L’Hospitalier et sa mission : engagement, rôle, fonction et action. Voici une planche maçonnique au 1er degré.
Cette planche vise à présenter « l’oeuvre de l’Hospitalier », ainsi que les devoirs qui lui sont dévolu et qui se matérialisent par un engagement, des actes, des paroles.
Pour aborder ces points, nous nous référerons au rituel d’installation des officiers de la Loge REAA et au rituel d’initiation du 1er degré, ce qui va nous permettre de nous remémorer le cadre et le sens de ce qui est avant tout une fonction, également appelée charge, incarnée par un homme.
L’Hospitalier, aussi appelé Aumônier ou Elémosinaire (« qui a rapport à l’aumône ») possède une caisse indépendante de celle du Trésorier. Les fonds qu’il gère sont exclusivement destinés à secourir les FF. en situation de détresse. A chaque Tenue, il fait circuler le Tronc de la Veuve pour recueillir les oboles.
L’Hospitalier doit agir avec tact. Il réconforte, secourt, aide, informe, alerte. Il est le coeur rayonnant de la Loge, emblème de son sautoir. Mais il n’est pas seul dans ce rôle : tous les FF. de la Loge sont et doivent être des Hospitaliers actifs.
Voici une planche maçonnique sur le rôle et la mission de l’Hospitalier.
L’Hospitalier : sa fonction
S’adressant à l’Hospitalier lors de son installation, le VM déclare :
Mon TCF , vous aussi, comme le F. Trésorier, vous possédez la confiance de cette R.L. qui remet entre vos mains le Tronc de la Veuve en toute quiétude.
Vous êtes le messager de l’Amour fraternel ; vous devez déceler la peine, la difficulté, la maladie ou l’affliction chez vos Frères. Soyez attentif aux absences répétées qui peuvent cacher des malheurs ; visitez ceux qui demeurent loin de nous pour ne pas nous attrister ; aidez-les si cela est nécessaire et, surtout, réconfortez-les par votre présence et votre affection.
Nous sommes persuadés, mon T.C.F. , que vous vous dépenserez sans relâche pour les œuvres de bienfaisance de la Loge en faveur des F.F. malheureux et de leurs familles dans la détresse.
Tout est dit en quelques mots sur la tâche qui attend le Frère Hospitalier.
Les Frères qui assistent à cette installation sont ainsi informés qu’en dépit de la nature des difficultés qu’ils pourraient rencontrer, ils peuvent compter sur ce Frère qui s’est engagé par serment à les écouter, les aider sur le plan matériel, les soutenir sur le plan moral.
Pour ce faire, l’Hospitalier qui agit toujours avec l’aval du VM , dispose de nombreux relais et leviers au sein de l’obédience comme le Grand Hospitalier et les différentes associations de solidarité auxquelles il peut être fait appel en fonction des nécessités.
L’Hospitalier et le Tronc de la Veuve
L’Hospitalier est aussi le Frère dépositaire du Tronc de la Veuve. A chaque Tenue, il est chargé de recueillir les métaux afin de les transformer en oboles bienfaisantes.
Nous pouvons aller au‐delà du geste qui consiste à recueillir une obole dans le Tronc de la Veuve et donner un sens symbolique au sage maniement qu’en fait l’Hospitalier. Par l’usage qu’en fait l’Hospitalier, le Tronc de la Veuve va agir comme un creuset alchimique et transmuter la nature stérile et illusoire des métaux en un acte de Fraternité et d’Amour, pour peu que les Frères aient fait offrande selon leur cœur.
Rappelons-nous de ces paroles prononcées par le VM lors de l’initiation au premier degré :
Sachez mon Très Cher Frère que la bienfaisance est l’une des Vertus dont la pratique est la plus chère aux Francs maçons. Il ne faut pas la confondre avec l’aumône, qui abaisse celui qui la reçoit sans élever celui qui la donne.
Et plus loin :
Vous donnerez donc votre offrande à nos œuvres de solidarité selon vos moyens et discrètement, car les actes de bienfaisance d’un Franc‐maçon ne doivent jamais être des actes d’ostentation ni de vanité, propres à enorgueillir celui qui donne, comme à humilier celui qui reçoit.
Avant de poursuivre ce travail, j’aimerais que nous nous arrêtions un peu sur ces propos afin d’en pénétrer le véritable sens et pour que nous en tirions collectivement quelques enseignements.
Pour ce faire, je me vois bien obligé d’évoquer ici les jetons de lavage de voiture, boutons de culotte, monnaies étrangères et des pièces de 1, 2, 5, 10 et 20 centimes qui viennent lester le Tronc de Bienfaisance d’un poids bien trompeur.
Lors d’un échange récent avec mon prédécesseur au cours duquel nous dressions assez désabusés le même constat, nous est revenu une légende amérindienne : le Conte du colibri.
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » . Le colibri lui répondit alors : « Je le sais, mais je fais ma part. ».
La légende raconte que chaque animal se sentant alors concerné, « fit sa part », chacun à sa manière et que la forêt fut sauvée.
Ce court récit fait écho aux paroles précédentes du VM : il s’agit de faire sa part, quel que soit le contexte.
Sans vouloir donner de leçon, le Frère Hospitalier vous invite donc à réfléchir au sens et à la portée de chacun de vos actes de bienfaisance. Règle qu’il appliquera bien entendu également à lui‐même.
Les absences et les excuses présentées par le Frère Hospitalier
Abordons à présent la présentation des excuses.
Au‐delà d’un simple usage administratif consistant à assister le Secrétaire dans la tenue du registre des présences, la présentation des excuses par l’Hospitalier permet à chacun de connaître la situation des Frères absents. Sur un plan symbolique, ces excuses font écho au : « prenez place mes Frères », prononcé par le VM qui invite chaque Frère à occuper au sein de la Loge le juste endroit où il pourra pleinement contribuer à l’œuvre collective.
Chaque Tenue est un « outre‐temps » unique qui nous permet de pénétrer dans un Temple sacré. Toute pierre venant à manquer dans les murs qui le constitue crée une béance qui finit par remettre en question la solidité de l’édifice que nous nous attachons à bâtir.
Connaître les motifs de l’absence, recueillir et présenter les excuses d’un Frère manquant sont autant de façons de pallier cette faiblesse ponctuelle car nous savons alors que celui qui a pris le soin de prévenir de son éloignement sera malgré tout présent en esprit et à sa place.
Au final, quelle est donc l’Œuvre de l’Hospitalier ? Il faut reprendre les mots énoncés par le VM lors de l’installation du Frère Hospitalier : « Vous êtes le messager de l’amour fraternel ».
Dans les rituels, l’expression « amour fraternel » est orthographiée une fois avec un « a » minuscule, une fois avec un « A » majuscule. Les contextes, très proches, dans lesquels ces orthographes étaient utilisées sont-ils de nature à justifier cette différence ?
Imaginons que l’Hospitalier dont nous avons vu qu’il pouvait être un remarquable alchimiste puisse transmuer l’amour en Amour comme d’autre le plomb en Or. Envisageons que son action soit un exemple pour chacun d’entre nous et qu’il nous indique par là une voie à suivre, la voie de l’amour de notre prochain qui nous entraine sur la voie de l’Amour du GADLU.
Admettons maintenant que cette voie soit celle de l’Amour qui nous libère du carcan du moi et nous ouvre en grand les portes du Soi, afin que nous nous élevions en toute liberté vers la Conscience Universelle. Telle pourrait être l’Œuvre de l’Hospitalier…
Voir aussi :
Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.
Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.
Modif. le 7 novembre 2024