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La Règle et le Levier : symbolisme au 2ème degré

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La Règle et le Levier : symbolisme au 2ème degré. Comment interpréter ces outils ? Comment le compagnon franc-maçon doit-il les utiliser ? Voici une planche au 2ème degré REAA.

Au cours de ses cinq voyages initiatiques au R.E.A.A., le compagnon rencontre plusieurs outils :

  1. le ciseau et le maillet,
  2. la règle et le levier,
  3. le fil à plomb et le niveau,
  4. l’équerre,
  5. enfin, il effectue son dernier voyage « les mains libres ».

Alors que le ciseau et le maillet (qui sont aussi les outils de l’apprenti) symbolisent la taille de la pierre brute, le travail sur soi et le perfectionnement, la règle et le levier annoncent une nouvelle étape : celle du déplacement de la pierre polie en vue de son insertion dans l’édifice. Une opération qui doit se faire en respectant la « règle ».

Entrons dans le symbolisme de la règle et du levier à travers cette planche au 2ème degré REAA.

Voir aussi notre article complet sur les outils du compagnon et sur la règle à 24 divisions

Lors du second voyage, associé aux Cinq Ordres d’Architecture, le V.M. fait donc placer deux outils dans la main gauche du récipiendaire : la règle et le levier.

Il introduit ainsi le symbolisme de la règle :

La Règle représente la loi morale inscrite dans la conscience et trace la direction de notre conduite dont nous n’avons jamais à dévier.

Rituel d’initiation au deuxième degré REAA

Ici, le mot « conscience » doit nous interpeler. Il est dit que la loi morale est inscrite dans notre conscience. Mais de quelle conscience s’agit-il ? Conscience de soi, conscience de l’univers, conscience des autres ?

En réalité, ces trois types de conscience sont intimement liés ; cependant la loi morale concerne plus spécifiquement notre rapport aux autres. Par le niveau de conscience que nous avons atteint, nous avons compris l’importance des autres, nous savons que nous ne pouvons exister sans eux, car nous partageons le même destin et la même nature.

Je suis conscient que je suis l’autre. Par conséquent, en le protégeant, je me protège. En l’aidant, je m’élève. C’est ainsi que la loi morale s’affirme à notre esprit : je dois me montrer solidaire, fidèle, aimable, bienveillant. Je dois me montrer à l’écoute, je dois agir, intercéder, accompagner, relever, montrer l’exemple. Je dois faire à l’autre tout le bien que j’aimerais qu’il me fasse.

Voici donc la règle que nous devons garder à l’esprit. Cette règle en tête, nous pouvons prendre notre place dans l’édifice, ce qui est rendu possible par l’utilisation du levier.

A noter qu’ici, la règle n’est pas celle de l’apprenti qui mesure et divise la journée de travail, mais bien l’outil de contrôle et de régularité. La règle est aussi un outil de conception utilisé pour tracer et élaborer les plans de la société idéale. La règle est nécessaire et complémentaire à l’utilisation du levier.

Le Levier, en multipliant nos forces, nous permet de placer aux endroits utiles les pierres destinées à l’érection du Temple symbolique. C’est l’instrument actif par excellence, auquel rien ne peut résister à la condition de trouver le bon point d’appui.

Dans sa définition mécanique, le levier est une « barre rigide que l’on fixe à un point d’appui servant à faciliter un mouvement pour déplacer, soutenir ou soulever d’autres corps ».

Au sens figuré, le levier est « force active utilisée comme moyen d’action : levier moral, politique, social ; levier de l’amour, de la haine, de l’intelligence, de la volonté ».

Donnez-moi un point fixe et un levier et je soulèverai la Terre.

Archimède

Notons qu’il faut un point fixe ou un pivot pour exercer l’effet de levier. A noter qu’Archimède n’évoque pas la nature du contrepoids nécessaire à la réussite de l’opération…

Il en va de même pour le levier maçonnique : le compagnon devra trouver une force, un contrepoids pour déplacer la pierre. Est-ce une partie de lui-même ? ou bien ses frères ?

