Esotérisme et exotérisme : différence et définition. En quoi la démarche ésotérique diffère-t-elle fondamentalement de la démarche exotérique ?
Esotérisme et exotérisme sont deux termes relatifs à la manière de dévoiler la connaissance, qu’elle soit philosophique, spirituelle ou religieuse.
- L’exotérisme (exo signifie « au dehors » en grec) décrit une diffusion publique des savoirs et des enseignements : chacun y a donc accès.
- A l’inverse, l’ésotérisme (eso : « en dedans » en grec) concerne une transmission de la connaissance aux seuls initiés (membres d’une école, d’une loge ou d’une confrérie), c’est-à-dire à ceux qu’on juge prêts à entendre la vérité.
Le premier est donc extérieur, alors que le second est intérieur (relatif à un lieu clos).
Les deux approches comportent des aspects positifs et négatifs :
- l’exotérisme présente l’avantage de l’ouverture à tous et donc de l’égalité. Mais du fait de la nécessaire vulgarisation, la connaissance diffusée reste souvent élémentaire, superficielle, voire dogmatique,
- l’ésotérisme est souvent critiqué pour son côté fermé et élitiste, puisque les initiés se distinguent eux-mêmes des non-initiés ou « profanes ». Mais la démarche, en s’écartant de tout dogme, permet une ouverture intime et un dépassement des obstacles personnels susceptibles de voiler la vérité.
A noter que les Eglises sont traditionnellement réfractaires à l’ésotérisme, lui préférant l’universalisme de la tradition religieuse ; c’est en particulier le cas du catholicisme. Enfin, l’ésotérisme est parfois suspecté, à tort ou à raison, de dérives sectaires.
Voyons plus en détails la différence entre ésotérisme et exotérisme.
Esotérisme et exotérisme : différence (et définition)
L’exotérisme se fonde sur une pratique ouverte et une diffusion libre des croyances, rites et enseignements religieux.
Les partisans de l’ésotérisme estiment quant à eux que la vérité ne peut être atteinte que par un accompagnement et des outils spécifiques, en suivant une logique de progression initiatique :
- les membres des sociétés initiatiques sont le plus souvent cooptés,
- les « secrets » sont communiqués progressivement, degré par degré,
- la transmission de la connaissance se fait de manière principalement orale,
- parmi les outils privilégiés, citons le symbolisme ou encore l’interprétation libre des textes sacrés.
Citons, parmi les courants ésotériques les plus connus, la franc-maçonnerie, le martinisme, le rosicrucisme, l’alchimie spirituelle, le soufisme (courant de l’Islam), la Kabbale, le Compagnonnage ainsi que les courants mystiques des philosophies orientales.
A noter qu’il existe aussi un ésotérisme chrétien.
Le pythagorisme de l’Antiquité grecque peut aussi être considéré comme un courant ésotérique, de même que le wiccanisme et, dans une certaine mesure, le chamanisme.
Salut par la foi ou salut par la Connaissance ?
Les Eglises privilégient le salut par la foi : c’est le fait de croire en Dieu et d’adhérer à la doctrine fondamentale révélée par le messager (l’envoyé de Dieu, le prophète) qui mène au salut.
A l’inverse, les courants ésotériques considèrent que c’est l’accès à la Connaissance qui permet de délivrer l’homme en le faisant entrer dans une sorte de spiritualité rationnelle.
Cette Connaissance est parfois appelée « gnose« , terme qui décrit l’accès à la Vérité suprême, la parfaite maîtrise de la science métaphysique, ou encore la compréhension des grandes lois cosmiques.
La Connaissance ésotérique, entre effort et persévérance
Nous l’avons dit, l’ésotérisme accorde une importance centrale à la Connaissance, qui passe par l’ouverture de la conscience et l’éveil spirituel. Cet éveil implique une série de transformations intimes, qui peuvent être vues comme autant de morts et de renaissances symboliques.
A chaque fois, il s’agit de renoncer à ses anciennes croyances pour entrer dans une nouvelle dimension de l’être : une démarche qui tranche avec le côté statique, presque désincarné de l’exotérisme.
La Connaissance ésotérique n’est pas une accumulation de savoirs. En réalité, elle ne peut être révélée ni transmise : le maître ne peut qu’accompagner son disciple, l’inviter à « voir » par lui-même.
La démarche ésotérique est donc dynamique et intérieure : elle nécessite effort et persévérance, mais aussi ouverture et lâcher-prise, dans le sens d’un abandon de soi, nécessaire pour comprendre. C’est donc une démarche plus profonde que celle de l’exotérisme.
Une connaissance cachée ?
L’ésotérisme sous-entend l’existence d’une connaissance cachée, secrète ou occulte, qualificatifs souvent compris comme « réservé à une élite », mais qui signifient plutôt « inconnu par nature », ou « difficile à appréhender au premier abord ».
Nous parlons-là d’une connaissance immatérielle, indicible, ineffable, bref spirituelle au sens premier du terme.
Ce savoir secret présente presque toujours les mêmes caractéristiques :
- il parle d’une correspondance entre le haut et le bas, entre l’Esprit et la matière, entre Dieu et l’homme, entre le microcosme et le macrocosme,
- il parle de l’interdépendance de toute chose : le cosmos est Un et ses parties sont solidaires entre elles. C’est ce que certains appellent la loi d’Amour,
- il invite à une meilleure connaissance de soi, autant sur le plan matériel que psychique,
- il vise à voir au-delà de sa propre individualité et de son ego, afin de déchirer l’illusion de la séparation ainsi que les nombreux voiles de l’ignorance (passions, préjugés, certitudes, superstitions, fausses croyances…),
- il vise à trouver l’universel en soi, la « lumière en soi », ou le « divin en soi »,
- il prône la réconciliation des contraires, l’équilibre et l’harmonie,
- il incite à adopter une posture de recul, d’humilité et d’acceptation de toute chose,
- il promet l’entrée dans un monde de paix, de sérénité et de bonheur éternel : la haine et la souffrance s’estompent, les notions de bien et de mal disparaissent.
L’ésotérisme consiste notamment à trouver un deuxième sens caché à certains passages des Textes sacrés, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives métaphysiques.
Esotérisme et exotérisme aujourd’hui
Aujourd’hui, ésotérisme et exotérisme paraissent moins contradictoires qu’il y a un siècle ; il est vrai que les conflits entre religions traditionnelles et courants initiatiques ont baissé en intensité.
A ce titre, il est tout à fait possible de pratiquer une religion « à l’extérieur », tout en étant franc-maçon ou martiniste « à l’intérieur ».
Les sociétés initiatiques sont désormais ouvertes à tous ceux qui osent frapper à leur porte. Les secrets qui y sont transmis n’en sont pas vraiment, puisque l’ouverture de la conscience ne peut se faire qu’à travers un effort de recherche personnelle. Evidemment, le fait d’être initié ne garantit pas d’accéder à la Connaissance pleine et entière. De même, le fait de ne pas être initié n’est pas forcément un obstacle à la vérité si la volonté de s’élever est forte et si les efforts sont suffisants.
En réalité, l’ésotérisme peut aujourd’hui être défini comme « l’esprit de la lettre », c’est-à-dire ce qui ne peut pas être transcrit clairement, ou ce qui ne peut être compris par la simple lecture. Non qu’il y ait volonté de cacher, mais parce que la parole sacrée nécessite une conversion personnelle pour être reçue.
Lire aussi notre article : Esotérisme et occultisme : définition et différence
Pour aller plus loin :
Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?
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Modif. le 27 novembre 2024