La marche de l’apprenti : symbolisme au REAA. En quoi consistent les pas au premier degré ? Vers quoi le franc-maçon se dirige-t-il ?
Au REAA, la marche de l’apprenti se fait par trois pas rectilignes.
Plus précisément, l’apprenti se tient droit et se met d’abord à l’ordre, pieds en équerre ; il fait trois pas en avant en partant du pied gauche, ramenant à chaque fois le talon du pied droit contre celui du pied gauche de manière à former l’équerre. Il fait ensuite le signe pénal.
Les pas peuvent être schématisés de la façon suivante :
Le symbolisme de la marche de l’apprenti est riche : il évoque la règle et l’équerre, donc la rectitude, la rigidité, la régularité, la constance, la discipline, la prudence ou encore le progrès et l’effort.
Cette marche est effectuée par l’apprenti qui demande l’accès à l’espace sacré, un espace qui doit être respecté et dans lequel tout est codifié. Le franc-maçon avance sur le pavé mosaïque symbolisant le cosmos. Sa marche commence entre les deux colonnes.
Entrons dans le symbolisme de la marche de l’apprenti au REAA.
Voir aussi le Rituel d’instruction 1er degré REAA
La marche de l’apprenti et son symbolisme au REAA
La marche de l’apprenti est particulièrement contrainte : elle n’a rien à voir avec la marche profane qui consiste à faire passer chaque pied successivement devant l’autre. Au contraire, nous avons là une marche sans élan, encadrée, bordée de garde-fous.
Chaque avancée, chaque pas doit être validé par le retour du talon droit en équerre, marquant un palier ou un arrêt. Rappelons que l’équerre est, comme la règle, un outil de contrôle et de validation qui garantit la régularité de l’ouvrage. L’équerre permet un raisonnement clair, une argumentation judicieuse et par conséquent une action saine. L’équerre est donc l’élément qui permet de valider une étape du travail accompli, avant d’aller plus loin.
La conséquence de cette marche contrainte est que l’apprenti est forcé à la lenteur : il doit faire preuve d’attention et de prudence… sans oublier qu’il est observé par ses pairs.
La nature de cette marche n’est pas sans rappeler la formule « je ne sais ni lire ni écrire, je ne sais qu’épeler » : le franc-maçon ne sait pas lire, il prononce le mot sacré lettre par lettre, chacune d’entre elles semblant séparée des autres, sans lien. De même, dans la marche de l’apprenti, chaque pas semble dissocié des autres. Ainsi, bien que cohérente, la marche manque de naturel, de liant…
Les pas de l’apprenti, entre binaire et ternaire
La marche du premier degré allie binaire et ternaire :
- le binaire est présent au sein de chaque pas : pied gauche d’abord (volonté), pied droit ensuite (rectitude). Ce binaire rappelle la signification des deux colonnes Boaz et Jakin, que l’on peut associer l’une à la force, l’autre à la stabilité,
- le ternaire se retrouve dans les trois pas,
- ainsi, la dualité se trouve dépassée par le ternaire.
Le ternaire et le chiffre 3 évoquent aussi l’âge de l’apprenti, la triage corps-âme-esprit, les trois marches de l’escalier représenté sur le tapis de loge, ou encore les trois piliers Sagesse, Force et Beauté, autrement dit les valeurs qui fondent la démarche maçonnique. On peut aussi y voir les trois voyages ou les trois étapes alchimiques (Oeuvre au noir, Oeuvre au blanc, Oeuvre au rouge).
Notons enfin que l’apprenti commence sa marche pied gauche, côté du coeur, alors que le côté droit évoquerait plutôt la raison qui vient valider l’intuition.
La marche de l’apprenti est donc la marche du coeur : elle a de la valeur parce qu’elle est sous-tendue par l’Amour, la charité, tout en étant validée par la raison.
Vers quoi l’apprenti marche-t-il ?
L’apprenti avance de l’occident vers l’orient, donc vers la source de la Lumière. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, la direction de la Lumière n’est pas évidente. Car nous ne parlons pas ici d’une lumière physique, mais bien de la Lumière de la conscience spirituelle. Or rien n’est acquis : l’erreur et l’illusion guettent, nous sommes plus dans un labyrinthe que sur une ligne droite. C’est la raison pour laquelle l’équerre reste essentielle.
Chaque pas doit être étudié, pesé puis validé, afin de tenir le cap, sans risquer de dévier ou de chuter.
Bien sûr, la marche de l’apprenti évoque l’évolution de ce dernier sur le chemin de la Connaissance. Mais c’est surtout vers lui-même que l’apprenti avance, vers la compréhension et la maîtrise de sa propre personnalité.
La marche de l’apprenti : conclusion
Les pas de l’apprenti sont le signe d’une marche ordonnée et progressive sur la voie de l’éveil. Tout progrès doit s’appuyer sur des bases solides. Toute avancée doit être suivie d’une pause et d’une nécessaire rectification.
Ainsi, la marche de l’apprenti symbolise la démarche maçonnique. Chaque pas est une tentative de progrès rendue possible par un éclair de lumière intuitive. Et chaque talon ramené est une validation de ce progrès par la raison.
Voir aussi notre liste de planches au grade d’apprenti, 1er degré REAA
Pour aller plus loin :
Ce livre numérique pdf (114pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.
Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.
Modif. le 15 février 2024