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Fuir le vice et pratiquer la vertu

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Fuir le vice et pratiquer la vertu : quelles sont les vertus maçonniques et comment les pratiquer ? Voici une planche maçonnique au premier degré.

D. – Quels sont les devoirs d’un F. Maç. ?
R. – Fuir le vice et pratiquer la Vertu.
D. – Comment un F. Maç. doit-il pratiquer la Vertu ?
R. – En préférant à toutes choses la justice et la Vérité.

Instruction 1er degré REAA

« Le Franc-Maçon doit fuir le vice et pratiquer la vertu ». Cette formule moralisatrice peut sembler évidente, mais elle incite à rechercher la voie de la justice et de la vérité.

Dès l’initiation au premier degré, la notion de vertu est omniprésente. Vertu vient du latin virtus qui signifie « mérite de l’homme ». Ce mot désigne le courage, la force d’âme, la sagesse ou encore l’énergie morale.

Rappelons-le, les vertus cardinales célébrées depuis l’Antiquité grecque sont : Prudence, Tempérance, Force d’âme et Justice. Elles forment les pivots de la vie morale. L’Eglise catholique distingue en outre trois vertus théologales, qui ont Dieu pour objet : Foi, Espérance et Charité.

Ainsi définie, la vertu est la ferme disposition à faire le bien et à éviter le mal. C’est à la fois une grande qualité morale et l’expression de la force surnaturelle divine.

Fuir le vice et pratiquer la vertu : voici une interprétation à travers cette planche au premier degré.

Voir aussi cette liste de planches au premier degré

La franc-maçonnerie est une école de la vertu, et cela dès l’initiation. Nous commençons notre chemin ni nu ni vêtu dans une logique d’humilité, principe qui fonde la vertu.

Le cœur est à découvert, en signe de sincérité. Le genou droit est à nu, « pour marquer les sentiments d’humilité qui doivent présider à la recherche de la Vérité ». Ainsi, nous sommes mis en condition de comprendre les principes fondamentaux de la vertu en revenant à une forme de simplicité.

Les trois voyages initiatiques qui suivent nous sensibilisent à la vertu, son contenu, la manière de la pratiquer et ce qu’on peut en attendre :

  • premier voyage : « cette expérience symbolique doit vous inciter à la sagesse dans vos desseins, à la prudence dans vos élans »,
  • deuxième voyage : « nous avons voulu vous montrer que les obstacles s’aplanissent de plus en plus sous les pas de l’homme qui persévère dans les sentiers de la Vertu »,
  • troisième voyage : « si l’on persévère résolument dans la Vertu, la vie devient calme et paisible. »

Ce troisième voyage décrit plus clairement encore la vertu au sens maçonnique :

Puisse le Feu qui vous a enveloppé se transmuer dans votre cœur en un Amour ardent pour vos semblables, puisse la Charité inspirer désormais vos paroles et vos actions.

N’oubliez jamais ce principe de morale sublime, connu de toutes les Nations : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qui te fût fait à toi-même. ».

Pénétrez-vous aussi du principe positif qui en découle, énoncé par la Franc-Maçonnerie : « Fais aux autres tout le bien que tu voudrais qu’ils te fassent ».

Par ailleurs, dans l’instruction au premier degré, on peut lire :

D.- Qu’est qu’un F. Maç. ?

R.- C’est un homme libre et de bonnes mœurs, également ami du riche et du pauvre, s’ils sont vertueux.

D.- Que veux dire « libre » ?

R.- L’homme « libre » est celui qui, après être mort aux préjugés du vulgaire, s’est vu renaitre à la vie nouvelle que confère l’Init.

D.- Pourquoi dites-vous qu’un F. Maç. est également ami du riche et du pauvre, s’ils sont vertueux ?

R.- Pour indiquer que la valeur individuelle doit s’apprécier en raison des qualités morales. L’estime ne doit se mesurer que selon la constance et l’énergie que l’homme apporte à la réalisation du Bien.

Ainsi, le franc-maçon sait apprécier pour lui-même et pour chaque individu les qualités morales, la constance et l’énergie à réaliser le « bien ». Il ne se soucie pas des critères et préjugés profanes. A ce titre, fuir le vice, c’est en particulier chasser toute idée reçue ou préconçue.

