Le lâcher-prise en spiritualité : qu’est-ce que c’est ? Comment lâcher prise ? Comment stopper son mental et accepter ce qui est ? Comment vaincre son anxiété ?
Le psychisme humain est marqué par une foule d’attachements, de pensées récurrentes, automatiques et auto-entretenues.
Il existe deux sources principales à ces pensées :
- les projections : ce sont les attentes, les objectifs, les ambitions, les désirs, les envies, les exigences, mais aussi la peur de ce qui pourrait advenir,
- les souvenirs : ce sont les regrets, la nostalgie, la tristesse, la culpabilité, la rancune, la colère ou encore la haine.
Ainsi, notre cerveau se projette, se souvient et ressasse en permanence, y compris lorsque nous dormons, ce qui cause un état de tension et de crispation se traduisant par une souffrance et un mal-être.
Malgré la souffrance, notre cerveau cherche à entretenir ces pensées. En effet, les oublier serait nous mettre en danger : c’est bien parce que nous avons des attentes, des envies ou de la colère que nous pouvons agir et survivre.
Nous venons de décrire le fonctionnement de notre ego, ce « je » qui se voit et qui se pense dans un rapport exclusif aux autres et au monde. L’ego est le propre de l’Homme ; il s’attribue le pilotage de notre organisme et prétend défendre ses intérêts contre le reste du monde.
C’est donc bien l’ego qui produit ce mental, ce flux de pensées ininterrompues, permanent, impossible à maîtriser.
Or ce mental nous use et nous fatigue ; il monopolise et parasite notre capacité à réfléchir vraiment. Car ce mental-ego nous force à aborder la vie selon un certain point de vue, utilitariste, égoïste, dualiste et conflictuel. Le mental-ego sépare, distingue, mesure, jauge et juge : il nous pousse au repli et à la méfiance. Il mène à l’isolement, et paradoxalement, à l’auto-destruction.
Face à la toute-puissance de notre mental-ego, une autre part de nous tente d’émerger, nous faisant sentir qu’il est temps de découvrir un autre chemin, fait non plus de séparation mais d’union, d’accueil, de tolérance et de bienveillance.
C’est la voie de la paix et du bonheur qui se dessine, une voie qui nécessite un abandon du mental-ego, autrement dit une délivrance, laquelle ne pourra s’obtenir que par un lâcher-prise.
Définition : Le lâcher-prise décrit une cessation, un arrêt. Il peut être défini comme un moyen de se détacher du désir de maîtrise.
Lâcher prise, c’est donc rompre ses attachements, c’est se libérer de son mental-ego.
Voyons plus en détails ce qu’est le lâcher-prise en spiritualité.
Lire aussi notre article sur l’acceptation.
Le lâcher-prise en spiritualité : qu’est-ce que c’est ?
Lâcher prise consiste à abandonner celui qui nous accompagne, en l’occurrence ce mental-ego qui s’approprie le contrôle de notre être.
Le mental-ego nous fait croire qu’il est notre être, notre corps tout entier, notre âme, nos pensées, nos actions, nos réussites et nos échecs : il se dit responsable de tout, et par conséquent nous fait responsable de tout.
Précisément, lâcher prise consiste à réaliser que nous ne sommes pas responsables de tout. C’est prendre conscience que notre coeur bat sans notre autorisation, que notre vie est le résultat non pas de notre volonté, mais de millions de causes que nous ne connaissons pas et que nous ne maîtrisons pas.
Notre existence est en effet la conjonction d’une histoire, de circonstances, d’influences, de déterminismes, d’héritages (génétique, familial, culturel…) : la vérité est que nous ne sommes que ce que nous pouvons être, au carrefour de toutes les causes de l’univers, et notre mental-ego n’y peut rien.
Lâcher prise, c’est donc déchirer le voile de nos illusions pour accepter notre état, notre condition, notre destin, notre chemin de vie au sein du grand bain cosmique.
Différentes approches du lâcher-prise en spiritualité et philosophie.
