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Énoch au treizième degré du REAA : le premier initié

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Énoch au treizième degré du REAA : que symbolise ce personnage ? Que transmet-il ? Comment interpréter son rôle ?

Énoch (Hénok ou Hénoch) est le plus illustre des patriarches antédiluviens de l’Ancien testament. Il est le descendant de Seth, fils d’Adam, le père de Mathusalem et l’arrière-grand-père de Noé. Selon le Livre de la Genèse, il vécut 365 ans avant que Dieu le prenne pour le placer au Ciel près de lui :

Grâce à la foi, Hénok fut retiré de ce monde, et il ne connut pas la mort ; personne ne le retrouva parce que Dieu l’avait retiré ; avant cet événement, il avait été agréable à Dieu, l’Écriture en témoigne.
Lettre aux Hébreux, 11, 5

Énoch apparaît surtout dans trois écrits apocryphes et pseudépigraphiques, c’est-à-dire attribués à lui-même :

  • le Premier livre d’Énoch, rattaché à l’Eglise éthiopienne,
  • le deuxième est le Livre des secrets d’Énoch,
  • le troisième est le Livre hébreu d’Énoch, dans lequel il est dit que le patriarche est enlevé au Ciel et nommé gardien de tous les trésors célestes. Chef des archanges, Énoch est le préposé au Trône divin, à qui sont révélés tous les secrets et mystères. Il est identifié à Métatron, l’ange qui communique la Parole divine. Dans les ouvrages de mystique juive, il est celui qui communique la « révélation » à Moïse.

Énoch joue un rôle majeur dans la légende du treizième degré du R.E.A.A. :

LE ROI HIRAM
La voûte sacrée était située sous le sanctuaire du Temple ; elle avait été creusée par Énoch avant le Déluge. Selon la légende, le Grand Architecte de l’Univers était apparu en vision à Énoch et l’avait transporté au sommet d’une montagne qui s’élevait jusqu’aux cieux. Là, il lui montra son Vrai Nom gravé sur une plaque d’or et lui enseigna la façon de le prononcer. Puis, Énoch se sentit emporté, il descendit verticalement à travers neuf voûtes souterraines creusées les unes sous les autres. Dans la plus basse, il vit une plaque d’or semblable portant les mêmes caractères : c’était le Nom Ineffable que Dieu lui ordonna de ne jamais prononcer.

Énoch creusa neuf voûtes superposées identiques à sa vision. Il réalisa ensuite une plaque d’or triangulaire enrichie des gemmes les plus précieuses et la scella sur une pierre d’agate taillée et polie.
Ayant transporté son ouvrage sous la Neuvième Arche, la plus profonde, il grava sur la plaque d’or les lettres que le Grand Architecte de l’Univers lui avait montrées.

Les neuf voûtes terminées et closes, personne ne pouvait y pénétrer. Seul Énoch savait le précieux trésor que recelaient ces arches. La véritable prononciation du Grand Nom fut perdue jusqu’au moment où Dieu la communiqua de nouveau à Moïse sur le Mont Sinaï.

La tradition du Temple d’Énoch s’est transmise à travers les âges bien que l’édifice fût depuis longtemps tombé en ruines. De nombreuses générations se succédèrent avant que Salomon, réalisant le dessein du Grand Architecte de l’Univers, fît construire le Temple de Jérusalem sur son emplacement.

Après la mort d’Hiram, Salomon, fidèle au serment qu’il avait fait avec lui et avec le Roi de Tyr, condamna la trappe conduisant à la Voûte sacrée, située dans le sanctuaire du Temple.

Voir aussi notre liste de planches au 13ème degré

L’étymologie d’Énoch évoque une « initiation », une « inauguration » ou une « dédicace » (même source que Hanoucca, fête juive en souvenir de l’inauguration du Second temple), ce qui est précisément le thème de ce degré.

En effet, Hiram de Tyr envoie Johaben, Stolkin et Guibulum fouiller les gravats afin de découvrir les objets précieux de la Connaissance qui permettront au Temple d’être consacré. En l’occurrence, il s’agit de la plaque d’or triangulaire scellée sur une pierre d’agate, sur laquelle les lettres du Nom ineffable ont été gravées par Énoch.

Énoch est donc celui qui, le premier, a acquis la Connaissance. Or c’est cette Connaissance qui permettra de rétablir le lien avec Dieu et donc de dédier le Temple.

Preuve de son niveau de Connaissance, dans l’Islam Énoch est assimilé au prophète Idris, lui-même identifié à Hermès Trismégiste, à l’origine des constructions des pyramides et fondateur de l’alchimie spirituelle.

