Qu’est-ce que la loi de causalité ? Définition métaphysique. En quoi le principe de causalité est-il une loi universelle ? Que nous apprend-il sur le temps et la liberté ?
La loi de causalité est au coeur des sciences, de la philosophie et de notre quotidien. Elle éclaire entre autres les notions de responsabilité, de libre-arbitre, de destinée, d’espace et de temps.
Le fait est que nous sommes pris dans un continuum de causes et de conséquences, que nous essayons de comprendre pour mieux nous orienter et agir.
La loi de causalité exprime une relation entre une cause et ses effets, entre un événement (ou une absence d’événement) et ses conséquences. Elle décrit quelque chose qui semble :
- dynamique,
- asymétrique : la cause domine les effets,
- linéaire : les effets ne peuvent précéder la cause.
- exemple : Lancer une pierre => Casser une fenêtre.
Mais cette définition cache une réelle complexité de la loi de causalité. On peut en particulier penser que les effets et les causes ne sont pas de nature si différente : la relation serait plutôt symétrique, chaque événement donnant naissance à son équivalent opposé, comme pour le contrebalancer.
Tentons de mieux comprendre la loi de causalité.
La loi de causalité chez les philosophes.
De nombreux philosophes se sont intéressés à la loi de causalité, citons-en quelques-uns :
- Pour Spinoza et Kant, il ne peut y avoir d’effet sans cause préalable,
- Le baron d’Holbach (1723-1789) a développé l’idée d’un déterminisme général : tout est soumis à une dépendance générale des parties d’un système entre elles. De fait, le libre arbitre n’existe plus.
- David Hume (1711-1776) met en garde contre nos illusions qui pourraient nous faire confondre véritable causalité et impression de causalité : l’habitude, la répétition, la concomitance ou le principe d’association peuvent nous induire en erreur. La connaissance humaine dérive de l’expérience sensible : elle est donc extrêmement limitée.
- Bertrand Russell (1872-1970) remet en cause la notion de causalité (les causes précèdent les effets), préférant parler de relations de dépendance mutuelle.
Au XXème siècle, la notion de causalité évolue pour devenir plus complexe et moins linéaire. Certains philosophes évoquent une causalité circulaire et une transformation permanente des choses.
Lire aussi nos articles sur le devenir et la nature du temps (cyclique ou linéaire).
La complexité de la causalité.
La loi de causalité rejette la chance, le sort ou le hasard comme des illusions : ces termes renvoient à des événements qu’on n’a pas pu expliquer ou reconnaître du fait de notre ignorance.
Selon les cas, la causalité semble linéaire ou circulaire. D’autre part, causes et effets peuvent être simultanés ou non, réciproques ou inégalitaires (cf. l’effet papillon). La causalité semble donc prendre des formes différentes.
Cette complexité vient entre autre :
- de notre méconnaissance des causes : le fait est que nous ignorons la plupart des causes des phénomènes qui nous entourent. Il est par ailleurs impossible d’isoler les nombreuses causes d’un seul phénomène. De la même manière, nous sommes, en tant qu’êtres humains, composés d’un nombre infini de causes. Sans compter que nous n’avons qu’une connaissance empirique des choses, et que nous confondons souvent causalité et corrélation.
- de l’interdépendance des choses : notre monde est une mosaïque d’événements interdépendants. Or nous n’avons qu’une image très imparfaite de ce système d’enchevêtrement de phénomènes. Il serait donc préférable de parler d’interdépendance plutôt que de causalité.
L’interdépendance dans le bouddhisme.
Le principe de causalité est au coeur du bouddhisme, à travers la notion d’interdépendance.
Selon l’enseignement bouddhique, tous les phénomènes sont composés et interdépendants : les objets, les individus, mais aussi les sensations, les perceptions, la pensée et la conscience.
Les causes et les conséquences forment une suite cyclique :
Ceci étant, cela devient ;
ceci apparaissant, cela naît.
Ceci n’étant pas, cela ne devient pas ;
ceci cessant, cela cesse de naître.
On parle aussi de co production conditionnée.
Dans le bouddhisme, c’est précisément le fait de comprendre que les choses sont interdépendantes et impermanentes (éphémères) qui permet d’apaiser la souffrance : si on comprend que tout est lié, que tout est vide d’existence propre (cf le concept du non-soi), alors on peut se détacher de nos désirs, de nos illusions, et vivre de manière plus sereine.