Il est dit que le franc-maçon doit préférer à toutes choses la Justice et la Vérité. La vertu va donc au-delà de l’altruisme ; elle consiste à passer du partiel à l’universel pour approcher le Juste.

Le travail maçonnique consiste précisément à nous départir de tout ce qui fait obstacle à la vertu : passions, préjugés, opinions… C’est en réglant ainsi nos inclinations et nos mœurs personnelles que nous parviendrons à donner à notre âme ce juste équilibre qui fait la sagesse.

Il s’agit d’abord de faire la part des choses, de distinguer ce qui relève du sentiment ou de la raison, de l’inconscient ou du conscient, de la pulsion ou de la maîtrise. C’est la taille de la pierre brute (nous y reviendrons).

Par ailleurs, l’objectif à atteindre est représenté par les trois piliers en loge qui constituent les symboles des vertus maçonniques : « Que la sagesse préside à la construction de notre édifice, Que la Force le soutienne, Que la Beauté l’orne ».

Le vice désigne un défaut, une imperfection, un penchant particulier pour quelque chose que la religion, la morale, la société ou la conscience réprouvent. Le vice peut revêtir une forme plus ou moins grave. Il peut s’apparenter aux sept péchés capitaux décrits par la morale chrétienne : l’orgueil, l’avarice, la luxure, l’envie, la gourmandise, la colère, la paresse.

Le devoir du franc-maçon est donc de fuir le vice. Or l’apprenti maçon doit dégrossir sa pierre brute ; étant à la fois le matériau et l’ouvrier de sa propre œuvre, il doit apprendre à connaître les forces en lui, cerner ce qui relève de la vertu et du vice, du bien et du mal, du courage et de la lâcheté, de la vérité et du mensonge, ou encore de la loyauté et de la trahison.

Dans la même perspective, la formule VITRIOL nous invite par la méthode introspective à réprimer nos vices. Rectifier signifie remettre droit, rétablir la vérité, et donc quitter nos certitudes, abandonner notre illusion d’être au centre du monde et de détenir toutes les réponses.

Fuir le vice, c’est travailler à discerner. C’est opérer la séparation alchimique en soi, entre les forces de la matière qui nous amènent à nous replier sur nous-même, et les forces spirituelles qui nous ouvrent à toute chose.

Fuir le vice, c’est encore laisser les métaux à la porte, ou œuvrer à les transformer en vertus. Car les métaux, convenablement maniés, peuvent servir à faire le bien.

Les vices et les vertus divergent selon les cultures, les sociétés et les hommes. Une vertu dans notre société peut être perçue comme un vice dans une autre… Mais y a-t-il des vertus universelles, incontestables ?

Quoi qu’il en soit, le chemin vers la vertu est sans doute universel. Tout homme peut suivre ce chemin s’il fait l’effort de s’ouvrir aux autres, de prendre conscience des injustices, des inégalités et des souffrances dont les autres sont l’objet. Bien sûr, il est plus facile de pratiquer la vertu si l’on a déjà connu le vice. Mais il s’agit aussi de comprendre l’origine du vice et le terreau sur lequel il se développe.

Fuir le vice et pratiquer la vertu est donc possible pour tous, mais cela nécessite un travail, un effort constant. Pour nous, ce travail se fait principalement en loge. Mais comment porter la vertu dans le monde profane ?

Avant de répondre à cette question, il faut reconnaître que tout individu, tout franc-maçon, même spirituellement très avancé, est sujet au vice. Nous commettons tous des erreurs, nous manquons de lucidité, nous rechutons. La vertu, la lucidité doivent aller jusque-là, jusqu’à reconnaître nos propres limites.

Pratiquer la vertu dans le monde profane consiste donc d’abord à se montrer humble envers les autres et vigilant envers soi-même. Il s’agit aussi de montrer d’exemple en fuyant toute certitude, toute assurance, toute suffisance, toute ironie. Nous devons mettre en pratique le principe d’enrichissement mutuel, d’écoute et de tolérance.

Ainsi, pratiquer la vertu est histoire d’engagement au service des autres, de persévérance et de lutte contre soi-même. Par l’entraide et le nombre, nous pouvons espérer que nos valeurs deviennent la référence. Nous devons donner envie aux autres de changer et d’évoluer, comme nous changeons et évoluons nous-même !

Pour aller plus loin :

Les essentiels du premier degré maçonnique couverture

Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.

Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.

Modif. le 23 août 2024

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