Jésus et le mal : quelles sont les situations dans lesquelles Jésus est confronté au mal ? Comment fait-il face ? Qu’est-ce que le mal ?
S’incarnant dans un corps humain, Jésus descend dans le monde pour se confronter à la dualité et à la souffrance. Il rencontre le mal à plusieurs reprises.
Dans le Bible, le mal apparaît sous plusieurs formes :
- le mal naturel : la maladie par exemple,
- la souffrance psychique,
- le mal moral : c’est le péché, le manque d’amour, la haine dont les hommes font preuve envers leurs prochains.
Tentons d’interpréter les rapports entre Jésus et le mal.
Jésus et le mal : l’épisode de la tentation
Dans l’épisode de la tentation, Jésus, qui vient d’être baptisé dans les eaux du Jourdain, est attiré par l’Esprit pour vivre une épreuve dans le désert. Le désert, « pays des serpents brûlants, des scorpions et de la soif » (Ancien Testament), représente le danger, la peur et la tentation.
Cet épisode rappelle bien sûr la tentation d’Adam et Ève qui ont croqué le fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La tentation consiste à cueillir le fruit pour soi-même, par intérêt et par vanité. C’est la « soif », la faim, l’orgueil.
Résister à la tentation ne peut se faire qu’en renonçant à soi-même. Jésus dépasse la faim (symbole de l’attachement), le désir des biens et la tentation de la gloire. Il choisit de rester ancré au centre, près de l’Arbre de Vie, symbole de la loi divine et de l’ordre juste. Céder à la tentation aurait au contraire provoqué un décentrage funeste.
1) Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable.
2) Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
3) Le tentateur, s’étant approché, lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains.
4) Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
5) Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple,
6) et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet ; Et ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
7) Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.
8) Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire,
9) et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores.
10) Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.
11) Alors le diable le laissa. Et voici, des anges vinrent auprès de Jésus, et le servaient.
Matthieu, 4, 1-11
L’épisode de la tentation dure 40 jours. C’est par la maîtrise de soi, la patience et la persévérance que Jésus triomphe du mal.
Jésus face à la maladie
Dans l’Évangile selon Saint-Jean, chapitre 11, Jésus ressuscite Lazare, tombé malade et mort depuis 4 jours.
25) Jésus lui dit (à Marthe) : « C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ; 26) et toute personne qui vit et croit en moi ne mourra jamais. »
Jésus pleure avant l’accomplissement de son miracle. C’est donc par le réconfort et la compassion que Jésus triomphe du mal. Ses larmes de tristesse se transforment en larmes de joie, rappelant les béatitudes : Heureux ceux qui pleurent.
La maladie est certes une forme de tragédie à l’issue inévitable. Mais elle peut être vaincue par l’espérance et la compassion, qui transforment l’épreuve en une expérience positive, heureuse. La résurrection de Lazare peut être interprétée comme l’Amour qui triomphe de la mort.
La tentation de la colère
L’épisode de Jésus chassant les marchands du Temple, ou « purification du Temple », décrit l’éviction de ceux qui profitent de l’afflux de croyants pour gagner de l’argent, commettant le péché.
Il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de pigeons, et les changeurs assis. Ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il dispersa la monnaie des changeurs, et renversa les tables ; et il dit aux vendeurs de pigeons : Ôtez cela d’ici, ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. Jean, 2, 14-16
C’est le seul moment où Jésus se laisse aller à la colère et à la menace : il n’est plus dans l’acceptation ni même dans la résistance. Il choisit, l’espace d’un instant, de combattre le mal par le mal. Son comportement est voué à l’échec, et expliquera sans doute en partie son arrestation et sa condamnation. Car le mal ne peut être combattu par le mal ; la colère ne peut amener la justice.
La Passion
La Passion du Christ est un long épisode de souffrance qui comporte plusieurs moments : la prière et l’arrestation de Jésus dans le jardin de Gethsémani, son procès, la flagellation, le couronnement d’épines, l’humiliation, l’abandon des disciples, le reniement de Pierre, le portage de la croix, la crucifixion et enfin la mort.
Durant sa Passion, Jésus est confronté à l’injustice, à l’incompréhension et au mal aveugle. Sa réponse consiste à endurer l’épreuve, à accepter de souffrir et à pardonner : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.
Jésus se laisse traverser par le mal. Il ne se révolte pas. Par son exemple, il fait éclater la vérité et l’Amour.
Qu’est-ce que le mal ?
Pour un chrétien, la question du mal pose un véritable problème : en effet, Dieu étant le créateur unique de toute chose, il n’aurait jamais pu créer le mal.
En réalité, le mal ne peut exister « en lui-même » : il n’a pas d’existence propre. Il ne peut venir que de l’homme : ce dernier crée le mal en interprétant ce qui lui arrive, et en se détournant de la loi divine, commettant ainsi le péché.
Le péché naît de la tentation de s’opposer à Dieu : l’homme veut dépasser son créateur. La tentation, symbolisée par le serpent, est en nous. Le diable n’est pas le « dieu du mal » mais cette partie de nous qui nous tire vers le mensonge de l’orgueil.
Le Christ apporte la preuve que seul l’Amour absolu peut dissoudre le mal. Pourquoi ? Parce que combattre le mal par le mal aboutirait à le renforcer. Le mal ne mérite pas d’être combattu car il n’est pas intentionnel (ils ne savent pas ce qu’ils font) : il est ignorance. Pour faire disparaître l’ignorance, il faut aider son prochain, l’accompagner, l’éduquer, lui montrer la voie et donner l’exemple, plutôt que de combattre frontalement l’ignorant.
Lire aussi notre article : Le mal existe-t-il ?
La victoire sur le mal, la dissolution du mal
Jésus ayant échoué à imposer son discours d’Amour et de raison, il finit par vaincre le mal par le sacrifice, autrement dit l’abandon de soi. L’acceptation de la mort, la traversée du « mur de feu » permet de rejoindre l’autre rive : celle du bonheur, du paradis, du royaume de Dieu.
Son geste est utile pour son exemple.
Ses larmes sont un signe de lâcher-prise préalablement au sacrifice, elles annoncent la victoire sur le mal : Heureux ceux qui pleurent. De fait, Jésus pleure avant chaque épisode qui le confronte au mal : dans le désert, en arrivant à Jérusalem, et dans le jardin de Gethsémani.
La lutte contre le mal est donc une lutte intime. Le mal n’existe pas en lui-même : il ne peut venir que de nous, de notre sentiment de détenir la vérité, de notre tendance à tout juger, et de notre incapacité à pardonner.
Lire aussi notre article : Les différents noms du Diable et leur origine
Pour aller plus loin :
Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?
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Modif. le 11 mai 2024