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La mort d’Hiram est-elle nécessaire ?

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La mort d’Hiram est-elle nécessaire ? Pourrait-on imaginer une progression maçonnique sans entrave ? Quel est le sens de la légende d’Hiram au troisième degré ?

Dans la légende du troisième degré, Hiram, le Maître architecte, meurt sous les coups des trois mauvais compagnons qui représentent l’ignorance, le fanatisme et l’ambition.

L’accession à la maîtrise devait être un couronnement, or elle prend la forme d’une chute brutale et inattendue. Nous devions finaliser le Temple, accéder aux ultimes secrets, mais ceux-ci sont perdus avec la disparition du Maître. Le temple est plongé dans la tristesse et le deuil : nous voilà orphelins, pleurant une perte irréparable.

Seule lueur d’espoir, l’âme du Maître architecte vient habiter la personne du nouvel initié. Nous héritons de la lumière d’Hiram, une lumière qui est d’ailleurs symboliquement rétablie à la fin de la cérémonie d’élévation. Le choc passé, nous pouvons reprendre notre réflexion, cette fois avec plus d’humilité.

Qu’aurait été le troisième degré sans la mort d’Hiram ? Sans doute un aboutissement, une consécration, au risque de retomber dans l’illusion de savoir et de maîtriser. Cela aurait été contraire à l’esprit même de la quête maçonnique, qui se nourrit toujours de nouvelles épreuves et qui appelle au dépassement permanent de soi-même.

Le mythe d’Hiram nous rappelle, s’il en était besoin, que rien n’est définitivement acquis, et que le franc-maçon ne doit jamais se reposer sur ses lauriers. Le sage sait qu’il n’atteindra jamais la vérité, et c’est précisément ce qui lui permet de progresser.

Tentons de voir en quoi précisément la mort d’Hiram est nécessaire.

Voir aussi notre liste de planches au troisième degré

Le compagnon qui s’apprête à accéder au troisième degré peut penser qu’il achève ainsi sa progression maçonnique, s’attendant à accéder aux attributs et aux outils de la maîtrise. Il tombe de haut en apprenant que des mauvais compagnons prospéraient en lui, faisant obstacle à la Vérité.

Ainsi donc, en accédant à la maîtrise, le nouveau maître apprend qu’il n’est maître de rien, et surtout pas de lui-même. Un paradoxe qui s’explique par le fait qu’il n’a pas su voir les mauvais compagnons, autrement dit la part ambitieuse, orgueilleuse, illusionnée de lui-même, qui a surgi pour exiger l’accès aux ultimes secrets.

En d’autres termes, nous avons cru pouvoir accéder à la maîtrise alors que nous n’y étions pas prêts : voilà l’erreur fondamentale. Nous avons manqué de lucidité et d’humilité. Nous avons oublié que nous ne savons rien : nous nous sommes écartés de cette vérité fondamentale, pourtant apprise aux degrés précédents. Si nous avions fait preuve de clairvoyance, nous aurions sans doute refusé cette élévation. A l’inverse, nous sommes tombés dans le piège d’avoir souhaité, ou du moins accepté notre élévation, comme une sorte de « péché originel » qui a transformé notre paradis spirituel en territoire perdu.

Ainsi, la mort d’Hiram nous offre une première leçon : nous restons des êtres faibles, sujets à l’erreur, facilement influençables. Nous sommes bien loin d’être des chevaliers ou des franc-maçons accomplis.

Mais en surgissant de nos profondeurs inconnues, les mauvais compagnons se sont montrés au grand jour : dès lors, nous avons pu identifier le danger, l’obstacle à dépasser. C’est en ce sens que la mort d’Hiram est utile, pour peu que nous soyons en mesure d’en saisir la portée.

La mort d’Hiram est nécessaire et utile parce qu’elle nous permet de continuer notre quête de la Connaissance, de la Vérité et de la Parole perdue. Sans la mort du Maître, et dans l’hypothèse d’un Temple achevé dès notre accession au troisième degré, nous serions fatalement retombés dans l’erreur.

Car la démarche maçonnique se fonde sur une remise en question permanente et un effort constant de vigilance. Penser que le travail peut s’arrêter, penser que les réponses pourraient être définitivement acquises, penser que les secrets pourraient être transmis d’homme à homme, comme un savoir ou un objet, serait n’avoir rien compris à l’objet de notre quête.

A ce titre, la mort d’Hiram est fondatrice, formant ce qui constituera notre devoir pour toujours : devoir de vigilance, de travail et de persévérance.

Le mythe d’Hiram apprend aux Francs-Maçons, qui édifient le Temple de la Fraternité humaine, que leur travail comporte une lutte continuelle contre l’Ignorance, le Fanatisme et l’Ambition, que représentent les trois mauvais Compagnons.

Rituel d’instruction au troisième degré R.E.A.A.

A chaque instant, le franc-maçon doit pouvoir écarter les mauvais compagnons, rétablir la lumière en lui en renonçant à ses certitudes, en mettant ses pulsions et son ego à distance, en se questionnant à nouveau sur lui-même. Mais pour l’heure, les trois mauvais compagnons courent toujours…

D’autre part, la mort d’Hiram est utile par l’exemple que le Maître architecte nous donne : il se laisse assassiner mais ne capitule pas, refusant de livrer les secrets aux scélérats. Il se livre matériellement mais résiste moralement, preuve que le sacrifice physique ouvre la porte de la maîtrise spirituelle.

Le sens du sacrifice apparaît ici dans toute son importance, rappelant la fin de Jésus. On ne lutte pas par le mensonge ou par les armes, mais par l’exemplarité, l’accomplissement du devoir et la lumière de l’amour.

Lire aussi : Hiram et Jésus, similitudes et différences

En y réfléchissant bien, la mort d’Hiram est logique et inévitable. Hiram a tardé à proposer l’élévation aux compagnons (et pour cause, il sait que personne ne peut réellement prétendre à la maîtrise), générant ainsi de l’impatience, révélant les défauts des postulants, et précipitant leur destin.

En se révoltant, les compagnons se sont confrontés à eux-mêmes. En se mesurant à Hiram, ils ont reçu la plus grande des leçons. Nul doute que nous venons d’effectuer un pas de géant en direction de la Connaissance.

Pour aller plus loin :

Les essentiels du troisième degré maçonnique Adrien Choeur

Ce livre numérique pdf (98 pages) comporte 26 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du troisième degré maçonnique.

Il offre des points d’appui pour qui souhaite pénétrer plus profondément l’esprit et le sens de ce degré.

Modif. le 6 septembre 2024

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