Enfin, le bouddhisme décrit la loi de causalité à travers le karma. Chaque action (cause) génère, consciemment ou non, un contrebalancement (effet). L’effet est appelé karma : c’est le résultat de ce que l’on a invité dans nos vies, et que nous devrons « récolter ». Tant que nous avons du karma positif ou négatif, nous devrons revenir sur Terre pour recevoir la récolte de ce que nous avons semé.
Lire aussi notre article sur l’interdépendance.
La loi de causalité et ses conséquences philosophiques.
Réaliser que tout est lié et interdépendant permet de relativiser notre existence. Nous sommes la conjonction d’une infinité de causes, dont certaines remontent à la nuit des temps. Nous connaissons mal ces causes et pourtant elles déterminent ce que nous sommes aujourd’hui.
Parmi ces causes, citons entre autres : la génétique, la psychologie, l’histoire personnelle, les actes passés, l’éducation, la culture, les conditions de vie, les circonstances, les rencontres…
De même que la position d’une molécule d’eau dans l’océan dépend de la position de toutes les autres molécules d’eau, nous sommes dépendants de notre environnement et de notre héritage.
Ceci doit nous amener à réinterroger, en particulier, la notion de libre-arbitre. Croire que nous sommes libres de nos actes et de nos pensées serait oublier nos conditionnements et nos déterminismes. Nos jugements en bien et en mal ne peuvent être que limités et partiaux. La tolérance semble une voie plus raisonnable.
De même, la compréhension de la loi de causalité remet l’ego à sa juste place : l’individu doit arrêter de se penser autonome, libre et éclairé. Il doit au contraire gagner en humilité et chercher à mieux se connaître, lui et ses déterminismes.
La vraie nature de la loi de causalité.
La loi de causalité n’est rien d’autre qu’un schéma énergétique de type action-réaction, ou question-réponse.
Quelle est la nature de cette « réponse » ? La réponse constitue un contrepoids à la question ; elle est compensation, rétribution, juste retour. La causalité véhicule donc l’idée de Justice, d’Équilibre et de Sens.
Quelques exemples :
- Sourire à quelqu’un l’amènera à nous sourire en retour,
- Menacer quelqu’un l’amènera à se défendre,
- La multiplication des rats amènera à prendre des mesures pour l’hygiène, et à limiter le nombre des rats,
- etc.
Ainsi, chaque phénomène, action ou événement faire naître une contrepartie de nature équivalente :
- une action positive entraîne une réaction positive, renforçant l’harmonie,
- une action négative entraîne une réaction négative, rétablissant l’équilibre.
De fait, le semblable attire le semblable, ou l’équivalent opposé. Tout ce que nous créons nous revient de la même manière, avec ou sans décalage.
La loi de causalité semble donc être un système de rééquilibrage permanent :
Tester la loi de causalité nous aide à comprendre les lois du Cosmos : chaque action en entraîne une autre dans la direction opposée. Chaque oscillation se traduit par une autre oscillation dans le sens inverse.
Cela vaut aussi pour nos pensées : chaque pensée crée une onde, un mouvement qui aura besoin de se rééquilibrer. Si l’onde créée est importante, l’onde en retour sera tout aussi importante.
La loi de progrès.
Nos pensées et nos actions créent des réponses en retour, qui peuvent nous éclairer sur les grandes lois universelles. C’est en observant les conséquences de nos actes que nous pouvons apprendre et progresser.
Les effets négatifs sont des leçons, les effets positifs des récompenses.
Pour vivre heureux, nos actions doivent refléter l’harmonie du monde, autrement dit être conformes à l’ordre des choses. Nos pensées et nos actions doivent être justes, équilibrées, pondérées ; elles doivent le moins possible s’écarter de l’axe du monde, cet axe de symétrie qu’on retrouve aussi dans le symbolisme de la croix.
La loi de causalité nous apprend la sagesse et la maîtrise de l’ego. Elle nous incite à nous tenir au centre du cercle.
Lire aussi nos articles sur la loi du progrès et la loi l’amour.
La loi de causalité et Dieu.
Enfin, la loi de causalité pose directement la question de l’existence de Dieu. S’il y a une cause à toutes les choses, n’est-ce pas là la preuve évidente de l’existence de Dieu ?
Lire aussi notre article : Les grandes lois cosmiques : quelles sont-elles ?
Modif. le 19 juillet 2021