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Le mandala en spiritualité, support de la vision claire

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Le mandala en spiritualité : définition, origine et utilisation. Quel est le symbolisme des mandalas ? En quoi favorisent-ils la quête spirituelle ?

Le mandala (« cercle » en sanskrit) est un objet symbolique utilisé comme support de la pratique spirituelle dans l’hindouisme, le bouddhisme tibétain, le bouddhisme japonais, le jaïnisme, le taoïsme ainsi que d’autres courants spirituels plus récents.

Lorsqu’il est strictement géométrique, le mandala prend le nom de yantra (« instrument de maîtrise » en sanskrit), dont le but est d’éveiller l’énergie spirituelle par la méditation.

D’origine très ancienne, le mandala s’est d’abord épanoui dans l’Inde védique où il constituait le support sacré des rites sacrificiels. L’art du mandala s’est ensuite développé en Asie, notamment en Chine et au Japon.

Dans ces pays, l’essort du mandala s’explique par l’expansion, à partir du Ve siècle après JC, du vajrayana, branche du bouddhisme caractérisée par la transmission (tantra) et la pratique de rituels ésotériques, initiatiques ou magiques, en lien avec le tantrisme hindouiste. Les cérémonies d’initiation amènent le postulant à entrer dans le mandala, sorte de labyrinthe dont il s’agit de parvenir au centre pour se confondre avec la « divinité ».

En réalité, le mandala peut prendre des formes très diverses en fonction de l’époque et de la culture considérée :

  • il peut être tracé au sol, sur un mur, brodé sur un tissu ou dessiné sur un support papier,
  • il peut être réalisé avec du sable, des graines, de la peinture, etc,
  • il peut être éphémère (symbole d’impermanence) ou destiné à durer,
  • il peut être géométrique ou figuratif, ou les deux à la fois,
  • il peut être réalisé seul ou en groupe,
  • il peut être un outil rituel, un support de méditation ou une forme d’art sacré.

Dans certains cas, la construction et la destruction du mandala font partie de la pratique spirituelle.

Généralement, le mandala est centré autour d’un axe et orienté. Il peut représenter :

  • le cosmos,
  • le « corps divin »,
  • l’esprit du Bouddha,
  • le plan divin,
  • la psyché,
  • le corps humain,
  • le plan de la maison,
  • le schéma du palais royal,
  • etc.

Le mandala invite à établir des correspondances entre le la matière et l’Esprit, entre le microcosme et le macrocosme ; il invite à la contemplation et à la découverte des mystères : c’est un support ésotérique, un outil au service de la quête mystique.

Aujourd’hui, le mandala est le support de pratiques artistiques et spirituelles qui visent au calme et à l’harmonie intérieure.

Entrons dans la signification et le symbolisme des mandalas.

Dans l’hindouisme, le mandala est d’abord abordé comme un espace sacré où l’on invoque la divinité. Il est lié à des rituels quotidiens et constitue un support de dévotion.

Lorsqu’il est strictement géométrique, il devient yantra, représentation dont le but est d’éveiller l’énergie spirituelle (yoga, méditation) en vue de percevoir la Vérité et d’atteindre l’atman, c’est-à-dire l’essence véritable. Le décodage des yantras se fait par l’initiation d’un guru (tantrisme). A noter que chaque yantra est associé à un mantra (invocation sacrée).

Il existe différents types de yantras, mais le plus célèbre d’entre eux est le shri yantra (du sanskrit qui signifie « splendeur », « prospérité »), figure composée d’une enceinte dotée de quatre portes ouvrant sur un triple cercle intérieur, dont deux prennent la forme d’une fleur de lotus à 8 et 16 pétales. Au centre, cinq triangles pointe en bas, quatre triangles pointe en haut :

shri yantra
Exemple de shri Yantra

A noter que de nombreux temples hindous sont bâtis sous la forme de yantras.

Dans le bouddhisme vajrayana, le mandala est un support graphique qui permet d’approcher la « nature du Bouddha », un état d’être libre de tout attachement. On parle d’approcher la « divinité » ; or il ne s’agit pas ici de s’identifier à Dieu, mais plutôt de percevoir l’ultime réalité.

Le mandala est alors, avec le mudra (gestuelle) et le mantra (parole), l’un des trois aspects fondamentaux de l’enseignement (dharma) et de la méditation.

Par exemple, dans le bouddhisme ésotérique japonais Shingon, on trouve deux types de mandalas complémentaires :

  • le mandala du monde de la matrice (taizo-kai) représente la manifestation, les phénomènes, la matrice, le féminin, les cinq éléments, l’intuition,
  • le mandala du monde du diamant (kongo-kai) représente le monde de la pensée, la conscience (sixième élément), le masculin, l’enseignement, la sagesse, le principe cosmique immuable. Il comporte souvent un grand nombre de divinités regroupées en « quartiers », symbolisant différents niveaux de conscience : compassion, intelligence, discernement, force, etc.