Les grandes traditions philosophiques et spirituelles abordent la question du lâcher-prise sans toutefois utiliser ce mot.
Pour les stoïciens, il faut accepter les choses telles qu’elles sont, en particulier celles qui ne dépendent pas de nous (Epictète). En effet, l’ordre règne dans le monde : la souffrance vient du fait que nous ne voulons pas le voir. Le lâcher-prise consisterait donc à s’en remettre au cours des choses : c’est la voie de l’ataraxie, autrement dit de la sérénité et de la sagesse.
Pour Platon (cf. l’Allégorie de la caverne), le philosophe doit abandonner le monde des perceptions (les émotions, les passions, les illusions) pour entrer dans le monde de la raison et des idées vraies, universelles. Là réside le véritable lâcher-prise : il s’agit de renoncer à ce que nous voulons voir pour accéder enfin à la réalité.
Dans le bouddhisme, la soif (avidité, désir, passion, attachement…) constitue l’un des Trois Poisons, les deux autres étant l’ignorance et l’aversion. Le chemin de la libération consiste à reconnaître et à se libérer de ces trois poisons par le lâcher-prise et la méditation, afin peut-être d’atteindre le nirvana : un état sans souffrance, sans désir, sans illusion.
Par ailleurs, selon le Bouddha, c’est la volition (acte de vouloir) qui génère le mental, la parole et l’action, donc le karma. Les pensées mentales volitionnelles ont par définition une influence karmique positive ou négative.
Comment lâcher prise concrètement ?
Comment stopper son mental ? Comment prendre du recul et développer sa spiritualité ? Comment arrêter de penser ? Comment vaincre son anxiété ?
Autant de questions auxquelles les différentes disciplines spirituelles tentent de répondre. Le lâcher-prise est même devenu l’objectif fondamental de la parapsychologie et l’objet de nombreux exercices de développement personnel.
Très à la mode, la méditation tente de créer un espace mental vierge, vide, sans anxiété ni souffrance. Un vide qui, paradoxalement, boostera les velléités de notre mental-ego, aboutissant souvent à l’inverse de l’objectif recherché.
En effet, du point de vue de notre mental-ego, lâcher prise revient à sauter dans le vide, donc à courir un grand danger.
Cesser de vouloir lâcher prise.
Vouloir lâcher prise serait à la fois contradictoire et contre-productif. En effet, il est impossible d’arrêter le flux de nos pensées. Tenter de stopper notre mental aboutirait à une augmentation ou un report de stress.
Il s’agira plutôt de regarder le fonctionnement de notre mental-ego, de prendre du recul, d’observer nos pensées, de les analyser et de chercher à comprendre leur origine.
Regarder nos pensées, c’est prendre conscience de nos pulsions, de nos envies et de nos peurs, ce qui permettra de ne plus nous identifier à elles. Il ne s’agit donc pas d’éteindre nos pensées, mais de les mettre à distance afin de faire émerger une autre réalité, cette fois fondée sur la compréhension, l’acceptation et la connaissance de soi.
Cette mise à distance peut se pratiquer au quotidien, à tout moment. Elle constitue un état quasi méditatif, tout en restant connecté au monde. Elle permet un élargissement du champ de vision : c’est ainsi que je ne vois plus le monde par le biais de mon ego, mais selon un regard large, englobant.
Encore une fois, il ne s’agit pas de vouloir détruire l’ego, ce qui serait impossible, mais simplement de le remettre à sa place afin que puisse s’épanouir l’autre part de nous-même, la part universelle.
Nous pourrons alors fonctionner sur nos deux jambes :
- notre mental-ego travaillera à assurer notre survie au quotidien,
- notre être universel œuvrera à notre épanouissement et à notre élévation spirituelle, dans une logique de compréhension, de tolérance et d’Amour.
Pour continuer sur le thème du lâcher-prise en spiritualité, lisez aussi nos articles sur l’espérance et le destin.
Modif. le 3 février 2024