Quoi qu’il en soit, cette force ne pourra s’exercer sans la règle : le levier devra être parfaitement positionné, le pivot devra supporter l’effort et le contrepoids devra être suffisant, sauf à risquer l’accident.

La force nécessaire pour déplacer la pierre ne peut s’exercer sans point d’appui. En l’occurrence, ce point d’appui n’est-il pas le rituel ?

D’autre part, le levier sert à déplacer un poids par le biais d’une force opposée, l’une allant vers le bas, l’autre vers le haut, dans un rapport démultiplié.

Le Vénérable Maître lie cette force à la volonté :

Ainsi pouvons-nous affirmer qu’une volonté inébranlable, intelligente et désintéressée triomphe de tous les obstacles.

Le levier fusionne avec la règle par cette seule phrase.

Le cartouche des Ordre d’Architecture éclaire la signification symbolique de la règle et du levier. L’Architecture procède de la volonté de l’architecte de créer l’harmonie dans la construction. Les morceaux doivent s’assembler convenablement pour donner un caractère de beauté et de cohérence à l’ensemble.

Dit autrement, chaque pierre est une colonne vivante, un pilier inébranlable du grand temple de l’humanité. Chaque pierre soutient et est soutenue, chaque homme porte et est porté.

A l’image des colonnes harmonieuses qui se dressaient à l’entrée du Temple de Salomon, soyez­ vous même une Colonne vivante qui s’élève dans les hauteurs, tout en s’appuyant sur la terre qui vous a donné naissance. Vous deviendrez ainsi l’un des piliers inébranlables de notre Temple.

Le rituel cite classiquement cinq ordres d’architecture issus de l’Antiquité : dorique, ionique, corinthien, toscan et composite. Ces ordres traduisent un perfectionnement progressif, passant de l’Egypte à la Grèce puis à la Rome antique.

« Architecture » vient du grec archè (le commencement, le commandement, le principe) et de tektonikos (le charpentier ou le bâtisseur) : c’est donc littéralement « le bâtisseur des origines ».

Dans son ouvrage De architectura, Vitruve mentionne le levier comme un outil de la mécanique des chantiers permettant de soulever ou d’abaisser à volonté ; il précise la relation entre la puissance du levier et la longueur de l’outil de part et d’autre du point d’appui. Dans ce même ouvrage, il décrit les conditions d’harmonie de l’ouvrage, sorte de règle à respecter, entre équilibre, eurythmie (harmonie des proportions, des lignes ou des sons) et symétrie.

Ainsi, l’Architecture est l’art de passer de l’idée à sa réalisation, afin que l’idéal devienne concret pour tous. Ce passage nécessite une parfaite maîtrise, et on pressent que le moindre écart, que la moindre erreur de calcul peut conduire à la catastrophe.

Le levier permet de démultiplier la force (ici, l’intention) : il est un tremplin pour passer de l’abstrait au concret. Mais cette caractéristique fondamentale du levier constitue aussi sa faiblesse : le levier amplifie la moindre erreur. S’il est mal accompagné par la règle, s’il ne repose pas sur un pivot solide, le levier peut conduire au pire.

On le voit, règle et levier sont complémentaires. Ces outils sont tous deux actifs, mais l’un relève de l’intention et l’autre de la mise en oeuvre. Lors du deuxième voyage, le récipiendaire les tient pourtant en main gauche, comme s’il fallait retenir le geste, réfléchir avant d’agir.

La règle vérifie notre compréhension du principe de fraternité. Le levier permet de bâtir concrètement la société idéale : certes nous sommes destinés à agir, mais avec la plus grande prudence et la plus grande retenue.

Pour aller plus loin :

Les essentiels du deuxième degré maçonnique couverture

Ce livre numérique pdf (100 pages) comporte 27 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du second degré maçonnique.

Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.

Modif. le 4 août 2024

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