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« J’ai dit » : planche maçonnique

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« J’ai dit » : quel sens donner à cette conclusion d’un travail ou d’une prise de parole ? Voici une planche maçonnique au 1er degré.

« J’ai dit » : cette petite phrase de trois mots est prononcée à la fin d’une planche ou d’une simple prise de parole en loge. Elle signifie la fin de l’expression de notre point de vue sur un sujet précis. D’où nous vient cette expression et que signifie-t-elle ?

Terminer son intervention par l’expression « j’ai dit » ne date pas d’aujourd’hui mais de l’Antiquité. A l’époque, il se disait en latin « dixit » (il a dit), formule rhétorique employée devant ou après le nom de la personne, manière de citer par exemple un grand orateur.

En loge, « j’ai dit » ponctue souvent les interventions avant que le V.M. reprenne la parole. La formule marque la fin d’un exposé, ce qui rappelle le « hugh » de sagesse des indiens, qui terminaient leurs palabres par cette interjection.

Dès 1751, le discours du frère Orateur se termine par « Dixi », qui signifie « j’ai dit » en latin.

Si l’on fait le parallèle avec la maçonnerie opérative, « j’ai dit » pourrait être interprété comme : j’ai fini mon travail, je présente donc mon morceau d’architecture avec moins d’aspérités, j’attends des maîtres de l’atelier qu’ils apportent leurs remarques et je profiterai alors de leurs apports pour améliorer encore mon travail.

Voici une planche maçonnique sur la formule « j’ai dit ».

« J’ai dit est indissociable de la position d’ordre et du signe pénal. Cette expression se prononce à l’ordre : elle pourrait alors signifier que tout ce qui a été dit l’a été dans le respect de l’ordre, avec mesure et clarté. Le bouillonnement intérieur a été maîtrisé. Quitter l’ordre à la fin de cette phrase pourrait signifier « je préfèrerais avoir la gorge coupée plutôt que d’avoir manqué à mon devoir de parole juste. »

Prononcer cette phrase « j’ai dit » implique non seulement une certaine forme de solennité et d’humilité mais aussi une preuve de force et de courage prouvant notre engagement personnel.

La formule évoque notre serment maçonnique. En se mettant à l’ordre, le conférencier indique à ses frères qu’il s’est ordonné extérieurement mais surtout intérieurement et les invite implicitement à en faire autant. Nous devons réfléchir à la place et à l’importance à accorder à la parole en loge, censée suivre un processus de purification avant d’éclore.

Etre ordonné intérieurement est indispensable à la formation des idées et à leur expression. Il apparait clairement que le travail sur soi est d’abord et toujours indispensable, d’où la nécessité de la prise en compte du symbolisme de la perpendiculaire et des outils tels que le maillet et le ciseau.

Comment ne pas glorifier ici le silence qui, en facilitant l’écoute, la réflexion puis la structuration du raisonnement, nous prépare à une éventuelle prise de parole ?

L’expression « j’ai dit » met-elle un terme définitif à la planche du conférencier ?

Certes, l’utilisation du passé marque la fin de l’action ; le conférencier a terminé sa planche, son exposé. Pourtant, ce mot de fin n’est en réalité qu’une invitation à d’autres prises de parole et donc un signe d’ouverture.

Comment la loge s’approprie-t-elle la vérité d’un frère sur un sujet précis ? Il revient à chacun d’apprécier l’apport, de compléter, de nuancer les propos énoncés. Chacun, après avoir écouté la vision du frère conférencier, peut présenter sa propre vision : chaque frère qui prend la parole apporte ainsi sa pierre à la construction de l’édifice commun, transformant ainsi le « j’ai dit » du frère conférencier en « nous avons dit ».

La mise à l’ordre du frère conférencier aura permis la maîtrise des passions, pour prononcer une parole ouverte, généreuse, compréhensible, invitant à continuer le travail, à pousser la réflexion, pour au final aboutir à une réflexion collective permettant de cerner plus efficacement le sujet, et de rendre son approche plus universelle.

Le V.M. et l’Orateur pourraient conclure les échanges par « nous avons dit ». L’Orateur en particulier est en capacité de synthétiser les échanges dans la recherche d’une certaine harmonie.

La planche du conférencier devient alors une œuvre commune, un travail de l’ensemble de la loge. La vérité ne peut être approchée que par le concours de tous, et l’écoute attentive et bienveillante de tous.

Ainsi, j’ai dit ce que je suis, vous m’avez écouté, je vous écoute, nous travaillons ensemble, nous avons dit, voilà ce que nous sommes…

Chacun dit sa vérité et l’assume à travers l’expression « j’ai dit ». Mais cette vérité est partielle : j’ai simplement tenté de dire, je n’ai pu dire que cela car je suis un être limité, imparfait… je suis un éternel apprenti. Je vous tends la main pour que vous puissiez à votre tour m’éclairer, m’aider, nous éclairer.

L’emploi de cette expression nous livre aussi une information : j’ai fini de dire, donc je rends la parole que je n’ai faite qu’emprunter.

Tentez de dire avec moi, et nous progresserons ensemble sur notre chemin initiatique, sur les voies qui nous sont tracées, en véritables compagnons qui sommes là pour échanger, pour partager, pour œuvrer ensemble.

Demain, je dirai, nous dirons autrement. Nous nous approcherons sans doute un peu plus de la vérité.

Quoi qu’il en soit, je me réjouis d’avoir dit, ou tenté de dire, car le chemin de la réflexion commune est rempli de joie et d’espérance. Nos échanges fondent la vie véritable et la fraternité. Nous avons travaillé tous ensemble à nous mettre en cohérence avec les lois de la Nature et de l’harmonie universelle, dans un objectif de convergence heureuse.

Pour aller plus loin :

livres maçonniques

Modif. le 10 novembre 2024

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