L’effet papillon : définition scientifique et métaphysique. Qu’est-ce que l’effet papillon ? Comment l’appréhender ? Est-ce une loi universelle ?
L’effet papillon constitue le point de départ de la théorie du chaos en ce sens qu’il pointe la très forte sensibilité aux conditions initiales dans un enchaînement dynamique de causes et de conséquences.
Concrètement, cette théorie dit qu’une variation infime des conditions initiales est susceptible d’entraîner des résultats très divers et imprévisibles sur le long terme. Par conséquent, il devient quasiment impossible de prédire l’évolution d’un système, qui peut de ce fait être qualifié de chaotique.
Remarque : La théorie du chaos est née à la fin du XIXème siècle, développée par Henri Poincaré et Jacques Hadamard. Notons que cette théorie est déterministe : elle ne fait pas appel au hasard. Elle dit simplement qu’une cause infime peut enclencher un effet hors de proportion, avec un potentiel de divergence exponentiel.
L’effet papillon est souvent cité en météorologie. C’est d’ailleurs le météorologue Edward Lorenz qui a introduit cette métaphore en 1972, en intitulant une de ses conférences : Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ?
Ainsi, la moindre interférence au sein d’un système causal pourrait lui donner une trajectoire totalement différente et très éloignée de celle initialement prévue.
Dans une perspective morale, cela implique que la moindre de nos actions ou de nos erreurs pourrait avoir des conséquences extrêmement importantes et non-maîtrisables.
Or il se trouve que la théorie de l’effet papillon ne résiste pas à l’expérience. En effet, sur le plan philosophique et métaphysique, l’effet papillon est difficile à défendre tant il semble s’éloigner des lois cosmiques fondamentales : équilibre, correspondance, harmonie, unité.
Tentons d’aborder l’effet papillon sur le plan métaphysique et d’en faire la critique.
L’effet papillon : une approche métaphysique critique
La théorie de l’effet papillon montre qu’une variation infime des causes peut avoir des conséquences potentiellement démesurées. Or cette affirmation se heurte au bon sens. Dans les faits, tout déséquilibre naturel semble annoncer un rééquilibrage futur.
L’effet papillon et la causalité
L’effet papillon repose sur le postulat d’une causalité déterministe, c’est-à-dire d’un enchaînement logique de causes et de conséquences. Dans cette perspective, une conjonction de causes particulière pourrait entraîner des conséquences inédites.
Pourtant, la causalité peut aussi être vue comme :
- circulaire, dans le sens d’un éternel retour et d’une correspondance entre causes et conséquences,
- ou symétrique, dans le sens d’un lien réciproque et quasi-simultané entre cause et conséquence.
Dans ce dernier cas, la conséquence est le simple pendant de la cause ; chaque événement donne naissance à son équivalent opposé comme pour le contrebalancer. On a là une égalité de principe entre cause et conséquence.
Ces approches sont en contradiction avec la théorie de l’effet papillon et l’idée que la conséquence pourrait totalement surpasser la cause en force et en nature.
Unité et cohérence
De manière plus générale, l’effet papillon semble incompatible avec le principe d’unité du cosmos.
Selon ce principe (jugé fondamental dans nombre de courants philosophiques, spirituels ou religieux), l’univers forme un tout stable et cohérent. Dans cette perspective, on ne peut imaginer qu’une cause infime puisse à elle seule remettre en question la direction et le fonctionnement global du monde.
Même s’il est vrai que chaque événement génère des conséquences spécifiques, l’unité du cosmos fait que ces micro-phénomènes sont noyés dans le flux cosmique : leurs effets sont au final unifiés, harmonisés.
Un battement d’ailes de papillon ne pourra donc pas à lui seul déclencher une tornade, puisqu’une tornade est le résultat d’une infinité de causes (une infinité de battements d’ailes de papillons allant dans des sens différents, et bien d’autres causes) dont la somme produit un phénomène logique, prévisible pour celui qui sait observer et comprendre le Tout.
L’effet papillon et la vie
Interdépendance, solidarité des éléments composant le Tout, équilibre, cohérence d’ensemble : autant de principes métaphysiques qui contredisent l’effet papillon.
Au quotidien, le cosmos nous montre cette tendance à l’ordre et à l’équilibre, par exemple à travers la loi des cycles ou les autres lois naturelles. Dans la Nature, chaque dérèglement annonce un rééquilibrage futur.
Cette tendance à l’équilibre fonde aussi la vie, mystérieux phénomène d’adaptation qui tend à cultiver la voie du milieu, loin des excès.
En tant qu’êtres humains, nous savons l’importance de respecter cet équilibre : nos transgressions sont suivies de revers, notre empressement est contre-productif, nos ambitions sont souvent déçues. Nos actions sont toujours contrebalancées et rien ne se fait sans persévérance.
Nous sommes pris dans un rythme et un ordre à respecter : c’est ainsi que nous avançons dans le tunnel du destin.
L’effet papillon, l’ordre et la chaos
On l’a vu, l’idée d’une tendance au chaos ne résiste pas à l’analyse. Mais la théorie de l’effet papillon est peut-être le résultat d’un malentendu.
En réalité, son découvreur Edward Lorenz n’a jamais cru qu’un battement d’ailes de papillon au Brésil pouvait provoquer une tornade au Texas ; il n’a fait que poser la question.
Dans ses recherches, Lorenz montre que l’effet papillon est sous-tendu par un certain ordre. Certes, les trajectoires partant de conditions initiales proches divergent de manière exponentielle, mais on constate qu’elles ont tendance à se répéter toujours de la même manière, sans toutefois se recouper exactement.
Les modélisations informatiques décrivent alors une double spirale formée par ces différentes trajectoires, ce qui évoque la forme de deux ailes de papillon.
Cette tendance des trajectoires à se reformer toujours sur le même modèle est appelée « attracteur étrange » ; elle montre qu’un nouvel ordre surgit du désordre.
Ainsi, l’effet papillon doit être mis en perspective avec les grandes lois qui décrivent l’unité et la cohérence du cosmos. La théorie du chaos révèle une sorte de structure sous-jacente : en quelque sorte, un ordre caché dans le désordre apparent.
Lire aussi notre article sur l’ordre et le chaos
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Modif. le 5 mai 2024