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L’équerre et le compas : signification, symbolisme

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L’équerre et le compas : signification et symbolisme. Que symbolise l’association de l’équerre et du compas en franc-maçonnerie ? Quel sens ésotérique ?

Le symbole de l’équerre et du compas est l’un des plus célèbres de la franc-maçonnerie. Il associe deux outils au symbolisme majeur :

  • l’équerre est un outil de conception, de réalisation et de vérification. Elle évoque la rectitude, le raisonnement logique et l’action juste,
  • le compas est un instrument de conception, de tracé, de mesure et de report. Il représente l’idée, la volonté créatrice qui peut déboucher sur une réalisation conforme.

D’emblée, on constate les différences mais aussi les ressemblances et la complémentarité entre ces deux instruments. L’équerre et le compas sont à la fois des outils de conception et de réalisation, mais le compas seul ne permet pas de tracer un plan : il doit être accompagné de la règle ou de l’équerre. De même, l’équerre utilisée seule ne permet pas de concevoir un plan élaboré : elle doit être complétée du compas.

De manière générale, le compas évoque le domaine de l’Esprit (l’abstrait, l’invisible, l’idéal), alors que l’équerre représente le domaine de la matière (le concret, l’action, la réalisation). A noter cependant que l’équerre aborde la matière de façon ordonnée et géométrique, signe qu’elle est déjà en voie de spiritualisation. En miroir, le compas permet de tracer des intersections, des points, des figures : l’Esprit est en voie de matérialisation.

On obtient donc un double-mouvement vers le haut et vers le bas, dont on pressent qu’il constitue une clé spirituelle majeure.

Tentons de percer la signification et le symbolisme de l’équerre et du compas en franc-maçonnerie.

En premier lieu, l’équerre incarne la dualité (les angles) alors que le compas exprime l’unité (le cercle). L’association de l’équerre et du compas nous met donc en présence d’une réalité à la fois duale et unitaire, matérielle et spirituelle.

De même, on peut voir dans l’équerre la loi de la matière, c’est-à-dire le conflit, et dans le compas la loi de l’Esprit, c’est-à-dire l’Amour. Le destin de l’Homme est vivre entre conflit et Amour, la Vérité se situant quelque part entre rigueur et miséricorde.

La matière est en bas, l’Esprit est en haut, on ne s’étonnera donc pas que, dans la représentation maçonnique de l’équerre et du compas, l’équerre soit située en bas et le compas en haut.

Mais il faut aussi remarquer que l’équerre est ouverte vers le haut et que le compas est ouvert vers le bas, comme pour évoquer une rencontre, une alliance voire une fusion entre ce qui paraissait au premier abord opposé voire incompatible.

C’est ainsi que l’association de l’équerre et du compas nous invite à réconcilier :

  • la transcendance et l’immanence : en effet, tel l’ouroboros (le serpent qui se mord la queue), nous sommes l’incarnation du principe supérieur qui cherche à se connaître lui-même,
  • Dieu et l’Homme (le macrocosme et le microcosme) : nous sommes invités à voir ce qu’il y a de divin en nous autant que ce qu’il y a de « vivant » en Dieu.

Au final, l’association du compas et de l’équerre représente un équilibre parfait entre le bas et le haut, entre la Terre et le Ciel, entre la matière et l’Esprit, éléments qui expriment en fait la même réalité, celle d’Un-le-Tout.

Remarque : les branches de l’équerre et du compas se chevauchent de manière différente aux trois premiers degrés maçonniques :

  • au premier degré, les branches de l’équerre sont placées au-dessus de celles du compas,
  • au deuxième degré, les branches sont entrecroisées,
  • au troisième degré, les branches du compas recouvrent celles de l’équerre.

L’équerre et le compas renvoient directement au symbolisme du sceau de Salomon, lequel est composé de deux triangles superposés, l’un pointe en haut pouvant être associé au compas, et l’autre pointe en bas pouvant être associé à l’équerre.

sceau de salomon compas équerre

En ésotérisme et en alchimie, le sceau de Salomon représente la rencontre des principes opposés (Eau et Feu, Lune et Soleil, femelle et mâle). Il figure aussi l’alliance de l’Homme avec Dieu, puisqu’il faut rappeler que Salomon est le bâtisseur du premier temple de Jérusalem dédié à Dieu.

Au final, le sceau de Salomon réduit le multiple à l’Un : il est le symbole qui permet de remonter à la Source, à Dieu lui-même. On peut y voir une image de la Vérité, au carrefour de la rectitude, de la justice et de la sagesse.

Le parallèle entre l’équerre et le compas et le taijitu (symbole du yin et du yang) est presque évident. L’équerre représente la dualité, c’est-à-dire les deux aspects blanc et noir du taijitu. A l’inverse, le compas représente l’unité : le cercle, la totalité du taijitu.

symbole yin yang taijitu

Une autre interprétation permet d’associer l’équerre à la partie noire (yin) et le compas à la partie blanche (yang), cette dernière ayant vocation à maintenir l’ensemble en cohérence.

Le compas et l’équerre sont régulièrement représentés avec la lettre G en position centrale :

compas équerre G

Cette lettre peut figurer la « Grande source », l’invariable Milieu ou le centre de l’univers. On peut y voir l’initiale du Grand Architecte de l’Univers ou celle du mot Gnose.

Rappelons qu’au deuxième degré maçonnique, la lettre G présente au centre de l’étoile flamboyante vaut pour « Géométrie », « Génération », « Gravitation », « Génie » et « Gnose ».

Dans tous les cas, la lettre G exprime un point de vérité entre matière et esprit, Terre et Ciel. Elle est le point de réconciliation de toutes les oppositions. Sur le plan humain, c’est l’emplacement du coeur, symbole de l’Amour qui rayonne en l’être éveillé, capable d’englober jusqu’au conflit. C’est la quintessence du savoir initiatique.

Avec le Volume de la Loi Sacrée (la Bible au rite écossais ancien et accepté), l’équerre et le compas constituent les trois grandes Lumières de la franc-maçonnerie censées éclairer le cherchant.

Posés sur les Ecritures, l’équerre et le compas peuvent symboliser la clé de lecture des textes sacrés. En l’occurrence, cela suggère que la lecture devrait se faire à la fois par la raison (l’équerre) et le coeur (le compas).

L’association de l’équerre et du compas constitue une clé spirituelle majeure : au même titre que le sceau de Salomon, elle symbolise la gnose, la Connaissance parfaite. Nous avons là une représentation du cosmos, une expression du plan divin qui peut nous aider à fonder notre propre temple intérieur.

L’équerre représente la géométrie ou la philosophie, autrement dit le raisonnement juste, mais incapable de saisir les subtilités du monde spirituel, un monde marqué par les mystères et les paradoxes. Le compas représente quant à lui la spiritualité, discipline des plus nobles mais qui reste vaine si elle ne trouve pas sa traduction dans le monde concret. Compas et équerre sont donc indissociables…

Nous l’avons dit, l’équerre est cette force immanente qui nous tire vers le haut : c’est notre potentiel intérieur de compréhension et d’élévation. Mais l’accès à la Connaissance ultime implique à de dépasser le raisonnement, les mots et les concepts pour s’ouvrir à une autre réalité, indicible, transcendantale, accessible uniquement par le lâcher-prise et la transparence de soi.

Ainsi, le franc-maçon est invité à passer de l’équerre au compas, ce qui ne signifie pas qu’il doive abandonner le compas. Rigueur et ouverture sont inséparables…

Pour aller plus loin :

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Modif. le 24 mars 2025

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