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Les trois colonnettes et les deux colonnes (planche)

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Les trois colonnettes : planche maçonnique. Où sont ces trois petites colonnes et que représentent ces piliers ? Que soutiennent-t-ils ? Quelle différence avec les colonnes B. et J. ?

Que la Sagesse préside à la construction de notre Edifice !
Que la Force le soutienne !
Que la Beauté l’orne !

Rituel d’ouverture 1er degré du REAA

C’est par ces mots précis que s’illuminent les trois colonnettes lors de l’ouverture de nos travaux, grâce à l’union des efforts du V.M., du frère Premier Surveillant, et du frère Second Surveillant qui, chacun à leur tour, prononcent un reflet, théophanie du Verbe-souffle créateur initial.

Ces trois colonnettes au centre de la loge, Sagesse, Force et Beauté, attributs du principe créateur, sont l’ébauche de notre temple idéal intérieur, et elles éclairent son « plan » : le tableau de loge.

Ce temple idéal, nous essayons de le construire en nous-mêmes en dégrossissant la pierre brute afin qu’elle devienne une pierre taillée qui ressemblerait pourquoi pas au pilier égyptien : l’obélisque, pilier droit par lui-même.

Nous tentons de nous recréer ainsi en Sagesse, en Force et en Beauté en nous approchant le plus possible du Temple de Salomon idéal, faute de pouvoir y accéder.

Pour espérer construire ce temple idéal, encore a-t-il fallu franchir comme profane (de pro : devant, et fanum : le temple, donc littéralement « devant le temple ») les colonnes B. et J. qui délimitent la porte basse, avant d’être éprouvé entre celles-ci, par la Terre, l’Air, l’Eau et le Feu.

Voici donc une planche maçonnique sur les trois colonnettes.

Voir aussi notre liste de planches au premier degré

Les colonnes B. et J. représentent les colonnes qui marquaient l’entrée du vestibule du Temple de Salomon. Elles sont distinctes du Temple proprement dit, qui se trouve symboliquement entre les trois colonnettes.

Marquer l’entrée d’un espace sacré par des piliers n’est pas nouveau. On peut ainsi évoquer les obélisques qui encadraient les temples égyptiens, ou encore des colonnes inversées des temples crétois.

L’apprenti pénètre dans l’espace sacré en passant entre les colonnes B. et J. Il salue et est salué par les trois incarnations dans la loge des étoiles Sagesse, Force et Beauté, afin de lui rappeler que, pierre brute, il est néanmoins amené à se transformer et se purifier en cultivant en lui­-même ces trois vertus.

Les colonnes B. et J. ne sont pas les seuls éléments qui encadrent la porte du Temple. En effet, tous les frères, quand ils travaillent dans le temps et l’espace sacrés de la tenue, sont les matériaux de ces colonnes, qu’ils complètent tels les grains (arilles) des grenades posées sur chaque chapiteau.

La grenade est en effet le symbole de la loge tout entière assemblée sur les colonnes. De la même manière que les arilles du fruit sont disposés en équerre à l’intérieur de cet athanor végétal, de même les frères de la loge se tiennent assis à l’équerre, genoux pliés et parallèles, mains reposant sur ceux-ci.

Les grenades sont aussi symbole de fraternité : dans le fruit, les grains sont absolument solidaires. Et lorsqu’on veut les consommer, la pellicule membraneuse qui maintenait ces grains est amère comme l’eau de la coupe des libations : tel est le goût de la rupture de la fraternité.

Lire aussi notre article sur le symbolisme de la colonne

En loge, le franc-maçon prend la place qui lui est assignée ; sa gestuelle évoque l’humilité et le silence de l’apprenti. Il devient une pierre vive, une colonne vivante qui s’élève vers les hauteurs tout en s’appuyant sur la terre qui lui a donné naissance.

Cette immobilité n’est cependant pas inaction. Tout comme le silence de l’apprenti est écoute active, la posture à l’équerre (à noter que les trois colonnettes forment elles aussi une équerre au sol) symbolise le refus actif de toute compromission, de tout comportement qui ne correspondrait pas à notre idéal maçonnique, et que nous pourrions rencontrer tant en nous-mêmes qu’à l’extérieur.

Cette exigence de vigilance et de persévérance, qui nous permet d’incarner notre colonne, nous l’avons rencontrée au plus profond de la Terre, dans le cabinet de réflexion. Car c’est en visitant les profondeurs de la Terre que nous pouvons rectifier, c’est-à-dire « rendre droit », comme une colonne, mettant en relation la Terre et le Ciel.

En effet, que soutiennent les colonnes B. et J. ? La voûte étoilée. Que soutiennent les trois colonnettes ? Trois étoiles. C’est donc bien la direction du Ciel que pointent toutes ces colonnes.

Relier l’infini des profondeurs à l’infini de l’univers : les colonnes et les trois colonnettes ne sont pas des segments, mais des perpendiculaires qui définissent la dimension verticale de notre loge. Elles prennent naissance au même nadir infini, et se propulsent vers le même zénith lumineux et inaccessible.

Ces colonnes évoquent aussi les colonnes d’Hénoch, colonnes de brique et de bronze creuses sur lesquelles étaient inscrites les « sept sciences », dont la moitié fut perdue avec le Déluge, une seule colonne ayant perduré. Ces colonnes crées par l’aïeul de Noé étaient conçues pour résister aux éléments. Reliant la Terre et le Ciel (donc l’Air), l’une était de brique censée résister au Feu, l’autre de bronze (de marbre dans certaines versions) conçue pour résister au déluge de l’Eau.

Cette rigueur d’être, d’incarner notre colonne, nous éclaire sur la différence entre savoir et Connaissance. En effet, quiconque lit les sept sciences de la colonne peut les savoir. En revanche, le franc-maçon qui incarne sa colonne intériorise ces sept sciences à un niveau de conscience différent : il les connaît.

Puisque « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » et réciproquement, la loge reproduit symboliquement l’univers tout entier…

Le rituel d’ouverture de nos travaux peut rappeler la création du monde : Le Verbe-souffle créateur, venu d’au-delà la porte du Delta/Daleth rayonnant, circule depuis le V.M. couronné qui illumine la Sagesse, le Premier Surveillant qui éclaire la Force et le Second Surveillant qui fait apparaître Beauté.

L’Œuvre a pour forme un carré long, et doit pourtant reposer sur les trois colonnettes en équerre : une quatrième colonnette est donc nécessaire pour assurer la stabilité de l’ensemble…

On peut voir dans cette colonnette absente la Connaissance, point de jonction des perpendiculaires, qui transcenderait Sagesse, Force et Beauté en les rassemblant et en les sublimant.

Dissous dans les profondeurs puis recréé par son initiation, le franc-maçon a fait ses premiers pas vers la recherche de cette Connaissance ce qui lui permettra de construire son propre Temple spirituel.

Pour aller plus loin :

Les essentiels du premier degré maçonnique couverture

Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.

Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.

Modif. le 9 septembre 2024

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