Ces mandalas peuvent représenter des corps, des bouddhas (attributs, postures…) ou des lettres de l’alphabet primitif siddham :

mandala bouddhisme taizokai
Mandala taizo-kai
Mandala kongokai
Mandala kongo-kai

Les mandalas et les yantras offrent une image du cosmos et des énergies qui le composent, en l’occurrence l’énergie matérielle (qui descend) et l’énergie spirituelle (qui monte), les deux ayant vocation à se rencontrer et à fusionner, ce qui permet de voir la « réalité ».

Le mandala invite à établir une correspondance entre l’homme et le divin, entre le bas et le haut, entre le microcosme et le macrocosme, entre la périphérie et le centre. Le but est de vaincre l’illusion de la dualité.

Les mandalas permettent encore une double approche intuitive et analytique.

Le mandala peut aussi représenter un labyrinthe qu’il s’agit de traverser pour atteindre le coeur, le centre, la Source, l’atman, le nirvana, la libération finale. Ce labyrinthe, c’est bien sûr celui de notre psychisme. Plusieurs enceintes, barrières ou obstacles doivent être dépassés pour accéder à la vérité.

Les mandalas développent aussi un symbolisme des formes géométriques. Les yantras, par exemple, se veulent l’image de l’univers :

  • le point central (bindu) est le lieu de la création ; il exprime la transcendance de l’absolu (le brahman),
  • le triangle pointe en bas correspond à l’Eau et à l’énergie féminine,
  • le triangle pointe en haut correspond au Feu et au masculin,
  • le cercle correspond à l’Air, aux Cieux,
  • le carré correspond à la Terre, à l’espace et aux directions cardinales,
  • la fleur de lotus symbolise les phénomènes qui se déploient dans le temps et dans l’espace.

On retrouve les mandalas ou les yantras sous des formes très diverses dans les pratiques spirituelles actuelles, par exemple l’art-thérapie, les soins énergétiques, la relaxation, la wicca, le néopaganisme, etc.

Le but est principalement de libérer l’individu, son pouvoir spirituel, son potentiel créatif, et de l’amener à mieux se connaître. L’objectif est encore d’apaiser le psychisme, de le recentrer, de l’amener à se concentrer sur l’essentiel afin qu’il puisse retrouver une certaine harmonie intérieure. On parle alors de mandala de guérison, d’abondance, de protection, de purification, de nettoyage énergétique ou encore de « mandala thérapeutique ».

Dessiner un mandala permet par exemple de se concentrer, de se détacher de toute idée inutile et de travailler à la construction de sa propre personnalité, tout en renforçant l’estime de soi.

Dans ce cadre, la création de mandalas obéit ou non à des règles spécifiques : symétrie, géométrie, création libre…

A noter que le mandala a également été utilisé par Carl Gustav Jung, le fondateur de la psychologie analytique. Jung abordait les mandalas comme une représentation symbolique de la psyché et un moyen de travailler sur le processus d’individuation, par lequel l’individu prend conscience de ce qu’il est vraiment.

Mandala
Exemple de mandala

Le mandala peut évoquer :

  • les étoiles en tant que figures symboliques,
  • certaines structures végétales (fleurs),
  • la fleur de lotus : présente dans les yantras, elle symbolise le déploiement du Soi à la surface de l’eau (l’eau symbolisant le psychisme),
  • la fleur de vie (géométrie sacrée),
  • le cube de Métatron,
  • l’oeil (le troisième oeil),
  • la roue du karma ou la roue du dharma (bouddhisme),
  • le sceau de Salomon, notamment pour l’imbrication des 9 triangles au centre des yantras, symbolisant l’union des contraires,
  • les rosaces de l’art chrétien,
  • les roues de médecine chez les Amérindiens,
  • les figures géométriques des aborigènes d’Australie,
  • les arabesques et les motifs de l’art géométrique islamique,
  • etc.

Enfin, en tant que matérialisation de l’espace sacré, le mandala rappelle le tapis de loge que l’on déploie dans les loges maçonniques à chaque ouverture des travaux.

Le mandala est un tremplin spirituel : il invite à prendre conscience des réalités cachées, il favorise la connaissance de soi autant que celle du cosmos, il relie l’Homme à ce qui le dépasse. Il révèle notre Soi, c’est-à-dire notre être véritable, complet et éveillé.

Carte spirituelle, labyrinthe à décoder, support de méditation, outil symbolique, objet thérapeutique : les pouvoirs du mandala sont nombreux. Dans tous les cas, le mandala rassemble, réunifie, réharmonise. Il agit sur notre psychisme, il clarifie notre mental, il corrige notre désordre intérieur…

Pour aller plus loin :

Couverture les Essentiels de la Spiritualité Adrien Choeur

Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?

Ce livre numérique pdf (216 pages) aborde les notions essentielles de la spiritualité à travers 65 textes

Modif. le 17 décembre 2024

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