Les ouvriers sont-ils contents et satisfaits ? Comment interpréter cette question du rituel de fermeture des travaux au R.E.A.A. ? Qu’est-ce que le salaire de l’apprenti franc-maçon ? Voici une planche au 1er degré.
LE VÉNÉRABLE MAÎTRE
Frère Second Surveillant, où les Apprentis Francs-Maçons reçoivent-ils leur salaire ?LE SECOND SURVEILLANT
À la Colonne « B », Vénérable Maître.LE VÉNÉRABLE MAÎTRE, frappant un coup de maillet
Frère Premier Surveillant, les ouvriers sont-ils contents et satisfaits ?LE PREMIER SURVEILLANT
Vénérable Maître, ils le témoignent par leur silence sur l’une et l’autre Colonne.
Cet échange entre le Vénérable maître et les Surveillants intervient juste après la chaine d’union et avant la fermeture des travaux, preuve que le fait de s’assurer que les ouvriers sont contents et satisfaits est ce qui permet de clôturer des travaux.
Qu’est-ce qu’un ouvrier satisfait ? C’est un ouvrier qui a reçu un bon « salaire ». Mais quel est donc ce salaire qui rend heureux ? C’est sans doute la satisfaction d’avoir pu s’améliorer, d’avoir pu progresser au côté des autres.
Précisons que le salaire maçonnique n’est pas destiné à flatter l’ego, il est au contraire la satisfaction de voir diminuer son ego pour laisser plus de place aux autres et à la Vérité. En effet, chaque fois qu’une illusion est vaincue, chaque fois qu’un voile est déchiré, le franc-maçon se sent plus libre, donc potentiellement plus heureux.
Le salaire maçonnique est très différent du salaire profane. Il n’est pas une récompense reçue des autres (sauf peut-être lorsqu’est donné l’accès à un grade supérieur), mais une manifestation intérieure qui prend la forme d’un bonheur stable, humble et désintéressé. Le salaire augmente avec le sentiment d’avoir bien travaillé. Mais est-ce suffisant ?
Tentons de voir en quoi les ouvriers sont contents et satisfaits.
Voir aussi notre liste de planches au grade d’apprenti, 1er degré
Les ouvriers sont-ils contents et satisfaits ? Interprétation
Le franc-maçon est heureux d’avoir accompli son devoir, c’est-à-dire heureux d’avoir travaillé sur lui-même et d’avoir pu progresser. Mais ce travail n’est jamais vraiment terminé, le franc-maçon en est conscient. Dans ce cas, le bonheur n’est-il pas illusoire ?
Certes, l’oeuvre de transformation de soi n’est jamais achevée. Mais chaque cycle de transmutation, chaque tenue maçonnique, chaque planche présentée, chaque grade obtenu constitue une étape à part entière dans le processus de transformation de soi. A ce titre, chaque palier génère un sentiment non pas d’achèvement, mais de nouveau commencement. Et chacune de ces renaissances est susceptible de rendre le franc-maçon plus heureux.
A noter que le salaire est reçu à la colonne B (Boaz, qui signifie « dans la force » ou « en lui la force »), comme une invitation à rester concentré, en alerte, vigilant, tendu vers l’objectif. Le travail continue, y compris dans le monde profane une fois les travaux achevés.
« Ils le témoignent par leur silence »
Les ouvriers témoignent de leur satisfaction par le silence, ce qui est bien différent des manifestations de joie dans le monde profane. Ici, point d’enthousiasme et encore moins d’euphorie, mais une forme d’impassibilité qui confine à la sérénité et à la sagesse.
Preuve que pour le franc-maçon, la récompense la plus élevée est sans doute la tranquillité d’âme, l’ataraxie, la confiance désintéressée en l’avenir.
La joie au sens maçonnique
« Les ouvriers sont contents et satisfaits » fait écho à un autre passage du rituel du R.E.A.A., celui dans lequel le Second Surveillant appelle « les frères du travail à la récréation et de la récréation au travail, afin qu’ils en retirent profit et joie ». Ici, le mot « récréation » peut être interprété comme un repos, le moment du retournement sur soi pour prendre conscience des résultats obtenus, c’est-à-dire le moment de la re création, de la renaissance et donc de la joie.
Ce passage, comme ceux que nous avons déjà cités, suggère aussi que le travail mène à la joie. Même idée lorsque le Vénérable Maître prononce cette formule au moment de la fermeture des travaux :
Puissent-ils continuer à travailler ainsi dans la liberté, la ferveur et la joie !
D’autre part, au moment de l’extinction des trois petites étoiles, le Vénérable Maître forme le voeu suivant :
Cette joie est avant tout le bonheur d’avoir travaillé ensemble, et l’espérance de pouvoir continuer à travailler ensemble à l’avenir. Car le travail commun, avec pour paroxysme la chaine d’union, est l’image même de l’idéal maçonnique : l’harmonie sociale au service du progrès, l’épanouissement et le bonheur de chacun, pour le bénéfice de tous.
La joie maçonnique évoque donc un bonheur commun et partagé, une sorte de communion fraternelle : par sa force, le groupe humain prévient tout sentiment de faiblesse, toute situation d’isolement ou de souffrance.
Conclusion
Les ouvriers sont-ils contents et satisfaits ? La réponse est oui, tout simplement parce que les travaux se sont déroulés conformément au rite, ce qui a permis la réalisation momentanée de l’idéal maçonnique, image d’un bonheur indestructible.
Les ouvriers sont contents tous ensemble, et chacun peut alors entrer dans le calme et la sérénité. Une seule condition au maintien de ce bonheur : que le travail continue.
Voir aussi :
Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.
Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.
Modif. le 28 mars 2025