirent immédiatement au travail ; ils martelèrent le Nom Sacré, le rendant illisible pour ne pas courir le risque de le voir découvert par les impies.
Ils placèrent la plaque d’or dans l’Arche d’Alliance, qui contenait aussi les Tables de la Loi, et brisèrent la pierre d’agate qu’ils ne pouvaient emporter.

Ils creusèrent alors un puits de vingt-sept pieds de profondeur et y enfouirent l’Arche et tout ce qu’elle contenait. (…)

Les Grands Élus, Parfaits et Sublimes Maçons, satisfaits de leurs précautions, résolurent de ne plus faire confiance qu’à leur propre mémoire pour transmettre à la postérité, dans les formes traditionnelles, le Nom Ineffable. De cette époque, date l’usage d’épeler lettre par lettre le plus saint Nom des Noms, sans jamais former une syllabe.

Dans l’Ancien Testament, l’Arche d’alliance est le coffre qui contient les Tables de la Loi (les Dix commandements), mais aussi la manne (pain tombé du ciel pour nourrir les hébreux lors de leur traversée du désert) ainsi que le bâton d’Aaron (l’un des attributs de royauté accordés par Dieu). Il est interdit de toucher l’Arche sans raison, sous peine de mort.

L’Arche est faite en bois de cèdre (Exode 25, 10), ce qui rappelle la « Maison de cèdre », autrement dit le Temple de Salomon. Les barres qui permettent de la transporter sont en acacia, ce qui reflète une nouvelle Connaissance en germe.

L’Arche d’alliance évoque bien sûr l’ « arche » au sens de voûte, et le fait qu’elle soit placée au fond d’un puits dont la profondeur est multiple de 3 rappelle la neuvième voûte du treizième degré. Ainsi, l’Arche demeure cachée au plus profond de notre être, prête à être redécouverte et réouverte, son secret prêt à parler à celui qui s’en montrera digne.

Le martèlement du Tétragramme n’est pas une destruction et encore moins une profanation. Le Nom ineffable reste gravé dans la mémoire et le coeur des Initiés.

Une fois le calme, la Justice et la fraternité rétablies, les Grands Elus pourront retourner dans les profondeurs de leur intimité pour y puiser l’énergie de compréhension nécessaire à leur reconnexion avec le Tout. Ils pourront aussi diffuser une part de cette énergie pour faire naître de nouvelles vocations.

Le secret n’est pas transmissible mais la méthode l’est : il est du devoir des Grands Elus de verrouiller l’accès à la Connaissance lorsqu’elle est menacée, et d’en transmettre les clés lorsque les conditions sont réunies… « C’est ainsi que la franc-maçonnerie s’est perpétuée de génération en génération ».

Pour aller plus loin :

Les essentiels des 13ème et 14ème degrés

Ce livre numérique pdf (75 pages) comporte 20 planches relatives aux 13ème et 14ème degrés.

Décryptez les notions essentielles, de la Voûte sacrée à la dispersion des Grands Elus, en passant par le voyage de Guibulum, le souvenir d’Enoch, la décadence de Salomon ou le sacrifice de Galaad…

Modif. le 13 octobre 2024

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