Le 4ème pas du compagnon : planche maçonnique au 2ème degré. Que signifie le pas de côté ? Pourquoi le compagnon s’écarte-t-il de l’axe central ?
La marche du compagnon consiste à effectuer les trois pas de l’apprenti, complétés de deux nouveaux pas : le pas de côté vers la droite, et un dernier pas qui permet de rejoindre l’alignement initial.
Les trois derniers pas de la marche du compagnon forment une équerre. Autrement dit, avec le pas de côté, le franc-maçon s’écarte de la voie, mais en conservant une certaine logique de rectitude.
Voici donc une planche sur le 4ème pas du compagnon, ou « pas de côté ».
Le 4ème pas du compagnon : un changement de perspective
Le 4ème pas du compagnon est synonyme d’ouverture : ouverture au monde, ouverture aux autres, ouverture d’esprit. D’une logique intérieure, on passe à une logique extérieure : l’initié évolue au grand jour, ce qui renvoie au côté solaire du grade, le compagnon se tenant sur la colonne du midi.
Avec le pas de côté, le compagnon passe :
- de la verticalité (la plongée en soi) à l’horizontalité (la découverte de l’altérité),
- de la perpendiculaire au niveau,
- ou encore de la ligne au plan.
Autrement dit, il découvre une autre dimension de l’existence, complétant l’axe vertical par l’axe horizontal, formant ainsi une croix, dont on pressent que le centre est le point décisif où résident les plus grandes vérités.
En accomplissant le pas de côté, le compagnon dessine l’axe horizontal de la croix, mais paradoxalement, cet écart l’éloigne du centre crucial, comme le montre le schéma suivant :
Deux sortes de connaissance ?
La marche du compagnon suggère qu’il y aurait deux sortes de connaissance :
- la connaissance de soi : c’est l’introspection de l’apprenti, sur l’axe vertical,
- et la connaissance du monde : ce sont les arts et les sciences évoqués lors des voyages initiatiques du compagnon (ordres d’architecture, arts libéraux, grands initiés), sur l’axe horizontal.
Primordiale, la connaissance de soi mène naturellement à la connaissance du monde, car nous sommes faits de la matière cosmique. Les deux types de connaissance se recoupent en un point unique, centre de la croix : c’est le point de rencontre entre soi et les autres, le point de correspondance entre l’intérieur et l’extérieur, le bas et de le haut, le microcosme et le macrocosme.
Cette fusion du dedans et du dehors rappelle bien sûr l’assemblage des pierres au sein de l’édifice : l’effort de taille a rendu possible le contact avec les autres, dans une perspective d’association harmonieuse, d’interchangeabilité et de fécondité.
La marche du compagnon et les chiffres
Le 4ème pas de la marche du compagnon renvoie au chiffre 4 : c’est le chiffre du monde manifesté avec ses 4 dimensions et ses 4 directions cardinales. C’est ce monde qu’il convient désormais d’explorer, afin d’y trouver une sorte de perfection géométrique.
Les cinq pas de la marche complète renvoient au chiffre 5 : c’est le 4 qui aurait trouvé son centre, son sens, sa quintessence.
D’autre part, les cinq pas sont composés des 3 pas de l’apprenti plus les 2 pas du compagnon : voici la trinité augmentée de la dualité, sorte de retour à la matière après l’expérience introspective. Car la démarche spirituelle n’est pas hors-sol. Au contraire, elle a vocation à se prolonger dans le monde physique, dans l’action.
Le 5ème pas du compagnon
Le 5ème pas du compagnon signe le retour à l’axe primordial, nécessaire réalignement après l’exploration du monde. C’est le retour à soi, comme si les voyages accomplis nous avaient permis de mieux nous retrouver et de mieux nous comprendre.
Il nous a fallu partir très loin pour valider l’intuition de notre identité universelle. Nous étions là-bas, nous sommes partout où nous cherchons car nous sommes le reflet de toutes les forces cosmiques, le carrefour de toutes les énergies qui animent le monde. Je suis l’autre, là-bas est ici, demain est aujourd’hui.
Ainsi, nous avons procédé à une sorte d’itération, passant de l’intérieur à l’extérieur avant de revenir à l’intérieur, à chaque fois enrichi des expériences précédentes. C’est là le résumé de la démarche maçonnique, comme une respiration ininterrompue qui symboliserait l’élan de vie et la progression spirituelle.
Voir aussi notre liste de planches au grade de compagnon
Pour aller plus loin :
Ce livre numérique pdf (100 pages) comporte 27 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du second degré maçonnique.
Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.
Modif. le 26 mars 2024