Ainsi, dans la tradition hébraïque et islamique, Énoch est l’initié qui a fondé l’initiation :

  • initié par Dieu lui-même, puisque Dieu l’a retiré du monde pour le prendre à ses côtés,
  • fondateur de l’initiation, parce qu’Énoch a laissé une trace de sa Connaissance à travers les écrits qui lui sont attribués, et parce qu’il est le premier d’une lignée d’initiés divins.

Plus précisément, dans les livres d’Énoch, le patriarche dit avoir été initié aux secrets par l’intermédiaire de l’ange Mikaël. Énoch devient ensuite l’archange Métatron, nom qui signifie « assistant du Trône ».

Après Énoch, Dieu initie Abraham (Genèse 14, 19), Melchisédech, Salomon, Elie et même, pourrait-on dire, Jésus. Melchisédech et Jésus sont par exemple qualifiés de « grands prêtres pour l’éternité » (Lettre aux Hébreux 5, 6).

Une chaine d’initiation est donc créée par la volonté de Dieu. Symboliquement, en tant que Chevaliers de Royal-Arche, nous sommes les derniers représentants de cette longue chaine.

Remarque : dans la Légende des Trois Mages, Enoch est appelé « l’Initié initiant ».

Etre initié au grade de Chevalier de Royal-Arche, c’est comprendre comment Énoch a lui-même été initié, et donc savoir interpréter ses voyages.

Dans la légende du grade, le patriarche est d’abord élevé en haut d’une montagne qui s’élève jusqu’au Ciel ; c’est là que Dieu lui montre son Nom gravé sur une plaque d’or et lui enseigne la façon de le prononcer. Puis Énoch se voit descendre verticalement à travers neuf voûtes souterraines ; dans la dernière, il aperçoit la même plaque d’or.

Énoch décide ensuite de reproduire un ouvrage identique à sa vision, donc conforme au plan de Dieu : un Temple souterrain doté de neuf voûtes.

A l’évidence, le voyage d’Énoch jusqu’au sommet de la montagne évoque la porte du Ciel, l’accès au royaume de l’Esprit. La montagne, matérielle, s’élève pour se spiritualiser ; elle rappelle le symbole de la pierre cubique à pointe, signe du travail sur soi achevé. La materia prima chaotique a percé son propre secret, elle a trouvé son centre et son sens : elle s’est transcendée.

Le sommet de la montagne réconcilie le bas et le haut : la lourde matière s’étire vers ce qu’il y a de plus noble. La montagne se fait delta ou pyramide… Énoch ne maîtrise-t-il pas l’art de la construction des pyramides selon la tradition islamique ?

Enfin, la montagne elle-même fait office d’escalier ou d’échelle, une échelle dont les neuf voûtes peuvent représenter les différents barreaux.

La plongée à travers les neuf voûtes est le pendant de l’élévation vers le Ciel. En effet, nulle élévation possible sans approfondissement : la montagne ne peut s’élever que par la traversée d’elle-même. Autrement dit, par son voyage intérieur, l’initié a bâti extérieurement l’être qu’il est.

On ne s’étonnera pas alors, de la proximité avec le contenu de la Table d’Emeraude :

Il monte de la terre au ciel, et derechef il descend en terre, et il reçoit la force des choses supérieures et inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde ; et pour cela toute obscurité s’enfuira de toi. 

Citons aussi cette référence à Jésus :

Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel.
Jean 3, 13

Homme primordial autant qu’homme accompli, Énoch est l’archétype de l’initié aux mystères divins. Elevé jusqu’à Dieu, il est qualifié de « pur », de « juste », et en ce sens il retrouve la perfection adamique qui avait été perdue.

De fait, il est le bâtisseur du premier Temple de Dieu, un temple souterrain qui permet l’accès à la source cachée de toute chose, et dont le sommet constitue la pierre de fondation du Temple de Salomon, qui peut aussi correspondre au Dôme du Rocher sur l’actuelle esplanade des Mosquées, à Jérusalem.

Ainsi, Énoch fonde une chaine d’initiés dont Salomon, Hiram de Tyr, Hiram Abi et tous les Chevaliers de Royal-Arche sont les héritiers et les continuateurs. Guibulum découvre lui-aussi sa véritable nature au centre de l’endroit le plus sacré de la terre.

Notons enfin qu’Enoch n’a pas le droit de prononcer le Nom ineffable (car ce serait remplacer Dieu), bien que Dieu lui ait montré la manière de l’exprimer. Ceci constitue un garde-fou : nous sommes certes le reflet de Dieu, mais nous ne sommes pas Dieu…

Modif. le 5 octobre 2024

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