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Il est midi plein : planche au 1er degré

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Il est midi plein : analyse et interprétation. Que symbolise la lumière à son zénith ? Pourquoi la lumière est-elle à son maximum au moment de l’ouverture des travaux ? Voici une planche au 1er degré.

Frère Second Surveillant, à quelle heure les Apprentis Francs-maçons ont-ils coutume d’ouvrir leurs travaux ?
– A midi, Vénérable Maître.

Quelle heure est-il Frère Second Surveillant ?
– Il est midi plein, Vénérable Maître.

Rituel d’ouverture des travaux au 1er degré

Le Second Surveillant marque parfois un temps de latence entre les mots « midi » et « plein », afin d’être en mesure d’assurer le Vénérable Maître que le Soleil est bien à son zénith, après l’avoir éventuellement observé en élevant le regard.

Ce Soleil au zénith évoque aussi le solstice d’été que nous fêtons à la Saint-Jean d’été : c’est la lumière à son maximum, autrement dit la conscience grande ouverte, l’esprit libre, la Connaissance épanouie. Il n’y a quasiment pas d’ombre. Et pourtant, les ténèbres reviendront…

Voici donc un interprétation de « midi plein » à travers cette planche maçonnique au 1er degré.

Selon le rituel, les apprentis francs-maçons ont coutume d’ouvrir leurs travaux à midi et de les clore à minuit. Autrement dit, ouverts à l’enseigne du Second Surveillant, sur la colonne du sud, sous l’éclat zénithal du Soleil, les travaux sont clos à l’enseigne du Premier Surveillant, sur la colonne du nord, sous la clarté de la Lune.

Sur le plan symbolique, cet échange entre le Vénérable Maître et le Second Surveillant est le marqueur de l’imminence du passage du profane au sacré : c’est l’instant qui précède l’ouverture des travaux, au moment où nous nous apprêtons à élever nos cœurs en fraternité.

Il est midi en pleine Lumière ; à l’orient, le Soleil et la Lune sont immobiles, le Delta rayonne au-dessus du Vénérable Maître, le temps s’abolit dans le moment de la tenue. Avant la clôture des travaux, son acmé sera la chaîne d’union.

Cette lumière, c’est la lumière initiatique, celle de l’intuition, de l’inspiration (au sens littéral et symbolique), de la volonté et du travail que nous nous apprêtons à livrer. Notre concentration est à son maximum, nous changeons d’état, un éveil se produit, notre esprit s’élève.

« Il est midi plein » annonce un instant suspendu, un état de plénitude, l’entrée dans le domaine de la spiritualité. Il ne s’agit pas d’une fin, d’un achèvement, mais au contraire d’un commencement, d’une source de potentialités, à condition que s’opère la conversion du regard.

Nous sommes dans l’ici et maintenant de la séquence d’ouverture des travaux, une séquence de silence intérieur et de vacuité, un espace pour accueillir l’inattendu, une matrice bientôt fécondée par le Verbe au moyen de l’invocation du GADLU par le Vénérable Maître.

A cet instant, chacun peut opérer un retrait de soi en soi, une sorte de tsim-tsoum personnel.

Le passage du profane au sacré est un voyage du monde extérieur, sensible, vers le monde intérieur, spirituel, autrement dit un voyage vers soi, en soi, à la recherche de la Vraie Lumière, de la pierre cachée des Sages.

Ce voyage immobile est un cercle et ce cercle nous conduit vers notre origine. Nous cherchons ce que nous sommes ; c’est ce mystère que nous nommons connaissance de soi, qui est « l’expérience que fait l’homme de l’unité qui unit tous les hommes » (Maître Eckhart), lorsque les conditions spirituelles sont réunies. Autrement dit, lorsque nous faisons l’expérience du Sacré.

La philosophe Simone Weil énonce que « notre amour doit avoir la même étendue à travers tout l’espace, la même égalité dans toutes les portions de l’espace, que la lumière du Soleil. »

Ainsi, ajoute-t-elle, « quand une âme est parvenue à un amour qui emplisse également tout l’univers, cet amour devient ce poussin aux ailes d’or qui perce l’œuf du monde. »

Ces mots expriment la plénitude des midis vécus dans l’égrégore de notre loge. Rappelons-le, l’amour fraternel est la source de toute vie spirituelle et la pierre angulaire de notre cheminement vers l’universel.

Frère Premier Surveillant, à quelle heure les Apprentis Francs-Maçons ont-ils coutume de clore leurs Travaux ?
– À minuit, Vénérable Maître

Frère premier Surveillant, quelle heure est-il ?
– Il est Minuit plein, Vénérable Maître.

II est donc l’heure de les renvoyer. Puissent-ils continuer à travailler ainsi dans la liberté, la ferveur et la joie !

La fermeture des travaux se fait à minuit plein : le Soleil disparaît dans les ténèbres. C’est la fermeture de l’espace sacré, le retour à la vie profane.

Est-ce à dire que la conscience se referme aussi ? Retombe-t-on inévitablement dans le sommeil de l’âme ? Pas forcément, d’autant qu’il est dit que notre devoir est de porter à l’extérieur la Lumière reçue à l’intérieur.

En réalité, « minuit » annonce simplement le retour à la matière : une réintégration salutaire tant le Soleil de midi était abstrait, presque déconnecté du réel. De fait, il n’est pas possible de vivre éternellement dans la Lumière, car sans ombre la lumière perd tout son sens.

Minuit annonce donc une expiration, un souffle qui se déploie dans le monde, une intention pour l’avenir. Il est temps de passer de l’idéal à l’action. Il est temps de confronter nos valeurs et nos intentions à la réalité. Et c’est aussi par cette confrontation que la Connaissance grandira.

« Il est midi plein », « il est minuit plein » : voilà donc l’expression d’une complémentarité nécessaire, puisque l’homme est un être terrestre qui vit une expérience spirituelle, autant qu’un être spirituel qui vit une expérience terrestre.

Pour aller plus loin :

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Modif. le 7 août 2024

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