Le tombeau d’Hiram : où le maître architecte est-il enterré et pourquoi son corps est-il déplacé ? Voici une planche maçonnique au troisième degré.
Suite à son assassinat, le corps d’Hiram fait l’objet d’une quête :
Mes Frères ne perdons pas courage. Après avoir pleuré notre Maître, arrachons ses restes à ses meurtriers. Rendons à sa dépouille mortelle les honneurs funèbres qui lui sont dus. Peut-être recueillerons-nous quelques traces de sa science.
Voyagez, mes Frères de l’Occident à l’Orient par le Septentrion. Voyagez de l’Orient à l’Occident par le Midi, jusqu’à ce que vous ayez découvert le lieu sacré où d’infâmes meurtriers ont déposé le corps de notre Maître Hiram.
Rituel d’élévation au grade de Maître
Le but est donc de retrouver et de ramener le corps d’Hiram sur le chantier du temple afin de lui donner une sépulture digne. L’Expert, le Maître des Cérémonies ainsi que sept Maîtres partent en quête du corps, voyagent dextrorsum jusqu’à ce que le premier d’entre eux remarque, à l’occident, un acacia (« l’arbre funéraire ») ainsi qu’une équerre et un compas près d’un point où la terre paraît fraichement retournée.
Trois maîtres restent sur place tandis que les autres partent alerter le Très Vénérable Maître. Ce dernier se rend à son tour sur les lieux, s’approche, retire le tablier puis le drap et reconnaît Hiram. Il effectue le signe d’horreur et ordonne le transfert du corps d’Hiram :
Mes FF. ! Transportons dans l’enceinte du Temple ces restes si chers et si précieux, afin de leur donner une sépulture digne de notre regretté Maître !
On retrouve le corps d’Hiram placé dans un cercueil, la tête vers l’occident, au centre de l’assemblée appelée « Chambre du milieu ».
Il y a donc plusieurs étapes dans le récit :
- la perte du corps,
- la recherche du corps,
- la découverte de la sépulture dans un lieu éloigné, à l’occident, à l’ombre d’un acacia,
- le transfert du corps dans l’enceinte du temple et son placement dans un cercueil.
Notons qu’au troisième degré, aucun tombeau ou monument funéraire n’est encore construit en souvenir de maître Hiram.
La sépulture d’Hiram, allégorie de la Connaissance
La première sépulture d’Hiram, hors du temple, symbolise la Connaissance, dont on comprend qu’elle réside dans la mort physique, autrement dit dans le détachement par rapport à la matière. Un détachement qui rappelle la première étape de l’alchimie spirituelle, l’Oeuvre au noir, ou encore le passage dans le cabinet de réflexion.
La connaissance repose à l’ombre de l’acacia : c’est bien dans l’ombre qu’il faut chercher les secrets, et non à la lumière du Soleil. Cet enseignement marque une rupture avec le deuxième degré : on comprend désormais que le domaine de l’Esprit ne peut être atteint que par la voie sombre, celle qui consiste à visiter la matière, et non par la recherche d’une « lumière » qui pourrait bien n’être que le reflet de nos ambitions.
Une équerre et un compas sont trouvés près de la sépulture. La terre semble avoir été retournée, signe que la matière a été visitée. Et le Très Vénérable Maître de fouiller encore cette matière pour y découvrir le visage et le corps d’Hiram, comme pour montrer que la vérité apparaît au milieu de la substance sombre et opaque.
Dans la logique alchimique, visiter la matière permet d’en extraire l’esprit et le sens. C’est ainsi que l’esprit d’Hiram, consécutivement à son relèvement par les Cinq Points Parfaits de la Maîtrise, peut s’élever pour venir habiter le nouveau maître. Alors seulement, le rideau est réouvert et la Lumière revient, signe que notre conscience a enfin été nettoyée de ses erreurs et de ses illusions.
Le transfert des restes d’Hiram vers le temple
Sur ordre du Très Vénérable Maître, le corps du Maître est transféré dans l’enceinte du temple en cours de construction. Notons qu’enceinte ne veut pas dire temple. En réalité, le corps d’Hiram est placé au centre de la Chambre du milieu ou « chambre des maîtres » : un lieu fermé, situé sur le chantier, entre le temple et sa muraille extérieure. Mais ce lieu semble posséder les mêmes caractéristiques que le Temple inachevé, puisque le rituel parle d’Hekhal (lieu saint) et de Débir (Saint des saints).
Quoi qu’il en soit, le cercueil est positionné au coeur du lieu où se réunissent les maîtres : voilà le centre du cercle, l’invariable milieu, le point où réside la vérité. Ce point symbolise le cercueil des illusions, le tombeau de l’ignorance, le deuil des ambitions. Nous parlons de deuil, mais c’est l’ego qui pleure…
Notons que le cercueil d’Hiram figure aussi sur le tableau de loge du troisième degré. C’est ce cercueil que le récipiendaire doit enjamber pour prouver son innocence au tout début de la cérémonie d’élévation. Le message est évident : il faut passer par la mort pour renaître pur.
Conclusion
Le franc-maçon vénère la mort en ce qu’elle symbolise la sortie de la prison du corps et de l’ego. Libéré de la matière, l’esprit peut enfin s’élever vers la vraie Lumière.
Certes, avec la mort d’Hiram, les secrets ont été perdus. Mais c’est surtout l’ambition d’accéder à ces secrets qui s’évanouit. Avoir la certitude de pouvoir connaître un jour la vérité constituait l’obstacle à dépasser.
Heureusement, l’espoir demeure : Hiram renaît à travers la personne du nouveau maître dépouillé de toutes ses imperfections. Autrement dit, la quête spirituelle continue et la sagesse reste atteignable.
Voir aussi notre liste de planches au troisième degré
Pour aller plus loin :
Ce livre numérique pdf (98 pages) comporte 26 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du troisième degré maçonnique.
Il offre des points d’appui pour qui souhaite pénétrer plus profondément l’esprit et le sens de ce degré.
Modif. le 14 mars 2024