Inch’Allah : philosophie d’une expression. Que signifie inch’Allah ? Quel sens profond ? Tentative d’interprétation.
Inch’Allah signifie « si Dieu le veut ». Chez les musulmans, cette expression accompagne normalement toute phrase qui évoque ce qui est susceptible d’arriver dans le futur.
Par exemple :
- Demain j’irai voir la mer, Inch’Allah.
- Nous arrivons avant la nuit, Inch’Allah.
Inch’Allah peut aussi constituer une réponse à une affirmation, par exemple :
- Conduisez-moi à cette adresse. Oui, Inch’Allah.
- Je ferai tout pour t’aider. Inch’Allah. Je te remercie.
L’expression inch’Allah trouve son origine dans le Coran, précisément dans la Sourate 18 (La Caverne) :
Et ne dis jamais, à propos d’une chose : « Je la ferai sûrement demain ».
Sans ajouter : « Si Allah le veut », et invoque ton Seigneur quand tu oublies et dis : « Je souhaite que mon Seigneur me guide et me mène plus près de ce qui est correct ».
Les musulmans sont donc invités à prononcer l’expression inch’Allah pour tout ce qui concerne l’avenir, ce qui constitue un appel à l’humilité. Il s’agit en effet de sortir de l’illusion que nous maîtrisons le cours des choses et que nous sommes les maîtres de notre destin.
L’expression inch’Allah est parfois mal comprise dans le monde occidental : elle peut être vue comme la remise en cause de notre capacité à agir, ou comme un facteur de démotivation voire de déresponsabilisation. S’en remettre à Dieu pour l’avenir serait un signe de faiblesse.
Pourtant, cette expression remet l’Homme à sa véritable place, lui rappelant qu’il est connecté au reste du monde et qu’il est soumis aux lois cosmiques.
Entrons dans la signification philosophique de l’expression inch’Allah.
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Inch’Allah : philosophie d’une expression
Inch’Allah représente un rapport particulier au futur. Cette expression nous rappelle que nous ne maîtrisons pas notre avenir.
Nous oublions en effet qu’il existe de nombreux facteurs et phénomènes susceptibles d’influencer le futur tel que nous l’imaginons : contraintes, forces extérieures, événements imprévus (accident, maladie…), influence des autres, etc.
Mais au-delà de ces facteurs, c’est notre propre volonté qui est limitée et conditionnée. En effet, nos intentions et notre vision de l’avenir sont le résultat d’une foule de déterminismes, parmi lesquels nos instincts, nos prédispositions génétiques, notre culture, l’éducation que nous avons reçue ou encore notre histoire personnelle.
Tous ces facteurs conditionnent nos pensées et nos actions. L’individu moyen croit être la cause de ses propres pensées, et son ego l’y invite. C’est ce qui fait qu’il a sa propre vision de l’avenir.
L’ego (le « moi ») se voit comme le seul maître à bord : il se pense libre et autonome, non influencé, non déterminé. L’ego se conforte dans ses propres certitudes et sa propre vision des choses, oubliant son passé, oubliant les autres et le monde.
Ainsi, l’être obscur (ou « décentré ») s’identifie à son ego. A l’inverse, l’être éveillé est celui qui comprend le mécanisme de son ego, déjouant les apparences. Peu à peu, il se met à distance de son orgueil et de ses illusions.
C’est donc la connaissance de soi qui permet d’approcher Dieu : je reconnais être le résultat d’une infinité de causes que je connais pas et que je ne maîtrise pas. Reconnaissant mon ignorance, je m’en remets à la mécanique céleste, je me soumets à Dieu et à ses Lois. Je cesse de me croire le centre du monde, j’accepte mon destin au sein du Tout.
On le voit, l’expression inch’Allah éclaire la question du libre-arbitre. Notre analyse montre que nous ne sommes pas libres, mais le fait de reconnaître cela constitue la véritable liberté. Car pour la première fois, nous ne sommes plus soumis à nos illusions égoïstes.
Un nouveau rapport au futur
La civilisation occidentale, fondée sur une conception individualiste de la liberté, considère que chacun est libre de choisir et de bâtir son avenir. Le futur est alors le temps des désirs, des attentes et des projections. Cette vision aboutit à la souffrance en cas de déception ou d’échec ; elle nourrit aussi le sentiment de culpabilité.
A l’inverse, la philosophie de l’expression inch’Allah invite non pas à cesser de penser et d’agir, mais à le faire de manière authentique, sans ambition pour soi-même. Il s’agit de placer son action dans l’ordre des choses, en renonçant à ses attentes. Le futur devient alors le temps de l’espérance et de l’émerveillement.
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Modif. le 19 mars 2024