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L’ego en spiritualité : vers le dépassement du « moi »

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L’ego en spiritualité : définition. Qu’est-ce que l’ego au sens spirituel ? Comment fonctionne-t-il ? Comment dépasser son ego ?

L’ego est une notion essentielle en psychologie : c’est le sujet qui se pense lui-même. Mais cette notion a aussi une résonnance philosophique et spirituelle ; en effet, percer le fonctionnement de l’ego permet de répondre à des questions plus larges, existentielles voire métaphysiques.

En réalité, la question de l’ego est centrale : elle est au coeur de la connaissance de soi. « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux », voilà une maxime ancienne qui promet bien des découvertes…

Mais il est difficile de comprendre et d’approcher l’ego, tout simplement parce que nous manquons de recul ; en effet, seul l’ego peut se questionner sur l’ego. Dès lors, comment porter un jugement objectif sur soi-même ?

L’ego (le « moi », le « je ») est au centre de nos vies : c’est notre identité, le fondement de notre existence. L’ego ramène tout à lui, et ne laisse que peu de place aux autres aspects de notre réalité. Pourtant, la quête spirituelle nous conduit à déceler autre chose en nous que l’ego. Nous nous apercevons alors qu’au-delà des illusions causées par cette instance, il existe une autre manière d’exister, qui a en réalité toujours été là.

Voici une tentative de définition de l’ego en spiritualité.

En psychologie, l’ego est la personne telle qu’elle se voit et se pense dans son rapport aux autres et au monde. L’ego est indissociable de la conscience, laquelle fonctionne comme un miroir : nous constatons notre présence, nous nous voyons exister et agir, ce qui génère un retour sur nous-même, un jugement et une tentative de corriger et d’améliorer notre comportement.

Autrement dit, l’ego est une instance psychique qui nous permet d’analyser, de réfléchir, de nous positionner, d’agir et de réagir.

Or cette instance psychique véhicule une vision très centrée de nous-même : l’ego pense avoir toute latitude pour agir, tout pouvoir, toute responsabilité sur notre existence.

Pourtant, l’ego n’est qu’une instance, qu’un outil, qu’une composante de notre être. Beaucoup d’êtres vivants se passent de l’ego, c’est le cas des plantes, des insectes, des autres animaux… L’ego n’est donc qu’un outil de plus, un outil censé faire de l’homme un animal plus « intelligent », c’est-à-dire plus astucieux, mieux armé que les autres animaux.

En réalité, bien d’autres instances interviennent dans notre fonctionnement, à rebours de l’idée selon laquelle nous serions absolument maîtres de nous-mêmes. D’autres forces agissent en nous, c’est ainsi que nous pouvons conduire en pensant à autre chose, que nous faisons du vélo sans réfléchir à notre équilibre, que nous digérons sans en donner l’ordre à notre estomac, que nous nous endormons sans le décider, que nous respirons sans en avoir conscience, etc.

Même nos pensées sont pour la plupart subies : elles surgissent spontanément de notre subconscient, guidées par nos instincts, nos peurs, nos habitudes, nos automatismes. Notre ego ne fait que composer avec ces idées, idées qu’il doit s’efforcer de concilier pour éviter une trop grande souffrance.

Ces pensées, ces élans, ces actions automatiques constituent la majeure partie de notre vie, ce qui conduit à relativiser la capacité de l’ego à agir par lui-même, de manière autonome.

L’ego doit être rapproché de la notion d’intelligence. En effet, un ego performant permettra une réflexion et une action efficaces, adaptées, voire novatrices.

Pourtant, l’ego peut parfois générer stress et blocage. Par la récursivité qu’il impose, il crée toujours plus d’interrogations sur nous-mêmes, toujours plus d’angoisse et de responsabilités. Il gêne alors notre existence, nous empêche d’avancer, nous dévalorise, nous culpabilise…

Dans certaines situations, un animal pourra même réagir de manière plus adaptée qu’un être humain, parce que plus spontanée, plus instinctive.

D’autre part, il faut relativiser la notion d’intelligence liée à l’ego. Certes, l’intelligence humaine semble supérieure à celle des autres êtres vivants, pourtant elle génère plus de conflits, plus de guerres et de catastrophes. Il n’est pas dit que la capacité de l’homme à dominer durablement la planète soit supérieure à celle des insectes…

L’ego comporte un autre inconvénient majeur : il déforme la réalité à notre insu, il crée un monde particulier qui nous coupe des autres et de notre environnement.

Il nous maintient dans des croyances et des illusions fondées sur une existence auto-centrée, ce qui là encore limite nos performances. Car en nous empêchant de penser globalement, l’ego compromet notre avenir. Il amène en effet chacun à faire passer ses intérêts et sa survie avant toute chose, un comportement qui conduit l’humanité à une impasse sociale et écologique…

L’ego pourrait être défini comme ce qui crée notre sentiment d’individualité. Ce sentiment est une illusion car l’analyse conduit à réaliser que nous sommes des êtres totalement connectés aux autres et à notre environnement. De fait, notre survie dépend de nos semblables et de tout ce qui nous entoure, à commencer par l’air que nous respirons.

Mais précisément, cette analyse est rendue possible par l’ego : c’est l’effort de réflexion produit par celui qui cherche la vérité. L’ego est donc capable de se dépasser lui-même, de se transcender, permettant ainsi l’entrée dans le domaine de la philosophie et de la spiritualité.

L’ego est donc ce qui nous a éloigné de la vérité et en même temps ce qui peut nous permettre d’y revenir : un paradoxe qui fonde la démarche spirituelle, comme un retour à ce qui aurait été perdu.

L’ego se voit central et omnipotent, pourtant il n’est qu’une instance parmi d’autres, un outil qui n’est d’ailleurs pas toujours gage de performance, et encore moins de bonheur.

Le cherchant tente de voir au-delà de son ego et de cerner les autres forces qui l’animent. Parmi ces forces, il y a une foule d’influences et de déterminismes dont nous n’avons même pas conscience et qui sont pourtant fondamentaux. En effet, au-delà de l’illusion de l’ego, nous sommes composés d’une infinité de causes, dans une perpétuelle chaine causale dont les effets englobent la totalité du cosmos. C’est ainsi que se révèle mon identité réelle : je ne suis pas un individu coupé du monde, mais un reflet du Tout, pris dans le Tout.

Il conviendra donc de remettre l’ego à sa juste place, tout en l’utilisant comme un levier nous permettant de revenir à la Source, ici synonyme de Vérité.

Au final, nous sommes bien autre chose que l’ego. Nous « sommes agis » plus que nous agissons. Réaliser cela permet de quitter le domaine des illusions pour entrer dans celui de la spiritualité, quittant notre « moi » pour marcher vers le « Soi ».

Pour aller plus loin sur l’ego en spiritualité :

Couverture les Essentiels de la Spiritualité Adrien Choeur

Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?

Ce livre numérique pdf (216 pages) aborde les notions essentielles de la spiritualité à travers 65 textes

Modif. le 22 septembre 2024

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