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Le lien qui nous unit : planche au 1er degré

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Le lien qui nous unit : qu’est-ce qui relie les francs-maçons ? Comment se traduit et se construit la fraternité maçonnique ? Voici une planche au 1er degré.

D.- Quel est le lien qui nous unit ?
R.- La F.M.
D.- Qu’est-ce que la F.M. ?
R.- C’est une alliance universelle d’hommes éclairés, groupés pour travailler en commun au perfectionnement intellectuel et moral de l’humanité.

Rituel d’instruction au premier degré REAA

Le rituel d’instruction au 1er degré débute par cet échange, centré sur les mots lien, union et alliance.

« Lien » vient du mot latin ligamen qui se traduit par cordon, ce qui sert à lier plusieurs objets ensemble, ce qui établit entre des choses abstraites un rapport logique ou une dépendance, ce qui lie, unit plusieurs personnes.

« Union » vient du latin unitas qui veut dire unité, homogénéité, réunion. En grec, henotes se traduit par unité, unanimité , accord.

Avec les mots « lien » et « union », il y a donc l’idée de réunir ce qui est différent, de cultiver les complémentarités nécessaires et fécondes…

Ce qui nous unit, nous qui sommes francs-maçons, c’est à l’évidence la fraternité. Nous avons été initiés aux mystères de la franc-maçonnerie : c’est là notre point commun. De ce fait nous avons intégré un groupe et nous nous considérons désormais comme frères, unis par des liens fraternels.

Mais il faut aller plus loin.

Voici une planche maçonnique sur « le lien qui nous unit ».

En premier lieu, le lien qui nous unit n’est pas un lien familial ni un lien de sang, encore moins un lien exclusif entre membres d’un club fermé. Ce lien de fraternité est relatif au partage de valeurs communes, il est de l’ordre de l’esprit.

La houppe dentelée et la chaîne d’union symbolisent cette fraternité. La chaîne d’union est une sorte de communion spirituelle qui nous conduit tout naturellement à aborder le niveau spirituel de la fraternité maçonnique.

Notre but est d’œuvrer à la construction d’un idéal par notre travail. Cela doit être notre premier objectif, et non pas se faire des amis, des relations ou de gravir des échelons en se cooptant mutuellement…

La fraternité spirituelle nécessite donc de dépasser les apparences. C’est une fraternité qui se vit, qui s’éprouve dans la profondeur de notre relation à l’autre, aux autres.

Ce sentiment de fraternité ne s’instaure pas, ne se décrète pas ; il ne naît pas non plus impulsivement. C’est un sentiment qui se découvre, qui s’encourage et se cultive.

Ainsi, la fraternité, au sens spirituel, est un principe essentiel à l’ouverture de notre conscience ; ce n’est pas simplement un mot, c’est un carrefour de pensées totalement différentes (la mienne et celle des autres) qui ont pourtant une relation.

C’est pourquoi la « fraternité » n’est pas une simple énonciation, un banal savoir ou une ordinaire définition. C’est d’abord une parole, parfois muette, qui est adressée à l’autre, qui crée ce lien à la fois exigeant et bienveillant… cet autre qui est différent mais qui est susceptible d’accueillir cette parole comme quelque chose qui s’immisce dans son propre chemin de vie et qui agit sur lui.

Le GADLU peut être vu comme le symbole de ces êtres qui se croisent et se rencontrent : c’est peut-être le lien qui nous unit, parmi d’autres. Le GADLU nous encourage à construire le temple de cette fraternité humaine, au-delà des différences individuelles, d’éducation, de classe sociale et de culture.

Cela s’appelle en fait l’amour, qui ne connaît pas de frontières.

L’amour est donc une composante essentielle de cette fraternité : c’est ce qui nous relie. C’est aussi et surtout un chemin, voire même un exode permanent allant du « je », enfermé sur lui-même, vers sa libération dans le lâcher-prise et le don de soi, et précisément ainsi vers la découverte de soi-même.

Approfondissons cette notion d’amour du prochain. Le prochain est celui qui a besoin de moi, mais aussi celui que je peux aider même si je ne le connais pas ou ne l’apprécie pas. Cela étant bien sûr réciproque.

L’amour du prochain se caractérise par notre foi en la perfectibilité de l’homme. Nous aimons l’autre, non pas pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il promet d’être et pour ce qu’il sera quand il rejoindra l’Orient éternel.

L’amour est donc cet entre-nous, ce lien qui nous fait avancer vers la lumière. Il est l’idéal qui porte la fraternité et qui nous fait progresser. Cet amour doit bien sûr être pratiqué aussi en dehors de la loge, vis-à-vis de ceux que nous connaissons mal : à nous de construire, de rétablir le lien qui nous unit.

En franc-maçonnerie, le sentiment de fraternité se construit au fil du temps en loge et à l’extérieur ; il peut se renforcer au contact de son jumeau, lors des réunions d’instruction (qui sont l’occasion d’échanges inter­ générationnels), lors des agapes ou encore au moment de la fête familiale.

Mais l’objet de la F.M. reste, avant tout, le travail en loge.

Le meilleur travail maçonnique est celui qui s’accomplit avec ce sentiment de fraternité qui permet de se sentir à la fois libre, en confiance et qui permet à chacun de s’exprimer avec ses mots à lui.

Ainsi, on ne cherchera pas à paraître mais à être, et de cette façon, nous pourrons nous découvrir nous-mêmes.

Sans fraternité, pas de démarche initiatique possible puisque pour progresser, nous devons nous débarrasser de nos métaux, en particulier la crainte du jugement des autres. Cette fraternité nous permet donc de pouvoir nous exprimer, en respectant le rituel, librement.

Nous avons des droits, mais nous avons aussi des devoirs. Cette fraternité m’oblige. Mais à quoi ? A respecter mes frères qui n’ont peut-être pas la même opinion que moi ; mais cette opinion vaut bien la mienne.

Si le respect de l’autre me lie, l’exemplarité de cette fraternité m’engage. En effet, la force de la fraternité ne se retrouve pas obligatoirement dans la qualité des travaux que je produis, mais dans la qualité du lien qui nous unit. Au-delà de nos différences, nous devons en permanence faire l’effort de rapprocher nos coeurs.

Il se peut que l’amour que nous ressentons les uns envers les autres trouve ses racines dans la joie de partager un même souhait, celui de voir les hommes croître et devenir meilleurs, celui d’une même foi en l’avenir de l’homme.

Cultiver le lien qui nous unit, c’est enclencher un cercle vertueux : l’amour produit toujours plus d’amour en retour. Continuer à venir en loge, continuer à nous retrouver dans le temple malgré les difficultés et les épreuves du monde profane permet de renforcer toujours plus le lien qui nous unit.

En nous retrouvant ensemble, nous faisons grandir la lumière, cette lumière qui rayonnera sur nos visages et dans nos cœurs : voilà la grande promesse qui scelle notre alliance.

Pour aller plus loin :

Les essentiels du premier degré maçonnique couverture

Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.

Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.

Modif. le 2 août 2024

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